10, 7% de hausse sur les produits alimentaires frais à Mayotte. C’est quatre fois plus qu’au niveau national. En un an, les tarifs exponentiels de la nourriture sur l’île ont de quoi inquiéter. L’excuse de la guerre en Ukraine ne passe donc plus. D’autant plus qu’une partie de ces denrées est produite localement. Le mois dernier les prix alimentaires ont augmenté de 0,7%. En un an, pour se nourrir le mahorais a donc dû augmenter son budget de 3,7 %.
L’alimentaire représente 23 % dans la consommation des ménages mahorais
Mais ces hausses ne se limitent pas à l’alimentaire. Selon l’Insee, après une légère baisse en juillet, les prix sont repartis à la hausse au mois d’août. On constate une hausse notable des prix de l'habillement et des chaussures. Les prix de l'énergie ont augmenté de 0,5% en raison de la hausse des prix des produits pétroliers.
19,9 % de hausse de l’électricité en un an
Sur un an, la hausse des prix de l’énergie accélère en août (+ 8,5 %), après une augmentation de 7,9 % en juillet.
L’énergie pèse pour 9 % dans le budget des ménages à Mayotte. Cette hausse du prix de l’énergie sur un an est liée à l’électricité qui augmente de 19,9 %. Tout comme les produits pétroliers (+ 0,8 %). Pourtant au niveau national, cette année le prix des produits pétroliers recule de -8,2 %.
Comment expliquer ces hausses incessantes ?
- Globalement ce sont les tensions géopolitiques et les perturbations des chaînes d'approvisionnement qui contribuent à la hausse des prix de nombreuses matières premières, ce qui a un impact sur les prix à la consommation.
- Localement, on peut parler des spécificités du marché mahorais. Comme la dépendance aux importations et les tarifs de plus en plus élevés du fret aérien mais aussi des transports maritimes. Des tarifs corrélés en partie à la hausse du carburant dont le prix est fixé localement. Même si cela n’explique pas tout, cela a un impact sur le prix des produits frais importés. Concernant la production locale, c'est la rareté qui fixe le prix. Et la sécheresse de l'année passée n'a pas aidé les agriculteurs.
- Sécheresse, vols et déforestation
Selon Anouar Soumaila Moeva la baisse de la production liée au manque de pluie a aggravé le phénomène des vols dans les exploitations. Tout comme la déforestation. Les maquis viennent de plus en plus se nourrir dans les exploitations.
"On essaye de compenser nos pertes en vendant au même prix que les supermarchés." Explique l'agriculteur.
Au moment où la question de la vie chère fait bouillir certains territoires ultramarins, à Mayotte cette problématique prend aussi une dimension inquiétante. Avec le risque de voir la contestation, pour l'instant concentrée sur la question des prix de l'aérien, s'étendre à d'autres domaines.