Vives réactions à Wallis et Futuna à l'annonce d'un accord de pêche avec les USA

Un accord  entre la France et les Etats-Unis portant sur la pêche dans les eaux territoriales de Wallis et Futuna devrait être signé à Paris à la fin de l'année. Cette annonce de la ministre des Outre-Mer George Pau-Langevin lors de son passage sur le territoire a suscité de vives réactions. . 
La signature d'un accord entre la France et les Etats-Unis portant sur la pêche dans les eaux territoriales de Wallis et Futuna est annoncée pour la fin d'année à Paris. Cette révélation de la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, lors de sa visite sur le territoire a suscité de vives réactions.

Cet accord autoriserait quinze chalutiers américains à pêcher dans les eaux des deux îles en contrepartie d'une redevance annuelle de 17 millions de Francs Pacifique (142 000 euros). C'est ce montant, critiqué pour sa modicité,  qui a immédiatement provoqué une levée de boucliers. 


Une redevance jugée trop faible


L'ex directeur du service territorial de la pêche, Taniela Tahimili, a poussé un cri d'alarme, affirmant son désaccord sur un texte qui "appauvrit nos ressources" halieutiques et de réclamer un accord établissant une redevance fondé sur le nombre de tonnes pêchées.
Le secrétaire général du syndicat FO du territoire, Christian Va'amei a embrayé: "il n'est pas possible que le territoire puisse accepter quinze navires pour 17 millions de Francs, c'est très peu" a-t-il dit, ajoutant qu'il demandait "aux représentants du territoire de renégocier cet accord à la hausse". 
Renégocier ou être "associé aux négociations" c'est également ce que demande le président de l'Assemblée territoriale, Mikaele Kulimoetoke, qui a qualifié la redevance de 17 millions de "dérisoire".
La chefferie coutumière qui conteste l'autorité de la France sur la ZEE, la zone économique exclusive de Wallis et Futuna (270 000 km carrés) s'oppose également à cette entente franco-américaine.


Ressources inexploitées


Comment cette redevance a-t-elle été fixée? Selon Bernadette Papilio-Halagahu, un ancienne élue qui a l'expérience de la Commission des pêches du Pacifique occidental et central, "les accords bilatéraux sont basés sur les prises de l'année (précédent) la signature" d'un nouveau texte, "une réglementation qui s'impose à tous les pays" dit-elle avant d'ajouter que pour Wallis et Futuna, "il n'y a pas de prise répertoriée réellement étant donné qu'on n'a pas de flotille industrielle dans nos eaux"... et donc pas de réference pour établir une redevance.

De son côté la ministre des Outre-Mer a promis que les fonds des USA seront destinés à des aides aux pêcheurs:  formation, équipement des bateaux, nouveaux DCP (dispositifs concentrateurs de poissons) qui facilitent les captures.
Pour George Pau-Langevin, l'accord permettra de mieux connaître les possibilités offertes par la zone de pêche et n'aura pas d'impact sur les pêcheurs artisanaux.
Les navires américains ne devraient lancer leurs filets qu'au delà d'une cinquantaine de kilomètres des côtes du territoire, un périmètre où les ressources marines ne sont pas réellement connues et exploitées, selon les pouvoirs publics.

Par ailleurs le président Mikaele Kulimoetoke avance que la France a négocié cet accord pour des motifs géo-politiques, la présence américaine permettant une surveillance accrue de la zone.

Les responsables du territoire espèrent que les contreparties pour Wallis et Futuna pourront être améliorées d'ici la signature de l'accord.