Trafic de clandestins : dix passeurs jugés à Fort-de-France

Les arrivées clandestines sont confirmées par les habitants des plages du Prêcheur.
Les prévenus sont accusés d’avoir fait entrer illégalement plusieurs ressortissants haïtiens en Martinique en 2019. Leur procès s’est ouvert ce mercredi matin (15 juin 2022), pour deux jours devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France.

Le réseau de passeurs de clandestins était bien organisé. Un premier groupe se chargeait de récupérer les candidats haïtiens à l’exode. Il les faisait passer par la Dominique puis les débarquait au Prêcheur où un deuxième groupe les réceptionnait ni vus ni connus.

Le réseau opère à partir du 1er janvier 2019 en s’appuyant sur ses dix membres. Ils participent au trafic d’une façon ou d’une autre sur des délais plus ou moins courts : quatre mois pour les uns, sept mois pour d’autres, huit mois pour les piliers.

Le 31 août 2019, c’est le coup d’arrêt. Dix personnes sont interpelées. Une information judiciaire est ouverte après saisine de la Juridiction interrégionale spécialisée de Fort-de-France (Jirs) pour "aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger en France ou dans l'espace Schengen dans des conditions l'exposant à un risque immédiat de mort ou d'infirmité permanente".

Porte d'entrée de la salle d'audience du palais de justice de Fort-de-France.

Les JIRS regroupent des magistrats du parquet et de l’instruction possédant une solide expérience en matière de lutte contre la criminalité organisée et contre la délinquance financière dans des affaires présentant une grande complexité.

Trois ans après le démantèlement du réseau, dix prévenus, Jean Dorvil, Manel, Carvin, Pierre, Luckny, Shun, Kenold, Annitès, Camille et Mélissa comparaissent devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France, où leur procès s’est ouvert ce mercredi matin (15 juin 2022) pour deux jours.

À l’exception de la durée de l’infraction qui leur est reprochée, le chef d’inculpation est le même pour tous. Parmi les dix prévenus se trouve un Martiniquais défendu par maître Camille Célénice. Il s’est retrouvé mêlé à cette affaire, bien involontairement selon son avocat.

Je défends un Martiniquais qui en réalité, comme beaucoup de Martiniquais, a vu des frères haïtiens en difficultés et a eu quelqu’un qui lui a demandé un service et finalement il se retrouve au milieu de cette affaire. Il faut faire la différence entre des gens qui en tirent un profit et des gens qui essaient d’avoir un geste de solidarité.

Maître Camille Célénice

Les juges du tribunal correctionnel de Fort-de-France ont jusqu’à demain (jeudi 15 juin) pour démêler l’écheveau des faits et établir les responsabilités de chacune et chacun des dix membres de ce réseau de passeurs de clandestins, avant de prononcer leur sentence.