Travaux de l’Arche : Quel avenir pour le musée ?

Les 600 mètres carrés de la pièce d'exposition principale pourront être réaménagés pour y agencer les collections du musée.
Les travaux du musée de l’Arche n’ont toujours pas commencé plus de dix mois après sa fermeture. Si ses équipes s’activent en coulisses pour lui offrir une nouvelle vie, son nouveau visage reste encore à définir. Les portes du bâtiment resteront fermées au public pendant plusieurs années.

Le musée de l’Arche célèbre cette année son 25ème anniversaire… sans visiteurs. 

C’est d’ailleurs la première fois depuis son inauguration en 1999 que ses collections ne sont pas visibles durant la saison estivale.

L'escalier du musée n'a pas vu passer de touristes cet été. Les expositions ont été démontées à l'automne dernier.

Des travaux qui n'ont toujours pas débuté

À l'origine de cette fermeture, le besoin de prendre soin d'un bâtiment vieillissant régulièrement en proie à des problèmes d'infiltration d'eau. Côté travaux, l'édifice nécessite des interventions tant sur sa toiture ou ses fenêtres que sur son système de ventilation, de chauffage, voire même ses accès.

Pourtant, aucun chantier n'a débuté et aucun appel d'offres n'a même encore été publié à ce jour par l'équipe du Conseil territorial qui souhaite "en profiter pour tout remettre à plat", selon les mots de Yannick Abraham.

Le vice-président de la Collectivité, en charge du dossier, souhaite aller beaucoup plus loin, "en repensant toute la muséographie" du bâtiment, avec l'aide d'un cabinet d'urbanisme (agence 360).

Une réflexion précipitée par la restauration programmée de l'un des fleurons du plus grand musée de l'archipel.

La toile de Gaston Roullet devait être traitée, ça ne pouvait pas attendre

Yannick Abraham - Vice-président du Conseil territorial

Á la fin de l'année 2023, la célèbre toile de Gaston Roullet avait déjà été enroulée, puis sécurisée dans un caisson sur mesure, pour être conservée le temps des travaux dans le bâtiment.

Tout a commencé par la toile de Gaston Roullet

En octobre dernier, le musée annonçait sa fermeture pour notamment permettre la restauration de sa toile monumentale.

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Installée à l'Arche depuis un quart de siècle, elle dominait l'exposition permanente avec ses 11 mètres de large, ses 6 mètres de haut et ses 120 kilos, voire même 300 avec son cadre.

Mais cet événement fut surtout en coulisses le point de départ du plus grand chantier de l'histoire du musée.

Son équipe allait devoir démonter son exposition permanente pour vider la salle principale avant de procéder ensuite à un inventaire minutieux des milliers de pièces qui composent ses collections.

C’est aussi exaltant de se dire que l’on peut tout repenser, avec plein d’idées, plein d’envie !

Laurianne Detcheverry - Responsable du musée de l'Arche

Laurianne Detcheverry, la responsable du musée de l’Arche, devant les toutes dernières pièces encore visibles à l'étage du bâtiment.

Un Musée qui se vide de ses collections pour réfléchir à son avenir

"Ces travaux, je les vois comme une opportunité", nous dit d'entrée la responsable du musée. Comme ses collègues, Laurianne Detcheverry ne s'est pas croisée les bras depuis le départ des visiteurs il y a dix mois.

"Ce temps a été mis à profit pour tout inventorier sereinement et mieux connaître nos collections, afin de repenser complètement tout le contenu du musée", nous dit-elle, visiblement stimulée par ce travail de réflexion mené aux côtés d'un cabinet spécialisé en muséographie.

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Elle le compare à celui mené dans les années 90 pour permettre l'ouverture de l'Arche, ou plus récemment à celui mené à Miquelon avant l'ouverture de la Maison de la nature et de l’environnement.

Qu’est-ce qu’on veut y mettre ? Qu’est-ce qu’on veut y dire ? C'est important de pouvoir se poser ces questions sereinement.

Laurianne Detcheverry - Responsable du Musée de l'Arche

 

Les collections sont entreposées dans des salles de conservation .
Toutes les pièces du musée sont minutieusement répertoriées et classées

Combien de temps les visiteurs devront-ils encore patienter ?

Si Laurianne Detcheverry regrette le départ du public, elle insiste sur la "nécessité de se renouveler pour faire du travail de qualité". En d'autres termes, quitte à engager d'importants travaux, autant en profiter pour optimiser un espace qui permettra demain de faire vivre l'Histoire locale autrement.

"Mais c'est un processus qui prend du temps", confie-t-elle, en évoquant "plusieurs années de fermeture avant d’ouvrir dans une nouvelle formule".

Du côté des élus, Yannick Abraham évoque, lui, "un chantier de réfection qui devrait durer entre 3 et 4 ans". Mais à partir de quand ? Car pour le moment aucun calendrier n'est avancé. "On travaille dessus et on devrait en apprendre davantage très vite", nous dit-il, en évoquant de nouvelles réunions programmées cette semaine avec les experts de l'agence 360.

Les visiteurs et les touristes devront se passer pour "quelques années" du seul site qui dispose dans l'archipel du label "Musée de France".

Si le bâtiment n'est pas accessible, hormis pour ses archives toujours ouvertes, le vice-président de la Collectivité nous dit prévoir "des projets d'animation et des expositions extérieures pour permettre la  continuité de l'offre culturelle".

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Enfin, quant au coût de ce projet, il serait encore trop tôt pour avancer un chiffre nous dit-on. Lors de la dernière réunion de l'Observatoire de la commande publique, la somme de 10 millions d'euros avait tout de même été évoquée pour ce projet, concernant la période 2026-2027.