VIDEO. L’escrime en Guadeloupe : l’histoire d’une réussite

L’escrime en Guadeloupe : l’histoire d’une réussite ©Christian Danquin, Olivier Duflo, Christelle Théophile
L’escrime, c’est le plus gros espoir de médaille pour la France pour les prochains Jeux Olympiques. 50% des tireurs de l’équipe de France (fleuret et épée) sont originaires de Guadeloupe. Six sont prétendants à la sélection de Paris 2024 ; Enzo Lefort, Ysaora Thibus, Anita Blaze, Yannick Borel, Coraline Vitalis et Luidgi Midellton. Avant eux, Laura Flessel avait ouvert la voie en devenant championne olympique à Atlanta en 1996. Comment la Guadeloupe est-elle devenue le berceau de l’escrime française ?

Fort de leur palmarès impressionnant, les escrimeurs guadeloupéens sont aux avant-postes de l’équipe de France. Depuis Laura Flessel, la guêpe, l’école guadeloupéenne domine la discipline à la pointe de l’épée.

Mais le premier artisan de la réussite, c'est René Gros-Dubois. Ancien escrimeur martiniquais, il crée en 1968 le premier club d’escrime de Guadeloupe.

René Gros-Dubois, ancien escrimeur martiniquais.

Il développera la discipline avec un autre passionné, Robert Gara. Lui, est hongrois, ancien membre de l'équipe nationale magyare de fleuret.

Robert Gara, ancien membre de l'équipe nationale magyare de fleuret.

Le secret de la réussite est double. Premièrement, la formation : les treize maîtres d'arme diplômés d'Etat. Certains sont partis dans l'Hexagone et ont formé l'ossature de l'équipe de France actuelle. Les voyages ont motivé les enfants, les échanges entre la Caraïbe, les pays hispaniques et anglophones, il fallait absolument de la rigueur. Les enfants ont suivi les enseignants qui étaient motivés. Cette motivation il fallait la déclencher par les échanges.

Robert Gara, ancien membre de l'équipe nationale magyare de fleuret

Mont but, à l'époque, était de motiver pour décupler l'intérêt depuis l'âme jusqu'au bout des doigts. Un caractère combattif et pugnace car nous avons une histoire qui implique cette dimension. Cela forge un caractère, cela vous laisse un vécu, un passé, un ciment qui vous solidifie ou vous fait craquer.

René Gros-Dubois, ancien escrimeur martiniquais

Les deux hommes vont révolutionner l’escrime en Guadeloupe avec trois clubs. L’engouement est immédiat. Quatre autres structures verront le jour. Aujourd’hui, le comité régional compte 380 licenciés.

Joël Teplier a été l’un des fers de lance de la réussite guadeloupéenne. Premier maître d’arme de Laura Flessel et Luidgi Middelton, il a vu défiler une génération de surdoués partie vers d’autres cieux. Il entraîne aujourd’hui une soixantaine de jeunes.

Les exercices consistent à faire un renforcement et un perfectionnement au niveau des déplacements. C'est ce qu'on appelle les fondamentaux. Un travail essentiel. C'est la même méthode depuis Laura Flessel avec des exercices qui ont varié. On s'adapte.

Joël Téplier, maître d’arme

Fondamentaux, gestes techniques, assaults… Au Creps, 6 jours sur 7 entre 16 et 18 heures par semaine, des escrimeurs du Pôle France s’entraînent sans relâche dans ce nouvel écrin financé par la Région Guadeloupe pour gagner en résistance et se perfectionner.

Près de 35 jeunes sont dans les pôles et clubs France. Certains sont déjà positionnés pour les Jeux Olympiques de 2028 et de 2032.

Marie-Claude Guillaume, président de la ligue d'escrime de Guadeloupe

Formation, compétition et mental, une méthode qui fait de la Guadeloupe une terre de champion. Aujourd’hui, les instances locales se mobilisent pour que le slogan perdure, elles misent sur les sections sportives du collège. Un dispositif en place depuis trois ans.