Un nouveau ministre coutumier pour un nouveau roi de Wallis?

Combien de cochons vont être préparés pour la venue du chef de l'Etat ?
Un nouveau ministre coutumier de la santé a été installé dans sa fonction le 30 octobre. Le Fotu'atamai ayant un rôle majeur lors de l'intronisation d'un nouveau souverain à Wallis, cette nomination pourrait être le premier pas dans la résolution de la crise de succession de ce royaume du Pacifique.
Le Fotu'atamai, le nouveau ministre coutumier de la santé de Wallis, Kalolo Hanisi, a été installé dans sa fonction le 30 octobre.
La cérémonie était dirigée par le Mahé Fotuaika, ministre coutumier de l'environnement terrestre et marin et plus haute autorité coutumière depuis le retrait du premier ministre, le Kivalu, en milieu d'année.
Les festivités se sont  déroulées dans le Fale Fono (la maison commune) de Falaleu, le village dont Kalolo Hanisi était jusqu'à présent le chef, le Faua.


Un rôle clé lors de la prochaine intronisation

Désigné par la chefferie du district de Hahake, où se trouve la capitale Mata Utu, le nouveau Fotu'atamai jouera un rôle clé lors de l'intronisation du prochain souverain d'Uvea (l'autre nom de Wallis).

Tant qu'il sera en fonction, Kalolo Hanisi ne sera plus appelé par son nom mais par son titre de Fotu'atamai, fonction toujours attribuée "à des lignées, des clans bien précis qui choisissent en leur sein​" l'élu du moment, précise le Pulu'i'Uvea, le chef coutumier de la police.  
"Je suis le même homme", a déclaré pour sa part le nouveau ministre au sortir de son installation ajoutant: "j'espère que je serai à la hauteur et pourrai donner le maximum de moi-même à la population".

En matière de santé, il fera le lien entre les coutumiers et l'Agence de santé, l'administration et les élus. Symboliquement il veillera à prendre soin du futur roi.

Avec le Fotu'atamai, le gouvernement coutumier est au grand complet avec cinq ministres (un pour le district de Hahake, deux chacun pour Mua et Hihifo). Seul manque à l'appel le premier ministre ( issu traditionnellement de Hahake), le Kalaekivalu. Ce dernier doit-il être désigné avant ou après l'accession au trône d'un nouveau souverain de Wallis, les avis divergent sur la question selon Dismas Heafala, ancien Kivalu des annés 2000.

Le gouvernement ne participera pas à la désignation du futur roi, le Lavelua. Selon Emeni Simete, ancien procureur du territoire, expert en archives coutumières "la décision appartient aux familles royales, les ministres ne sont là que pour avaliser le processus​". 


Dénouement de la crise de succession?

En revanche cette équipe renouvelée peut être l'annonce que la crise de succession va se dénouer prochainement. "On essaye de conduire la pirogue vers ce port là" espère Dismas Heafala.
Le royaume d'Uvéa est sans tête couronnée depuis la déposition de l'ancien roi en septembre 2014.
"On sent que cette situation ne peut plus durer, tout le monde regarde vers les chefs, c'est comme cela que nous avons fait depuis la nuit des temps", souligne l'ex Kivalu.

A cet égard, le nouveau Fotu'atamai va jouer un rôle crucial lors de l'intronisation du prochain souverain. Selon Emeni Simete, qui a oeuvré à la dernière cérémonie en date, le Fotu'atamai annonce le nom du nouveau prétendant au trône et prononce un discours à la symbolique forte sur "l'état de la mer, des étoiles ou de la fôret ".

Il joue le rôle de parent du roi, symboliquement il est même "la mère du souverain"  la personne qui le présente à la chefferie et s'occupe de son trône (une natte en feuille de cocotier).

Une fois la couronne en place, le Fotu'atamai "est toujours présent à ses côtés, notamment lorsqu'il se déplace et comme les autres ministres le conseille au sein du Fau, le conseil restreint du roi", poursuit Emeni Simete.

La vacance à la tête du royaume est devenue une question politique. Pour certains, cette absence de roi ne doit pas empécher les réformes nécessaires au territoire. Pour d'autres au contraire, rien d'essentiel ne pourra se faire sans accession d'un souverain au trône de Wallis.