L'ombre du Faimanu plane sur les pêcheurs de Wallis et Futuna

Le Faimanu
Les pêcheurs de Wallis et Futuna réclament de nouveaux bateaux modernes pour développer leur activité. Mais les pouvoirs publics sont réticents après l'échec du Faimanu, un thonier-palangrier acheté par une société familiale et subventionné par l'Etat. 
Les pêcheurs de Wallis et Futuna aimeraient professionnaliser leur activité, largement artisanale aujourd'hui. Leur groupement réclame donc de nouveaux navires modernes  pour développer leur secteur. Mais l'ombre du Faimanu plane sur leur demande car ce navire de pêche subventionné par l'Etat est l'histoire d'un échec.

Le Faimanu a été acheté fin 2010 par une société familiale de Wallis grâce à une subvention de l'Etat qui a avancé la moitié des fonds nécessaires puis a multiplié les éxonérations fiscales.
Ce thonier-palangrier devait alimenter le marché local en thon. Le quota avait été fixé à 90 tonnes par an.
Mais en dépit de toutes les aides, le Faimanu n'a pas tenu ses promesses de pêche et a été critiqué pour avoir fait travailler un équipage fidjien.
Le sort s'est acharné sur lui en 2014 avec un accident qui a endommagé sa coque puis le navire a été bloqué à Fidji, ses propriétaires étant empétrés dans des démélés judiciaires.


Chute du nombre de bateaux


Suite à cet échec retentissant, les pouvoirs publics affichent leurs réticences à subventionner des navires qui pourraient apparaître surdimensionnés.
Les conditions pour les aides à la construction de bateaux ont été durcies et très peu de pécheurs bénéficient désormais d'un soutien public pour acquérir une embarcation.
Mais la présidente du groupement des pêcheurs appelle à dépasser cette mauvaise expérience. Malia Kiutau prend acte qu'un grand navire unique n'est pas la solution et demande désormais des embarcations plus modestes mais équipées de tous les équipements modernes, des outils de travail qui coûtent chers sur le territoire.

Selon l'enquète annuelle 2014-2015 sur le secteur primaire, commandé par le service de l'agriculture du territoire,  la fermeture de l'atelier naval a porté un coup sévère à la pratique de la pêche en faisant baisser considérablement le nombre de bateaux. "En 13 ans, leur nombre a chuté, passant de 310 en 2001 à 181 en 2014" affirme le rapport.
Seule une vingtaine de ces esquifs sert à des professionnels. Aujourd'hui un ménage sur trois pratique la pêche mais la quasi totalité du poisson est auto consommée.

Pour dynamiser le secteur, le marché de AkaAka a été récemment relancé mais son approvisionnement reste irrégulier. Selon le rapport de l'IEOM, "fin 2014, deux dispositifs concentrateurs de poissons (DCP) ont été installés à la sortie du lagon de Wallis pour permettre aux pécheurs d'améliorer le rendement des captures". D'autres pourraient être programmés. 
Ces mesures permettront peut-être d'oublier le Faimanu...