Au Venezuela, 24 manifestants ont été tués la semaine dernière, lors de manifestations contre la réélection de Nicolas Maduro. Plus de 2000 ont été arrêtés. L’Organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch dénonce ce qu’elle qualifie de "climat de répression".
Au cœur de ces troubles, la proclamation de la victoire du sortant Nicolas Maduro, lors de la présidentielle du 28 juillet dernier, avec 52 % des voix, selon le résultat ratifié par le Conseil national électoral, sans transparence totale.
L'opposition réclame les procès-verbaux de chaque bureau de vote, affirmant que leur candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, a en réalité remporté 67 % des suffrages.
À distance, l'inquiétude
Comment les Vénézuéliens expatriés vivent ces évènements ? Nous avons posé la question à Carlina et Cristina, franco-vénézuélienne qui résident en Guadeloupe. Elles se disent très préoccupées pour leurs proches restés au pays.
Pour Cristina, qui vit dans l’archipel depuis 29 ans, cette élection a été volée. Elle, dont toute la famille vit à Caracas, appelle la communauté internationale à agir, pour en finir avec le régime actuel, qu’elle considère être une "dictature".
Cette dictature continue à bafouer nos droits et nos libertés fondamentales ; ce qui plonge la nation dans une crise politique et économique. On y vit très très mal depuis bientôt 25 ans. Les résultats des élections ne sont qu’une façade d’une mascarade orchestrée pour légitimer un régime corrompu et autoritaire. Donc, c’est très dur pour eux [NDLR : les habitants]
Cristina, franco-vénézuélienne vivant en Guadeloupe
Carlina partage cet avis.
Ce n’est pas une politique, c’est une dictature. C’est quelque chose de presque irréel. On ne peut pas concevoir qu’il y ait autant d’injustice, des choses qui ne sont pas claires. Je pense que le peuple, la majorité, a choisi autre chose que l’actuel président et les voix ne sont pas écoutées, le peuple n’est pas entendu. C’est vrai que c’est frustrant et c’est douloureux.
Carlina, franco-vénézuélienne vivant en Guadeloupe
Cristina estime que se battre contre une dictature, de façon démocratique, cela ne fonctionne pas.
Ce n’est pas en votant qu’on arrive à les faire basculer dans la démocratie ; on coconnaîtoutes les autres dictatures qui ont existé dans les autres pays. C’est en cela que les Nations Unies et les autres Etats peuvent nous aider.
Cristina, franco-vénézuélienne vivant en Guadeloupe
Loin de ses parents et ses sœurs, Carlina est inquiète. Là-bas, la situation économique est critique.
Un salaire moyen c’est environ 30 dollars par mois et une consultation chez le médecin peut coûter entre 50 et 60 dollars. Donc, personne ne peut vivre dans ces conditions. Bien sûr que la situation est difficile ; donc ils se privent de beaucoup de choses pour équilibrer.
Carlina, franco-vénézuélienne vivant en Guadeloupe
Les parents de Cristina descendent dans la rue, pour manifester leur désaccord avec le pouvoir, avec d’autres milliers de manifestants, malgré les répressions.
Ils ont peur, mais ils descendent quand même dans la rue. Ils nous envoient un petit message : "Je suis déjà rentré". Parce qu’on a peur qu’ils se fassent tirer dessus. En deux jours, il y a plus de 1000 personnes qui ont été emprisonnées et qui ne sont jamais rentrées à la maison.
Cristina, franco-vénézuélienne vivant en Guadeloupe
Aujourd’hui, Cristina et Carlina appellent la communauté internationale à agir. Elles estiment que, sans ce soutien, le peuple vénézuélien ne pourra pas sortir de cette crise.