Une vie qui bascule, un accident de voiture qui reste inexpliqué

La voiture avait percuté l'entrée du centre commercial, blessant une cliente grièvement.
Une affaire de blessures involontaires était examinée ce mardi 25 février devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre. Les faits remontent à l'été précèdent. Une voiture s’encastrait dans les portes du supermarché Marcel-Dagort. La violence du choc faisait une blessée grave.

C’est un de ces moments où tout bascule. C'est un samedi matin, le week-end du Dunefest, Saint-Pierre est calme. Au supermarché, une septuagénaire s’apprête à faire tranquillement ses courses, son mari l’attend dans la voiture.

Brutalement, un véhicule de type SUV traverse les portes d’entrée du magasin, la dame âgée est percutée de plein fouet.

Quand les gendarmes arrivent, la victime est coincée entre la voiture et un battant de porte, la conductrice est sous le choc, prostrée.

Il y aura pour vous un avant et un après le 3 août 2024

Yves Couroux, le procureur de la République s'adressant à la victime.

La victime est évacuée à Saint-Jean de Terre-Neuve, son pronostic vital est engagé.

Après plusieurs évacuations sanitaires et de lourdes opérations, elle va mieux mais restera gravement handicapée. C’est appuyée à une canne qu’elle s’avance à la barre :

"Ma vie a basculé. Avant je marchais deux fois par jour, j’ai une plaque au niveau de l’œil, je dois monter les escaliers marche par marche, je ne peux pas embarquer dans ma baignoire, la nuit je ne dors pas."

Les causes de ce terrible accident restent un mystère. Le véhicule n’avait aucun problème technique, la conductrice n’était sous l’empire d’aucune substance; c’est une jeune retraitée qui n’a aucun antécédent judiciaire, elle n’a jamais eu d’accident de voiture.

On a deux destins, deux vies, deux familles marqués par quelque chose qui aurait pu arriver à n’importe qui.

Maître Jade Reux, avocate de la défense

"C'est la seule qui aurait pu dire ce qui s’est passé", souligne le procureur de la République, mais la prévenue ne se souvient de rien. C'est le trou noir !

"Je me rappelle monter sur le parking, mais je ne me souviens pas me garer", déclare-t-elle. Pour elle, cela reste une énigme : "Je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé".

La victime aussi souffre d’amnésie.

Je rentre chez Dagort, je me réveille une semaine après à Saint-Jean, on me dit que j’ai eu un grave accident.

La victime

Ce qui semble certain, c’est la vitesse excessive du véhicule. Deux témoignages en attestent, ainsi que la caméra de vidéo surveillance du magasin.

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Pour l’avocate de la défense, l’hypothèse la plus probable est celle d’une inversion entre la pédale de l’accélérateur et celle du frein.

Ce qui frappe à l’audience, c’est la dignité de la victime et de sa famille. Son mari et son fils sont venus témoigner et la soutenir au tribunal. Ils sont traumatisés eux aussi.

Vous n’êtes pas dans la vindicte, dans la revanche, dans la rancœur […] ce qui est le cas de beaucoup de victimes. Votre dignité vous honore.

Yves Couroux procureur de la République

La vie de la victime très active avant cet accident ne sera plus jamais la même, celle de sa famille non plus, mais lorsqu’elle croise la conductrice au centre de santé, elle lui parle et lui dit qu’elle ne lui en veut pas.

Le procureur a requis six mois d’emprisonnement intégralement assortis d’un sursis simple. Le délibéré sera rendu le 18 mars.