Le 7 octobre 2023, il y a un an jour pour jour, le Hamas attaquait l'Etat hébreu, faisant plus de 1200 morts et 251 otages du côté israëlien. Une attaque qui avait suscité horreur et inquiétude dans toutes les communautés juives du monde, y compris à La Réunion.
Le reportage de Réunion La 1ère :
Un an après, alors que des commémorations sont organisées dans le monde entier, l'inquiétude est toujours de mise, comme le souligne Annaëlle Goetschel, la présidente de l'Association réunionnaise contre l'antisémitisme et la désinformation (Arcad). Elle raconte la "grande tristesse et la grande angoisse, l'incompréhension" rencontrées par les Juifs de La Réunion. Pour elle, le Hamas a voulu "attaquer un peuple parce que juif et pas autre chose, pour faire du mal psychologiquement en attaquant les plus faibles".
Un vivre-ensemble toujours présent à La Réunion
Mais la présidente de l'Arcad se sent aussi chanceuse d'être sur une île où la communauté juive est encore à l'abri de l'antisémitisme. "On ne peut pas dire que la communauté juive de La Réunion se sente particulièrement en danger ici, il y a encore ce vivre-ensemble, et on dit merci aux Réunionnais pour leur ouverture d'esprit", souligne Annaëlle Goetschel. Bien qu'elle a quand même senti "une différence" depuis le 7 octobre 2023. Elle raconte avoir vu des "affiches ignobles, des tags, des menaces de mort, du boycott contre Israël".
La désinformation pointée du doigt
C'est pourquoi elle tient à mettre en garde contre "la désinformation, les fake news"
"La base de tout cet antisémitisme qui existe dans le monde depuis lors, c'est la désinformation. Et ça dure depuis 2000 ans, ce n'est pas une histoire de fustiger "Bibi" Nethanyahu parce qu'il aurait mal fait un truc ou autre, on nous déteste depuis avant sa naissance, on nous attaque depuis avant sa naissance. Ca n'a rien à voir avec la politique d'Israël, c'est de la détestation du Juif dont on parle, et ce sont les fake news qui l'accompagnent qui sont dangereuses et qui tuent encore aujourd'hui"
Annaëlle Goetschel, présidente de l'Association réunionnaise contre l'antisémitisme et la désinformation
Le président de la communauté juive de La Réunion, Marc Obadia, relève aussi que la communauté juive "n'est pas sous tension à La Réunion". "On a un vivre-ensemble malgré tout encore présent. On a des gens avec certains avis qui vont manifester pour que tout ça s'arrête" observe-t-il.
Libérer les otages pour mettre fin à la guerre
Il regrette la situation un an après l'attaque du Hamas. "Qui aurait pu imaginer au soir du 7 octobre (...), qu'un an après on aurait encore un peu plus de 100 otages encore emprisonnés à Gaza ?", se questionne-t-il.
Pour Marc Obadia, la solution vers la paix se trouve en grande partie dans la libération des otages, et explique être en faveur d'un cessez-le-feu.
"A la minute où l'ensemble des otages israëliens seront libérés et rendus à Israël, il n'y aura plus de guerre, c'est le cessez-le-feu. Si les otages étaient libérés, il n'y aurait plus de guerre à Gaza".
Marc Obadia, président de la communauté juive de La Réunion
Le président de la communauté juive réunionnaise tient enfin à rappeler que le conflit est le fait d'organisations politiques et militaires : "Ce n'est pas contre le Liban ni contre les Palestiniens, c'est contre le Hamas et le Hezbollah, qui sont les chevaliers de la mort contre leur propre peuple".
"Un an après, on est encore en train de prier"
Alors que cette période est censée être celle des célébrations religieuses pour la communauté - fêtes du Nouvel an, de Yom Kippour et de Sim'hat Torah - le rabbin Menahem Mendel Sibony de la synagogue de Saint-Denis regrette lui aussi la tristesse de cet anniversaire.
"Quand on a compris qu'il y avait plus de 200 otages, on pensait que d'ici un mois ou deux on allait trouver des solutions dans la paix, des pourparlers pour que tout le monde soit gagnant. Mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé. Un an après on est encore en train de prier pour que les otages puissent rentrer chez eux, c'est triste"
Rabbin Menahem Mendel Sibony
Une commémoration à la synagogue lundi soir
Ce lundi soir du 7 octobre, une commémoration aura lieu à la synagogue de Saint-Denis. Un "moment de prière et de recueillement pour demander à Dieu de ramener la paix dans le coeur de chacun", explique le rabbin Menahem Mendel Sibony.
"On pensait commémorer les victimes assassinées, mais malheureusement on va aussi prier pour la libération des otages et que la guerre s'arrête", ajoute-t-il.
Pour rappel, un an après l'attaque du Hamas, 101 otages restent retenus dans la bande de Gaza, dont deux Français.