Alors que l'on pointe l'alimentation et le mode de vie de la population, il convient pour certains wallisiens de s'interroger sur l'alimentation des porcs que l'on consomme.
Il est onze heures et malgré la chaleur, c'est le seul moment où Soane Muni, un habitant de Vailala a l'habitude de nourrir ses porcs. Entre ses horaires de garde territorial et l'heure à laquelle il faut qu'il récupère ses enfants à l'école, il n'a pas trop le choix. Il faut être rapide et efficace sans lésiner sur la qualité.
D'un fut de 50 kilos, il sert un mélange de manioc et de coco broyés dans chaque écuelle. C'est depuis le mois d'avril, le menu privilégié par Soane pour sa vingtaine de bêtes. Chaque fut dure environ 3 jours et même s’il n’a pas complètement délaissé le traditionnel sac de granulés pour la croissance, Soane fait de plus en plus attention aux produits qu’il utilise:
« Et si je n’y arrive pas maintenant l’essentiel c’est d’avoir commencé ,l’objectif c’est vraiment de pouvoir limiter l’utilisation d’aliments importés et de revenir au tout naturel mais ce n’est pas évident quand on travaille. Avec cette initiative j’ai des produits frais tout prêts, je ne sais pas comment j’aurais fait autrement. Cela aurait été une autre contrainte à gérer en plus de mon emploi »
Revenir à un mode de vie sain ça passe aussi par l'élevage
C'est en se fondant sur ce raisonnement que Nicolas Fotofili et son frère Uga ont monté leur projet d'aliments pour cochons 100% naturels et locaux. Ils ont crée en 2018 "Tu'alau Entreprise", une société de production d'aliments porcins fabriqués à Wallis avec des produits du fenua. Souvenez vous, nous vous parlions de leur initiative en Novembre 2018, dans cet article : https://la1ere.francetvinfo.fr/wallisfutuna/du-granule-porcs-made-in-wallis-655025.htmlNicolas Fotofili a commencé à vendre ses produits en Avril 2019. Aujourd’hui, la demande a explosé dès les premières ventes, durant la pénurie de granulés pour cochons.
Cet aliment est un mélange de racines et de feuilles de manioc broyés avec de la noix de coco. Chaque produit est d'abord nettoyé avant de passer à la machine. Une fois réduits en copeaux, les végétaux sont mis à fermenter deux semaines dans des futs pour renforcer les qualités nutritionnelles du produit.
Comme Soane Muni, une dizaine de clients viennent régulièrement se fournir chez Tualau Entreprise. La société emploie 3 jeunes du village en service civique et chaque jour ils exploitent 350 kilos de manioc, des feuilles et du coco pour produire 7 à 8 fûts à 4000 francs l'un.
Conscient de la popularité de son produit, Nicolas Fotofili regrette le manque de matériel :
De la formation au matériel, Nicolas a perçu une aide de 4 millions de francs depuis le début de son projet. Un marché prometteur quand on sait que le Territoire compte environ 22 000 porcs selon les statistiques. Chaque mois, nos îles importent 15 conteneurs d’aliments pour cochons par bateau.« Le soucis pour l’instant c’est qu’on a besoin de matériel pour vraiment pouvoir développer notre activité. Je compte vraiment sur toutes les aides possible, que ce soit encore une fois par le biais du service de l’agriculture ou par d’autres services et entreprises. Je ne sais pas encore, je n’ai pas la prétention de dire que je pourrai fournir des sacs pour tout le territoire, mais c’est un objectif à atteindre. Peut-être pas dans un an mais dans 10 ans, qui sait, nous essaierons»
Dans ses projections, Nicolas envisage de s’équiper d’une machine lui permettant de produire ses propres granulés BIO. Son argument est encore une fois d'offrir une alternative locale et saine aux aliment pour porcs importés