VIDÉO. Mois des fiertés 2024 : "le prêtre lui a dit : dehors, il n’accepte pas ce genre de personnes dans son église"

Maryline et Marylaure Bourgeois ont bientôt 47 ans. L’une est fonctionnaire à la Poste, l’autre reprend le flambeau d’une entreprise familiale. Elles sont sœurs jumelles et sont toutes les deux bisexuelles. Ces Guyanaises témoignent à cœur ouvert sur leur parcours de vie en tant que membres de la communauté LGBTQIA +.

"Je l’ai su très tardivement. J’avais déjà une trentaine d’années quand j’ai flashé sur une fille habillée en garçon. Je venais de me séparer du père de mes trois enfants" confie tout d’abord Maryline. "Avec des cousines et des amies, nous sommes allées dans une soirée LGBT car il y avait cette fille que j’aimais bien qui y allait. Finalement, il ne s’est rien passé avec elle mais sur place, j’ai rencontré ma première copine" se souvient-elle.

Dès le lendemain, j’en ai parlé à Marylaure au téléphone puisqu’elle était en France hexagonale. (...) Je l’ai présentée à mes parents et tout s’est bien passé.

Maryline

"Il n’y a pas vraiment eu de coming out"

"L’année d’après, j’ai su moi aussi que j’étais bisexuelle. Je ne sais pas d’où ça m’est venu. À Paris, j’allais souvent dans les soirées LGBT et j’avais déjà des vues sur une fille" commente Marylaure. "On aurait dit que ce lien si particulier entre jumelles était aussi là concernant nos attirances" complète Maryline, le regard complice avec sa sœur.

De mon côté, ça s’est également bien passé. Je suis ensuite rentrée en Guyane avec ma copine.

Marylaure

"Mes enfants ne l’ont pas mal pris. Ce sont surtout les gens autour qui demandaient : comment vont le prendre tes enfants ? Mais je leur ai dit : arrêtez de mettre ce genre de commentaires et d’idées dans la tête des enfants. Ils n’ont rien dit, ils n’ont pas été frustrés à l’école : tout s’est passé normalement" explique Maryline.

"La seule chose que nos parents nous ont dite c’est : du moment que vous êtes heureuses, peu importe avec qui vous êtes" détaille Marylaure.

Il n’y a pas vraiment eu de coming out. C’est quelque chose qui s’est fait naturellement. On faisait nos repas de famille et il n’y avait aucun souci. Personne n’a été choqué ou fâché. Personne ne nous a jugé ou rejeté par rapport à ça. On le vit bien.

Maryline et Marylaure

"Les gens sont trop fermés et doivent ouvrir leur esprit"

Si tout s’est bien passé pour les jumelles, ça n’a pas toujours été le cas pour une ex-compagne de Maryline. Cette dernière se rappelle encore une mésaventure lors d’un week-end à Mana. "Ma compagne est allée à l’église. Moi, j’étais en train de prendre mon petit-déjeuner et je la vois revenir en pleurs. Je me suis demandé pourquoi elle était déjà de retour puisqu’une messe dure assez longtemps".

Le prêtre lui a dit : dehors, il n’accepte pas ce genre de personnes dans son église.

Maryline

Une mauvaise expérience qui illustre le chemin qui reste encore à parcourir. "Il ne devrait pas y avoir un mois des fiertés. C’est tous les jours que je suis fière" souligne Marylaure. "Après, c’est important qu’il y ait ça en Guyane. Les gens sont trop fermés. Ils doivent ouvrir leur esprit" ajoute Maryline. "Il faut arrêter tous ces jugements. Si tu n’acceptes pas, alors reste dans ton coin".

L’important est de se faire accepter tel que l’on est en tant qu’être humain. Il n’y a pas d’anomalies, nous ne sommes pas malades.

Maryline

Quant au message que ces sœurs jumelles souhaitent faire passer, toutes deux sont unanimes : "soyez fier.ère.x de qui vous êtes tout en respectant les autres".