VIDEO. Crise en Nouvelle-Calédonie : après l'incendie de leur entreprise, des salariés témoignent

Le magasin Décorama a été totalement détruit par un incendie. ©nouvellecaledonie
Comment se relever quand l'activité s'arrête ? Cette question, tous les salariés des entreprises incendiées ces trois dernières semaines se la posent. En attendant le temps de la reconstruction, certains postes sont sauvés, d'autres sont tout bonnement supprimés. Les travailleurs d'une société spécialisée dans le bâtiment à Ducos se sont confiés sur leur situation. Reportage.

Quelques heures ont suffi aux émeutiers pour brûler cette entreprise spécialisée dans le bâtiment, à Ducos. Mais pour les salariés, comme Sebastien et Sili, ce sont plus de dix années d’engagement professionnel soudainement réduites en cendres.

C'est un salaire qui ne tombe plus du jour au lendemain pour certains, une partie de leur vie qui s’arrête. Sébastien est technico-commercial. En plus du choc de voir son lieu de travail anéanti, s’ajoute pour lui et ses collègues l’incertitude de l’avenir. "Je n’y croyais pas quand on m’a dit que tout avait brûlé. Ils n’ont pas fait ça ? Et pourtant si. C’est tellement dur. Il n’y a plus rien. Cela fait treize ans que je travaille ici. C’est dur de voir ça, témoigne ce salarié, en retenant ses larmes. En plus, on est dans le flou total. On ne sait pas quand ça va être reconstruit, si on va garder nos emplois. Franchement, on est un peu dans le néant." 


Un effet domino

Cette destruction, qui laisse ces employés dans l’attente, engendre bien d’autres conséquences. Le magasin, par la vente de ses produits, permettait à de petits entrepreneurs de pouvoir exercer un métier. Sébastien garde un espoir de relancer l’activité pour tous. Il espère "pouvoir reconstruire le plus vite possible pour aider les autres entreprises à se reconstruire elles-mêmes". Cette enseigne fournit de nouveaux matériaux essentiels à la construction, comme le placo, par exemple. 

Sili, lui, est chauffeur poids lourds. Il travaillait pour cette enseigne depuis douze ans. Ce mardi, il se rend sur son lieu de travail avec les vêtements siglés du nom de l’entreprise. Il y est attaché même si l’aventure se termine. "C’est moi qui roulais pour desservir la brousse. Je faisais les allers-retours deux fois par semaine, les mardis et jeudis. Le week-end, je m’occupais des livraisons à Nouméa."

Aujourd’hui, je n’ai plus de travail. J’essaye de proposer mes services ailleurs pour gagner quelques pièces.

Sili, salarié de Decorama


À la recherche de petits boulots

Désormais, il n’y a plus rien à livrer. Les quatre docks remplis de bois, de PVC, de laine de verre, ou encore de ferraille, carrelage et fibro ont tous brûlé. "Franchement, après l’incendie, j’étais en colère. Pourquoi s’en prendre au gagne-pain de toutes les familles qui travaillent ici. J’ai une petite famille. Ma fille a 12 ans. Quand elle a appris que les locaux avaient brûlé elle a pleuré. Elle connaissait Decorama depuis qu’elle avait 5 ans. Mes enfants ont pleuré. Ça me fait mal au cœur. Aujourd’hui, je n’ai plus de travail. J’essaye de proposer mes services ailleurs pour gagner quelques pièces." Une solution provisoire pour Sili, déterminé à retravailler pour la même enseigne dès que celle-ci pourra être reconstruite. Si tel est le cas.