Un relogement compliqué à la Rénovation Urbaine

Le logement dans la politique de la ville
Elle est la dernière locataire d’un bâtiment qui va être démoli dans le cadre du PDRU de Cayenne. Elle demande à être relogée mais la société immobilière de la Guyane affirme qu’elle n’a plus de bail. Situation embarrassante pour Françoise Martin-Valley à la Rénovation Urbaine.
Ses affaires sont déjà rassemblées dans des cartons prêts pour un déménagement qui n’arrive pas. Françoise Martin-Valley est une locataire du bâtiment X de la Rénovation Urbaine, à Cayenne. Elle attend que la Siguy (Société immobilière de la Guyane) lui attribue un nouveau logement. Cette sexagénaire habite là depuis une trentaine d’années, et y a élevé treize enfants devenus à leur tour locataires dans cette même cité, pour la plupart.
Françoise Martin-Valley est la dernière occupante de ce bâtiment qui doit être démoli car il fait partie du PDRU (Plan de développement et de rénovation urbaine) de la ville de Cayenne. La locataire s’attend à ce que le bailleur la reloge et formule même quelques souhaits. Elle désire être relogée dans le même secteur pour être au plus près de sa famille. Elle habite actuellement un appartement de cinq pièces, et voudrait un nouveau logement d’au moins quatre pièces « Je n’exige rien. J’aimerais juste que mes enfants puissent être à leur aise quand ils viennent chez moi », demande-t-elle.
 

Une demande irrec​evable

Aux yeux du bailleur, la demande de l’habitante de la Rénovation Urbaine est irrecevable. Selon Nathalie Munoz, responsable de l’agence de Cayenne, la locataire n’a plus de bail depuis plusieurs années, un jugement avait résilié son contrat de location en raison d’impayé de loyer. « A la suite de la résiliation, elle avait régularisé sa situation, mais n’occupait plus son logement. Il aurait fallu qu’elle revienne nous voir en répondant aux convocations pour signer un nouveau bail. Ce qu’elle n’a jamais fait », explique la responsable. La locataire, de son côté, affirme avoir toujours été dans son appartement puisqu’elle continuait à payer son loyer. Cependant, l'appartement est aujourd'hui sans eau et sans électricité. « Comme je sais que j'allais déménager, j'ai fait coupé l'eau et l'électricité », se défend Françoise Martin-Valley. La responsable de l’agence Siguy de Cayenne insiste : « Madame Martin-Valley n’occupait plus le logement après la résiliation du bail. Depuis 2008, dans le cadre du dispositif de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), nous faisons des enquêtes sociales et on s’est aperçu qu’elle n’occupait pas le logement. C’est seulement très récemment, fin novembre début décembre, qu’elle est réapparue ».
C’est donc version contre version dans ce dossier aujourd’hui bloqué. Pour le débloquer, la locataire compte sur l’association CLCV (Consommation Logement et Cadre de Vie) qui accepte de défendre ses droits. La Siguy, pour sa part, reste ferme : « Françoise Martin-Valley doit refaire une demande de logement ».
 
 

La réaction de la responsable de l’agence Siguy de Cayenne, Nathalie Munoz au micro de Sophie Donzenac.

ITW Nathalie Munoz

 

La CLCV a remis le dossier à maître José Lama, avocat de plusieurs habitants de la Rénovation Urbaine. Maître José Lama réagit au micro de Sophie Donzenac.

ITW Maître José Lama