Ce week-end était pleinement consacré à la 41ème édition des Journées Européennes du Patrimoine. Une centaine d'événements étaient prévus sur toute l'île.
Mais sur le site de la Grande Chaloupe, l'association Tamij Sangam organise tous les ans, à la même date, une cérémonie en hommage au dieu Shiva et en l'honneur des milliers d'engagés indiens placés en quarantaine au Lazaret entre 1860 et le milieu du XXème siècle.
Cette année, les fidèles ont eu un accès restreint au bâtiment. Un moment de recueillement sur fond, néanmoins, de tensions.
Une cérémonie en hommage aux défunts
Selvam Chanemougame, Président de l'association Tamij Sangam, estime avoir été écarté du programme officiel des Journées Européennes du Patrimoine par le Département.
"Aujourd'hui, c'est un jour important pour nous, puisque c'est le jour où l'on fait une cérémonie pour les défunts, pour les anciens, pour nos ancêtres à nous", martèle Selvam Chanemougame qui vient tout droit de Pondichéry, en Inde du Sud. Il a émigré à La Réunion avec sa famille depuis son enfance. Cette cérémonie lui tient particulièrement à cœur, car c'est au Lazaret même que sa famille est arrivée à La Réunion.
L'histoire des Indiens à La Réunion a débuté ici, au Lazaret. Donc, c'est tout à fait normal qu'on fasse une cérémonie, ici même, en mémoire au dieu Shiva et en mémoire à nos ancêtres. Nos ancêtres ont bravé la mer pour arriver ici, ce n'était pas forcément pour eux, mais pour leurs enfants et leurs petits-enfants. C'était pour leur avenir. Donc, on doit remercier nos ancêtres.
Selvam Chanemougame, président de l'association Tamij Sangam
Intégrer l'héritage des Indo-Réunionnais aux Journées Européennes du Patrimoine ?
"On ne peut pas changer de date, pour nous, ça commence aujourd'hui et non pas un autre jour notre cérémonie", assure le Président de l'association.
Comme cela tombe le jour des Journées Européennes du Patrimoine, c'est une raison d'ajouter cet héritage immatériel des Indo-Réunionnais à cet événement d’envergure européenne. Malheureusement, le Département n'a pas joué le jeu. On nous a dit que c'était l'Europe et que ce n'était pas nous. Mais, nous voulons quand même marquer l'événement. Nous remercions la ville de la Possession qui, elle, a joué le jeu.
Selvam Chanemougame, président de l'association Tamij Sangam
Objectif : trouver un terrain d'entente pour les prochaines cérémonies
De son côté, le Conseil Départemental a réagi. Jessica Play, directrice du Lazaret a affirmé qu'il n'était "pas possible de changer la programmation des Journées Européennes du Patrimoine", car "la programmation est prévue depuis le début de l'année", dit-elle.
"On ne pouvait vraiment pas changer notre programmation", répète Jessica Play. "Mais, nous avons tout de même fait en sorte de faire cohabiter les deux événements", concède-t-elle. Pour l'association Tamij Sangam, un terrain d'entente plus convenable doit être trouvé.
Pour les cérémonies à venir, l'association indienne espère vivement collaborer plus étroitement et efficacement avec le Conseil Départemental.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
La cérémonie "Mahalayam Paksham" en l'honneur du dieu Shiva
La cérémonie tamoule "Mahalaya Paksham" débute le 19 septembre et se tient jusqu'au 2 octobre prochain. Pour la communauté tamoule, il s'agit de la "Grande Quinzaine des Ancêtres", aussi connue sous le nom de "Pitru Paksha" et de "Pitri Paksha".
Ces quinze jours sont les jours les plus importants de l'année pour "honorer les ancêtres", insiste Selvam Chanemougame. Selon lui, il est nécessaire de rendre hommage à nos ancêtres afin de renforcer notre lien avec le passé et de laisser cette continuité progresser, ce qui nous sera bénéfique pour la suite.
La cérémonie "Mahalaya Paksham" est également l'occasion de vénérer le dieu Shiva, puisqu'il est le dieu de la création, perpétuation et destruction. Son troisième œil sur sa tête apporte notamment la destruction sur tout ce qu’il fixe.
Des offrandes aux défunts
Ce dimanche, des offrandes sont faites aux âmes près de la mer à la Grande Chaloupe. Entre autres, les fidèles déposent du riz non cuit, des graines de sésame et des œillets d'Inde.
Le tout, rythmé par le son des tambours malbar et des mantras.