TÉMOIGNAGES. Violences, insultes racistes et coups de feu... les car-jackings au Mont-Dore se multiplient

Route du Mont-Dore
Xavier voulait aller voir de la famille au Mont-Dore. Sur la RP1, un individu l'extirpe de sa voiture, ils se battent. Un autre homme tire des coups de fusil dans sa direction. C'est le récit qu'il fait du car-jacking pour lequel il a porté plainte. Des témoignages, il y en a d'autres.

Dimanche 7 juillet, alors que la Calédonie attend les résultats du second tour des élections législatives, le maire du Mont-Dore Eddie Lecourieux, s'exprime concernant 7 vols de voiture avec violences perpétrés dans sa commune le jour même. Les faits de car-jackings sont devenus monnaie courante ces dernières semaines sur la RP1. Le procureur de la République a indiqué qu'une enquête a été diligentée par la brigade de recherches de Nouméa afin d'identifier les auteurs présumés de cette série de car-jackings dont les modes opératoires semblent similaires. Les témoignages se multiplient.

Circuler à ses risques et périls

Samedi 29 mai, Xavier, 53 ans, fait route vers le Mont-Dore pour voir sa fille. Elle y vit avec sa mère. Mais après avoir passé des contrôles de gendarmes, il dit avoir été agressé par l'un des émeutiers qui sévissent dans le secteur de la tribu de Saint-Louis.

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C'est veille d'élections législatives, les récits de car-jackings se multiplient au Mont-Dore mais cela n'empêche pas le quinquagénaire de tenter un passage. Il interroge tout de même les gendarmes sur le barrage à la sortie de Boulari pour savoir s'il est possible de circuler de manière sécuritaire.

La réponse du gendarme raconte Xavier : "Vous pouvez y aller à vos risques et périls". Le militaire lui aurait tout de même précisé qu'aucune agression n'aurait été relevée depuis deux jours. Il passe un autre barrage des forces de l'ordre et le croisement de Saint-Louis. 

Un homme se poste seul devant son véhicule. L'automobiliste s'arrête.

Écoutez le récit de Xavier, recueilli par NC la 1ère. 

Des coups de fusil tirés vers lui

L'homme armé aurait tiré en l'air une première fois pour faire cesser l'altercation entre le conducteur et l'agresseur, Xavier continue de raconter en s'excusant des mots qu'il emploie : "Il m'a dit 'lâche-le, bâtard de blanc, ou je te bute'". Un deuxième coup de feu aurait été tiré "à moins de deux mètres de ma tête" estime-t-il.

On le somme de retirer ses baskets et sa casquette... à la demande de son portable, il refuse et le lance dans les fourrés en bord de route. Xavier estime devoir sa survie à l'arrivée d'un 4X4 blanc sur lequel il s'est précipité et qui a fait demi-tour. 

Ils savent que c'est mal, mais ils ne cherchent pas à savoir le mal qu'ils font aux gens.

Xavier, qui se dit victime de carjacking

Quitter la Calédonie 

Il quitte la Nouvelle-Calédonie dans quelques semaines. "Je ne peux pas rester dans un pays où on ne se sent pas en sécurité." L'homme ne fait plus confiance aux autorités locales et ne comprend pas la stratégie des forces de l'ordre : "J'en veux au Haussaire qui ne donne pas l'autorisation de tirer aux militaires. Beaucoup de gens pensent comme moi."  

Une plainte déposée

Xavier a déposé plainte pour vol aggravé avec menaces de mort et coups et blessures. Les autorités ont fait des prélèvements sous ses ongles puisque l'homme s'est défendu face à son agresseur. 

Comme d'autres qui racontent ce même type d'agressions, il se dit incapable de remonter en voiture, pas même pour se rendre à l'assurance et déclarer le vol de son véhicule. Il ne veut pas prendre les navettes maritimes non plus. On compterait des dizaines de car-jackings ces dernières semaines.

Un cycle sans fin 

Autre témoignage d'ailleurs, celui de Nicolas. Lui se trouvait à Saint-Louis le 31 mai. Hormis un véhicule (dont il apprendra ensuite qu'il a été volé une heure plus tôt) qui fait des toupies sur la route, il parvient à traverser sans encombres. Plus loin, vers le lieu-dit de Roche-Liane, les occupants se seraient saisis violemment de son véhicule qui sera lui aussi utilisé par la suite pour opérer d'autres car-jackings.

Résident depuis 20 ans sur la commune, il n'avait jamais connu ça.

Son récit recueilli par la rédaction de NC la 1ère.

Voyez aussi le reportage de Natacha Lassauce-Cognard et Mirna Kilama

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