Présidentielle au Venezuela : le candidat de l'opposition ne se rendra pas à la convocation de la cour suprême

Des partisans saluent le candidat à la présidentielle vénézuélienne Edmundo González Urrutia (centre gauche) et la chef de l'opposition Mariana Corina Machado, lors d'un rassemblement électoral à Guatire (Venezuela) - 31/05/2024.
Au Venezuela, les organes de défense des Droits de l’Homme parlent désormais de 24 morts, dans les troubles qui secouent le pays, depuis la proclamation de la victoire de Nicolas Maduro à la présidentielle. Le chef d’Etat réélu pointe du doigt son opposant Edmundo Gonzalez Urrutia, qu’il qualifie de "criminel". Ce candidat déçu est convoqué devant la cour suprême locale aujourd’hui, mais l’intéressé refuse de s’y rendre, craignant pour sa liberté. Pour lui, l’instance juridique est à la botte de Maduro.

Le candidat de l'opposition à l’élection présidentielle vénézuélienne, Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire, a annoncé ce mercredi (7 août 2024) qu'il ne se rendra pas à la convocation du Tribunal suprême. Il y est appelé pour une audience, dans le cadre de la réélection contestée du président Nicolas Maduro. "Si je vais" à la Cour Suprême (...) "je mettrai en danger non seulement ma liberté mais aussi, plus important, la volonté du peuple vénézuélien exprimée le 28 juillet", date du scrutin, écrit-il dans un communiqué publié sur X.

Il n'a pas été vu en public depuis plus d'une semaine, alors qu’il est régulièrement traité de "criminel", par le président Maduro. Ce dernier, proclamé réélu par le Conseil national électoral (CNE), a lancé une procédure devant la Cour suprême (TSJ) pour faire "valider" sa victoire.

"Le citoyen Nicolas Maduro Moros, qui a déposé un prétendu recours devant la Chambre électorale, a déclaré publiquement (...) que si je ne comparais pas, j'encourrais des responsabilités juridiques, et que si je comparais et déposais des copies" des procès-verbaux "il y aurait également de graves responsabilités pénales", explique l’opposant au pouvoir. "S'agit-il d'une procédure impartiale et respectueuse du droit ? Suis-je condamné d'avance ?", demande Edmundo Gonzalez Urrutia, qui était convoqué à 11h aujourd’hui.

Le CNE a ratifié, vendredi dernier, la victoire de Nicolas Maduro, avec 52% des voix, sans toutefois rendre public tous les procès-verbaux des bureaux de vote de l'élection, assurant avoir été victime d'un piratage informatique. Le président de cette instance, Elvis Amoroso, a déclaré avoir remis ces procès-verbaux à la Cour lundi.
Ce sont ces procès-verbaux (avec le décompte bureau par bureau) que réclament l'opposition et une partie de la communauté internationale.

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Selon l'opposition, qui a publié les procès-verbaux qu'elle a obtenus grâce à ses scrutateurs (dont la validité est rejetée par le clan Maduro), le candidat Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec 67% des voix.

Le CNE, tout comme la Cour suprême, est considéré comme aux ordres du pouvoir, par l'opposition, mais aussi par la plupart des observateurs.

Les troubles qui ont suivi la proclamation de la victoire du président sortant ont fait 24 morts, depuis le 28 juillet, selon un bilan actualisé et rendu public, mardi, par des organisations de défense des droits humains, dont la division Amériques de Human Rights Watch (HRW).