Telesia, Sofia, Valelia: de jeunes Wallisiennes et Futuniennes de Paris affectées par les attentats

Hommage aux victimes des attentats à La Sorbonne
Les attentats qui ont ensanglanté Paris n'auraient pas fait de victime chez les Wallisiens et Futuniens de la capitale et de sa banlieue. En revanche, la communauté a été affectée par la perte de proches ou d'amis.
Les Wallisiens et Futuniens de la capitale et de la région parisienne pleurent la mort de proches et d'amis lors des attentats de Paris. La communauté n'aurait pas à déplorer de victimes de ces attaques.

Telesia Moefana était chez elle, dans la soirée du vendredi 13 novembre, lorsque, dit-elle: "j'ai entendu du bruit, j'ai été choquée, je me suis dit que des jeunes étaient peut-être en train de jouer avec des pétards puis j'ai entendu des coups de mitraillette en continu".

Cette secrétaire médicale dans un cabinet privé habite le 10ème arrondissement, à deux pas du restaurant du "Petit Cambodge" où a eu lieu l'un des principaux carnages de cette soirée sanglante: entre son immeuble et ce lieu de restauration il y a, précise-t-elle, "la même distance qu'entre le Palais royal et le présbytère du père Amasio à Mata Utu​".

Terrorisée, la jeune femme s'est dit "je vais mourir" lorsqu'elle a vu "les corps sur le trottoir". Ensuite elle n'en a "pas dormi de la nuit. Ca m'a choquée. Je n'ai pu me lever que pour aller à la messe", se lamente-t-elle. Depuis elle regarde avec tristesse "les gens qui arrivent de partout pour poser des bougies et des fleurs devant le restaurant".

Arrivée à Paris il y a un an, Telesia Moefana souhaite désormais retourner dans le sud de la France où elle a vécu avant de débarquer dans la capitale.

Les Wallisiens et Futuniens ne sont pas des habitués des 10ème et 11ème arrondissement et de leurs lieux de fêtes branchées, "ils préfèrent d'autres coins de Paris où se retrouvent les gens du Pacifique autour de cafés australiens ou néo-zélandais​" selon Sapa Lavelua, président de la Fédération des associations de Wallis et Futuna en France.


La Marseillaise entonnée par les jeunes Wallisiennes et Futuniennes


Rude installation également pour Sofia Akilano et Valelia Tafilagi, qui n'habitent la région parisienne que depuis cet automne pour entamer leurs études universitaires en Lettres modernes, Valelia à La Sorbonne et Sofia à Paris-Est-Marne-la-Vallée.

"Je ne m'attendais pas du tout à ça, je ressens de la peur" affirme aujourd'hui Sofia durement touchée par la mort au Bataclan du directeur de son IUT, Nicolas Classeau, 40 ans, père de trois enfants et surtout de son professeur de géographie, Matthieu Giroud, père d'un garçonnet et dont la compagne était enceinte.
Ce bon vivant, amateur de rock, de whisky japonais, de football et de séries TV,  "était notre confident. Il nous a aidé en tout, y compris dans nos difficultés personnelles. Il va me manquer" pleure la jeune fille originaire de Vaitupu dans le nord de Wallis.

La mémoire de ces victimes du Bataclan a été honorée par les étudiants qui se sont rassemblés devant l'Université avec fleurs et bougies pour observer une minute de silence et chanter la Marseillaise.
Sofia, elle, a du mal à reprendre les cours et à faire le trajet, "je ressens le danger partout", dit-elle.

Originaire d'Ahoa dans le centre de Wallis, Valelia Tafilagi est sous le choc de la "surprise". Plusieurs étudiants de La Sorbonne figurent au nombre des victimes (seul a été rendu public le nom de Valentin Ribet, 26 ans, étudiant et avocat parisien). "Ca aurait pu être moi", dit elle comme effrayée à cette idée.

"Je viens juste d'arriver et je connais à peine Paris, je ne m'attendais pas à ça" regrette la jeune fille qui a observé une minute de silence et chanté la Marseillaise en présence du chef de l'Etat, François Hollande, du premier ministre Manuel Valls et de la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, venus dans la cour d'honneur de La Sorbonne pour rendre hommage aux victimes des attentats  au milieu d'un millier de jeunes.

Selon Sapa Lavelua, "la communauté a accusé le coup puis la philosophie océanienne a permis de reprendre le dessus​" et d'ajouter: "on prend les choses comme elles viennent et ça passe".

Selon les estimations du STES, le service territorial des statistiques et études économiques de Wallis et Futuna, 5 000 Wallisiens et Futuniens (originaires pour certains de Nouvelle-Calédonie) vivent en métropole, éparpillés un peu partout en région parisienne et en province.