Une nouvelle affaire d'injures sur les réseaux sociaux devant le tribunal de Saint-Pierre-et-Miquelon

Ce mardi matin au tribunal correctionnel de Saint-Pierre-et-Miquelon, deux prévenus, un père et son fils, comparaissaient pour injures sur les réseaux sociaux. En février déjà, deux individus étaient jugés pour avoir insulté le représentant de l’état sur Facebook.
 

«J’ai été choquée moi-même par cette violence verbale qui n’épargne pas l’archipel »

Isabelle Arnal, procureure de la République

 

Ce sont presque les mêmes faits et le même contexte : la crise sanitaire et des commentaires impulsifs en réaction aux publications de la préfecture. Il s’agit cette fois-ci de réactions à un communiqué sur l’indice des prix Covid. Une conversation sur Facebook entre un père et son fils a dégénéré en un propos grossier et public.

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L’ancien préfet Thierry Devimeux est une nouvelle fois la cible de ces messages. Sur un écran allumé pour l’occasion dans la salle d’audience, il s’exprime par visio-conférence depuis l’Ardèche où il a récemment pris ses nouvelles fonctions. Mais cette fois ci, il est accompagné de sa femme, et cette affaire d’injures à un représentant de l’état prend une autre dimension. Les deux époux se sont portés partie civile.
 

"Je me suis sentie agressée dans mon sexe, dans mon genre, dans mon âge [ …] J’ai souffert d’entrer dans des lieux publics et de percevoir des sourires narquois »

Maria Devimeux


Maria Devimeux, masquée, assise à côté de son mari à une table de salle de réunion, ne cache pas sa blessure. Le message incriminé est lu et relu à l’audience. Les mots blessants et les métaphores conchylicoles que propagent d’ordinaire les rires gras prennent une étrange résonnance, répétés par les magistrats dans la solennité du moment. Thierry et Maria Devimeux se sont portés partie civile et demandent une réparation financière de plusieurs milliers d’euros. L’épouse de l’ancien préfet veut verser cet argent à une association de lutte contre la violence faite aux femmes.

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L’avocat des prévenus est également en visio-conférence, il plaide la relaxe de ses clients. Le son de la transmission n’est pas très bon dans la salle d’audience. L’argument général est complexe mais pour maitre de la Foata, l’épouse du préfet n’était pas visée par ce message. Il évoque une conversation sur la consommation des primeurs en lien avec l’indice des prix Covid. Quant au fils, il déclare qu’il ne savait pas que le préfet était marié. Le père, lui n'avait pas compris que son compte Facebook était public et, curieusement, à la fin de l’audience, il tiendra à apporter une précision sur la consommation de coquillages à Saint-Pierre, comme pour signifier que les mots employés ne se rapportaient pas à la victime.

Des passages qui pourraient presque faire sourire si la justice n’était pas très vigilante sur ce type d'infractions qui se multiplient sur les réseaux sociaux dont le fonctionnement semble parfois exacerbé à Saint-Pierre et Miquelon.

« À Saint-Pierre-et-Miquelon, il y a des attitudes malsaines pour utiliser Facebook et dire n’importe quoi »

Thierry Devimeux ancien préfet de l’archipel

 

Les réseaux sociaux ne sont pas un domaine en matière d’injures ou de diffamation qui échappent à la loi. Dans cette affaire, le père qui laissé sur sa page Facebook un message écrit par son fils est tout aussi responsable. Il est considéré comme l’auteur principal des faits et son fils comme complice. Comme dans la presse, il y a "des directeurs de publication et des journalistes". C’est ce qu’a souligné la procureure de la République qui a requit 3000 euros d’amende à l’encontre des deux prévenus. Le jugement de cette affaire a été mis en délibéré au 9 mars.