Blocage de de l'aéroport: polémique autour du courrier à la Ministre

Le drapeau des territoires de Wallis et Futuna
Un courrier, daté de jeudi, signé par toute la Grande Chefferie -en premier par le Mahe- a été adressé à la Ministre des Outre-Mers. Ce courrier qui demande un médiateur est-il vraiment sur le bureau de la Ministre? Même si son contenu est connu. Polémique!
Au sixième jour du blocage de l'aéroport,la tension reste vive. La Grande Chefferie a affirmé publiquement à deux reprises qu'un courrier avait été adressé à la Ministre des Outre-Mers, George Pau-Langevin..
Il est signé par la totalité de la Grande Chefferie. Nous vous l'avons présenté dans nos journaux de vendredi soir (le 27 novembre). Ce courrier est daté du du jeudi 26 novembre.

Courrier adressé par mail

La signature du Mahe, Sosefo Liufau, la plus haute autorité coutumière en absence de Lavelua (de Roi) est bien visible. Elle est suivie de celles de tous les Ministres de la Grande Chefferie et de celles des trois "Faipule", les trois chefs des trois districts.
Dans un interview l'Uluimonua Pasilite Hensen, au nom de la Grande Chefferie, précise devant notre caméra"Ce courrier est parti hier soir... Bien sûr il nous avons la possibilité de d'envoyer ce courrier par mail. Il sera récupéré à,Paris".
Dans ce courrier, la Grande Chefferie demande clairement la nomination d'un médiateur par la Ministre pour sortir de ce conflit en l'absence de dialogue possible avec le Préfet Marcel Renouf.

Polémique autour du courrier

Dans ce climat d'extrême tension -nous en sommes au cinquième jour de blocage avec des répercussions graves pour nos îles-une polémique autour de ce courrier voit le jour.
Vendredi 27 novembre en fin de matinée -très exactement à 11h37 (heure locale)- un communiqué de l'Administration supérieure signée par le Préfet Marcel Renouf "dément l'information selon laquelle une demande de désignation d'un médiateur extérieur dans le conflit de l'aéroport international de Wallis-Hihifo aurait été adressée à Madame la Ministre des Outre-Mer. La désignation d'un médiateur extérieur par la Ministre de Outre-mer n'est pas envisagée".
Nous avons dans notre journal radio en Français à 12h30 donné ce communiqué du Préfet Marcel Renouf. 

Que comprendre?

Selon la formule : les faits sont têtus". Le soir même ce courrier (daté du jeudi 26 novembre) de la Grande Chefferie est présenté sur notre antenne. Signatures, argumentation inquiète sur l'absence de dialogue, et demande d'un médiateur...
Alors, que comprendre? La Grande Chefferie affirme et montre. L'Administration supérieure dément...

Elément supplémentaire, samedi à, 6h27 -heure de Wallis- un communiqué émanant de la Conseillère Presse et Communication au cabinet de la ministre des Outre-mer s'affiche sur notre ordinateur. "Nous souhaitons vous préciser qu'à cette heure la Ministre des Outre-mer n'a pas connaissance du courrier des autorités coutumières et qu'aucune réunion visant à évoquer le conflit au niveau national n'a été sollicitée ni organisée".
Un communiqué qui se conclut par l'appel à "une résolution du conflit". et d'ajouter "La Ministre des Outre-Mer est préoccupée des conséquences de ce blocage pour la population de Wallis et Futuna et est particulièrement attentive à l'évolution de la situation".

Enquête sur un courrier annoncé

Question? Qui est au courant de quoi...? Nous avons mené notre enquête. Nous devons à nos téléspectateurs, auditeurs et lecteurs impartialité et rigueur. Même si nous savons d'expérience que dans des crises aiguës le cap n'est pas toujours facile à tenir...

Ce qui est certain
Le courrier signé par la Grande Chefferie a bien été écrit, signé et envoyé à Paris. 
La Ministre a bien eu un échange -au moins- avec le Président de l'Assemblée Territoriale sur ce conflit. Il nous l'a confirmé au téléphone. Elle est parfaitement au courant des événements. Son inquiétude en témoigne :
La Ministre des Outre-Mer est préoccupée des conséquences de ce blocage pour la population de Wallis et Futuna et est attentive à l'évolution de la situation" écrit ce samedi matin sa Conseillère en communication.
Elle connaît -par le Président de l'Assemblée mais aussi par la presse- l'existence de ce courrier de la Grande Chefferie et l'essentiel de son contenu. 
Ce qui est est sujet à interrogation
Ce courrier est-il réellement -"à cette heure" comme l'écrit la Conseillère Presse et Communication- sur le bureau de la Ministre comme cela nous a été affirmé...
Non, c'est ce qu'affirme le communiqué du cabinet de la Ministre. "La Ministre n'a pas connaissance du courrier des autorités coutumières tel qu'annoncé au cours du reportage et qu'aucune réunion visant à évoquer le conflit au niveau national n'a été sollicitée ni organisée".

De fait, ce courrier a été adressé au Président de l'Assemblée Territoriale qui a déjà échangé sur ce conflit avec la Ministre. Il doit le remettre officiellement à Madame Pau-Langevin lundi. Il nous l'a confirmé ce jour. Physiquement, ce courrier n'est donc pas -contrairement à ce qui avait été avancé pour cette lettre datée de jeudi- sur le bureau de la Ministre. Dont acte.

Demande réitérée de médiateur

Dans un interview que nous a accordé le Président de l'Assemblée Territoriale vendredi à la sortie d'une entrevue avec le Président du Sénat Mikaele Kulimoetoke a affirmé "On aspire à ce que le Ministère dépêche un médiateur sur place.
Je ne pensais pas que cela soit vraiment une solution puisque cela expliquerait que le Préfet n'a pas joué son rôle et n'a pas rempli sa mission (...) Il a été commis quelques maladresses de la part de Monsieur le Préfet. C'est-à-dire assigner en référé des membres de la Chefferie avant de pouvoir négocier convenablement. Je trouve ça très déplacé et très maladroit de sa part".


Et maintenant? Ces polémiques -ô combien habituelles dans des situations de ce type!- ne doivent pas cacher l'essentiel : quand et comment -par quelles discussions, négociations- l'aéroport sera-t-il rouvert?
Nos îles s'asphyxient de jour en jour.

Conjuguer coutume et modernité

Qui fera le pas pour discuter -par delà la goutte de kava qui a fait déborder le tanoa, celle de ces deux emplois fonciers à l'aéroport- du problème de fond, celui de l'emploi foncier? Terre contre emploi. "Le lien avec la terre pour un Wallisien ou un Futunien est le lien du sang" affirmaient dans un document deux juristes il y a 30 ans.
Selon les époques, selon les personnalités, l'équation a été facilement -ou plus difficilement- résolue. 
Pourquoi ne pas profiter de cette crise pour clarifier l'enjeu "terre contre emploi foncier". Avec ses limites.
Nous entrons dans quelques semaines dans l'ère du portable. Dans quelques mois dans celle du haut débit numérique avec l'arrivée du câble de Samoa. A la clé un gisement d'emplois!
Une chance inédite pour Wallis et Futuna. L'occasion de dépasser les blocages circonstanciels. Et conjuguer au présent le Statut si original octroyé en 1961 par le Général de Gaulle.