C'est un conflit qui risque de durer. Démarré ce mercredi 29 novembre, le blocage de la banque de Wallis-et-Futuna se poursuit, avec, depuis ce jeudi 30 novembre, le blocage de l'Assemblée territoriale. Un mouvement de contestation partie de la fermeture d'un compte que les manifestants jugent abusive : "Il y a plusieurs entrepreneurs dans la ligne de mire (de la banque) pour des fermetures de compte, dont un qui est déjà fermé complètement, et impossible de recourir au droit au compte", explique Kamaliele Valefakaaga, président de la Fédération du BTP et participant au mouvement de blocage.
"Ce qu'on montre, c'est que nous sommes des entrepreneurs dans ce pays qui est le nôtre, nous ne demandons pas de l'argent gratuit, on n'est pas là pour demander quoi que ce soit, on travaille parce qu'on a des employés et des familles à nourrir".
Kamaliele Valefakaaga, Président de la Fédération du BTP
Un mouvement qui se veut la continuité d'une manifestation qui avait eu lieu en 2022 pour des motifs similaires et qui avait permis d'aborder quatre points jugés essentiels par les manifestants et rappelés dans une lettre envoyée le 27 novembre dernier par la Fédération du BTP au directeur général de la BNP Paribas, dont fait partie la BWF :
- "Votre engagement à prendre en compte les spécificités de Wallis-et-Futuna."
- "Votre engagement à recevoir chaque personne dont le compte a été clôturé ces cinq dernières années pour lui rouvrir un compte bancaire normal."
- "Votre engagement à répondre aux demandes d'ouvertures de compte bancaire des particuliers ou professionnels et aux demandes de crédit sous 15 jours."
- "L'ouverture des guichets tous les jours en fin de mois, au moment des salaires, afin d'améliorer sa qualité de service."
Quatre points que les participants aux blocages actuels veulent voir être appliqués.
La goutte d'eau en trop
La dernière fermeture de compte, considérée comme abusive, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour de nombreuses personnes sur le territoire, et notamment pour les entrepreneurs. Dans sa lettre destinée au directeur général de la BNP Paribas, la Fédération du BTP réclame : "la réouverture des comptes de tous les entrepreneurs et que le droit au compte soit appliqué et ensuite respecté". Des fermetures de comptes qui rentrent apparemment dans la lutte contre le blanchiment d'argent, mais en tant que seule banque du territoire, les clients de la BWF ne peuvent se tourner vers un concurrent.
Une situation qui pose des problèmes d'investissements pour les entrepreneurs et les entreprises du territoire selon Laurent Mercier, vice-président de la Fédération du BTP, et invité du journal de Wallis-et-Futuna la 1ère ce jeudi 30 novembre : "les entreprises ne peuvent pas investir, s'engager sur le long terme car elles ne savent pas si le compte va être fermé ou pas".
Une situation de blocage qui risque de durer si un compromis entre le mouvement de blocage et la banque n'est pas trouvé, car Laurent Mercier l'assure : "La Fédération (du BTP) est prête à aller jusqu'au bout pour que cette banque quitte le territoire".
Le reportage de Leone Vaitanoa et d'Alexandra Lassiaille :