Vie chère : quand voyager devient un luxe à Wallis et Futuna

Billet d'avion de Wallis à Paris pour 4 personnes
Dans les tarifs qui ne cessent de flamber, on compte le billet d'avion. Lorsqu'il n'y a pas de concurrence, les prix ont tendance à être plus élevés. Une situation que connaît Wallis et Futuna, et la situation que connaît la Calédonie fait que de plus en plus de personnes au fenua demandent l'ouverture à la concurrence. Mais ce n'est pas simple vu la démographie de l'archipel.

Avec 12 000 habitants, il est difficile de fixer les conditions d'une concurrence à Wallis et Futuna. Le marché est trop réduit. L'aérien en est un exemple. 

Le billet Wallis-Paris 3 fois plus cher qu'un billet Papeete-Paris

En Polynésie, 3 compagnies voire 4 se livrent concurrence sur la rotation vers Paris. Par exemple, pour un vol en décembre et retour en janvier, une famille de 4 personnes paient 618 000 xpf. 

Dans le même cas de figure, une famille wallisienne de 4 personnes doit quant à elle payer plus de 1 300 000, un coût deux fois plus élevé, avec seulement 445 km de différence sur la distance.

L'enclavement, une réalité économique

L'offre sur le territoire est très limité. A cela s'ajoute la période de crise en Nouvelle-Calédonie. Francis Alary, le porte parole des usagers d'Aircalin interpelle sur la situation. 

A partir du mois d'août, on devrait avoir deux vols par semaine. Mais deux par semaine, ce n'est pas assez, il faut 3 vols. Et pour aider la compagnie Aircalin à faire ces 3 vols, il faut une délégation de service public (DSP). A ce moment là, on aura nos 3 vols, parce que ce qui va se produire, on va être coincé jusqu'à la fin de l'année. Je ne vois pas ce que rapporterait une ligne avec Tahiti. Les liens à la fois économiques, sociaux, familiaux c'est avec la Calédonie, donc il faudra peut-être une période de 10 ans pour changer ça mais pour l'instant, pour aujourd'hui c'est non !

Francis Alary

Un regard vers Fidji

Pendant la campagne électorale, les regards se sont tournés vers Fidji, la voisine phare du tourisme dans le Pacifique Sud, visitée par de nombreux compagnies. 

Des candidats ont évoqué la piste, l'assemblée territoriale a fait des démarches. On parle de lettres d'intention. Avec quel cadre ? Une société d'économie mixte ? Une délégation de service public si une compagnie extérieure se montre intéressée. Juridiquement, rien ne pose d'infranchissables barrières, toutefois, il faudra mettre de l'argent public, la cause le fameux marché réduit. 

La DSP inter-îles entre Wallis et Futuna, c'est de la compétence du territoire. Une DSP à l'international, c'est de la compétence de l'état. Donc il faudra voir la négociation entre le territoire et l'état pour peut-être espérer ça. Pour pouvoir imaginer une DSP, il faut d'abord mener une étude, et ça c'est en train d'être pensé, imaginé au niveau du territoire, une possibilité de mener une étude pour la mise en place d'une éventuelle DSP pour l'aérien. La compagnie aérienne fera une estimation du nombre de places moyens qui seront inoccupés éventuellement en tenant compte de la population de Wallis et Futuna pour estimer le besoin en subvention publique pour pouvoir compenser cette perte si jamais les vols ne sont pas remplis.

Ugakaikava Fotofili, chef de service Affaires Economiques, du Développement et du Tourisme

L'aérien est un domaine complexe, avec une règlementation spécifique et des enjeux financiers. Tout ne peut pas se faire sur un seul claquement des doigts, mais les wallisiens et futuniens attendent eux un horizon. 

Le reportage de Stéphane Ratinaud et Sofia Hoatau. 

©Wallis