En Nouvelle-Calédonie, les tensions sont encore vives. Depuis l'adoption par l'Assemblée de la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral, des émeutes ont éclaté. Ce 25 mai, l'ex-députée guyanaise et ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira abordait le sujet dans l'émission Place Publique de Guyane la 1ère.
"Le Gouvernement actuel a décousu méthodiquement la relation de confiance"
"En 1988, il y a eu un pacte de responsabilité politique considérable qui a été franchi", dit-elle en référence aux accords de Matignon. Le premier texte de ces accords indique que "[l'impartialité de l'État] la plus stricte, la sécurité et la protection, seront assurées à tous, ainsi qu'une meilleure répartition dans toutes les régions des services publics et administratifs".
Or, depuis six ans, il y a des signes systématiques de partialité de l'État : il y a eu 2018 à l'occasion de l'anniversaire de la grotte d'Ouvéa (19 kanaks morts, 4 gendarmes morts), il y a eu 2021 avec le 3e référendum qui a été avancé dans des conditions absolument contestables, il y a eu le refus de reconnaître la valeur politique des 56% d'abstention, il y a l'intégration dans le Gouvernement d'une personnalité locale dont les positions anti-indépendantistes très très dures sont connues... Le Gouvernement actuel a décousu méthodiquement la relation de confiance, l'engagement d'impartialité au service de tous qui a été pris en 1988 et validé par les Français à l'échelle nationale.
L'ancienne ministre de la Justice estime que le Gouvernement actuel ne respecte pas son engagement fait en 1988.
Par ailleurs, elle pointe du doigt les inégalités sociales entre les différentes communautés de Nouvelle-Calédonie près de 40 ans après ces accords.
"Il y a un amateurisme général"
Christiane Taubira a aussi abordé la montée de la violence sur l'archipel depuis le début des émeutes, ainsi que dans les années 1980. Le ministère de l'Intérieur de l'Outre-mer a par ailleurs recensé 7 morts suite aux tensions au 25 mai.
Face à cette situation, "l’État met tout en œuvre pour rétablir l’ordre, assurer la sécurité de nos concitoyens, grâce à l’action des forces de police et de gendarmerie, et permettre à chacun de retrouver des conditions de vie quotidienne normales aussi rapidement que possible".
Justement, au sujet de la réponse des autorités, "je ne vois pas ça sur le territoire national, sauf situation archi exceptionnelle", indique l'ancienne députée, qui pointe d'ailleurs un "amateurisme général" du Gouvernement dans la gestion de cette crise.
Pendant ce temps, dans un entretien accordé au Parisien, Emmanuel Macron s'est dit prêt à soumettre au référendum national la réforme contestée du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, notamment si les élus locaux échouaient à s'accorder entre eux sur le sujet.
L'intégralité du numéro de Place Publique de ce 25 mai sera rediffusée ce dimanche 26 mai à 18h15.