Tribune d'opinion : Vinci à Mayotte, une affaire douteuse de cailloux et gros risque de chômage pour 300 personnes

Carrière IBS à Kangani
Voici 4 ans que Vinci fait l’objet d’un feuilleton médiatico-judiciaire qui a du mal à trouver une issue acceptable
Journaliste indépendante, Sitti-Batoule Saïd Ali livre son opinion sur cette affaire.
Devenu propriétaire en 2015, dans des conditions qui demeurent floues, d’une parcelle de 25ha pour une modique somme de 200 milles euros, contre
4 millions proposés par l’actuel locataire, ou 3.5 millions par Lafarge. Du jamais vu, du 80 cents au mètre carré. Une parcelle sur laquelle est exploitée une carrière par la société IBS, locataire depuis 1996. Une décision de justice donne 3 mois au préfet pour expulser IBS.

263 emplois en jeu, 50 sous-traitants en danger soit quelques 1000 bouches à nourrir qui n’auront plus d’ici quelques mois de quoi se mettre sous la dent.
Les salariés d’IBS se disent déterminés, « toutes ces années, trop d’efforts ont été investis et le sont encore, en termes de formation, d’équipement, d’installation aux normes, aménagements techniques, aménagements paysagers du site, reboisement, on y a apporté tout ça. C’est difficile »

Le secteur du BTP ne sera pas épargné par l’arrivée d’un géant, multinationale à la place d’IBS, la holding familiale qui demeure essentiellement un fournisseur de matière première contrairement aux autres acteurs, Colas et notamment Vinci. Tous les secteurs connexes au BTP risquent gros, un duopole va donner le tempo. L’inflation sur un territoire où la vie est déjà trop chère avec un taux de chômage record ne va pas arranger les affaires du 101e département qui est dans un virage juridique peu facile.

En effet, l’application du droit commun depuis janvier 2019, les 35 heures, les conventions collectives, le prélèvement à la source, et j’en passe, sont autant de pressions sur les entreprises qui ne vont rien arranger au climat social malgré les efforts réalisés ces derniers mois sur le territoire en matière de dialogue social.
Avec en toile de fond, la problématique des entrées massives illégales et incessantes, Mayotte reste une poudrière qu’il faut avoir à l’œil mais pas seulement. Il faut anticiper et prévenir les gros conflits qui grondent.

Contactée, la direction d’IBS confirme sa volonté à négocier pour trouver une solution plus humaine, et plus appropriée aux enjeux en question, tout en regrettant cette menace d’expulsion manu-militari. Beaucoup d’espoir reposent sur la médiation de l’Etat.
Du côté de Vinci, le propos reste clair, pas de négociation possible.

Sitti-Batoule Saïd Ali , journaliste indépendante.


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