Au volant de son véhicule de secours léger, Areille Teimboueone, auxiliaire de santé, prend la direction de la tribu de Bondé, à trente minutes, du village de Ouégoa. Sa mission : récupérer un patient. "C'est un monsieur qui doit faire une dialyse. Je le récupère à la tribu pour l'emmener à Koumac, à quarante-cinq minutes de trajet", explique la jeune femme. Un début de matinée comme un autre : elle va avaler des kilomètres toute la journée sur les routes du Grand Nord.
Vingt véhicules, huit salariés
Derrière leurs écrans, Mario Mitride, gérant des Ambulances de Ouégoa, et sa compagne, Yolande, contrôlent la répartition des vingt véhicules de secours et des huit salariés de la société. "Sur cet écran, on a la géolocalisation des véhicules, détaille le gérant. J'ai deux véhicules sur Koné Pouembout, j'en ai deux qui remontent de Koné, où ils étaient ce matin."
Désert médical
Gérants, mais aussi ambulanciers, Mario et Yolande doivent veiller au bon fonctionnement du matériel des six ambulances du parc de secours. "À Ouégoa, on n'a pas de pompiers, on n'a pas de service médical d'urgence, le plus proche c'est celui de Koné, il n'y a pas la Sécurité civile, poursuit l'ambulancier. Et ça fait plus d'un mois qu'on n'a pas de médecin."
Coûts d'exploitation à la hausse
Aujourd'hui, cette activité d'ambulancier urgentiste ne représente que 10% de son activité. Mais plus de la moitié de son budget de fonctionnement. En cause : les tarifs. Actuellement rémunérés à l'intervention par la Cafat, les ambulanciers ont vu leurs coûts d'exploitation exploser. L'alternative, selon Mario Mitride, serait "d'avoir un forfait d'immobilisation et un forfait kilométrique si une urgence se déclenche. À Ce n'est pas simplement un problème d'argent, ça améliorerait le système d'intervention. Le fait d'avoir une rémunération fixe nous permettrait d'investir davantage et d'avoir une deuxième équipe. Aujourd'hui, le problème, c'est qu'à certains moments, on n'a pas d'équipe disponible."
Si on ferme, ajouté à la pénurie de médecin, je crois que la santé va mourir aussi.
Mario Mitride.
L'enjeu principal reste la couverture sanitaire de Ouégoa et de l'extrême Nord. "Si on ferme, ajouté à la pénurie de médecin, je crois que la santé va mourir aussi", se désole Mario Mitride.
Avec ses salariés, ils estiment assurer un réel service public sanitaire et demandent davantage de considération. Le dossier des ambulanciers est, lui, en cours de discussion entre les syndicats de la profession et le gouvernement.