Sur le départ, l'ancien évêque de Wallis et Futuna revient sur son séjour

Monseigneur Ghislain de Rasilly a quitté Wallis lundi 22 avril 2019. Après 13 ans et demi sur le fenua, il officiera chez les petites sœurs des pauvres en Nouvelle-Calédonie. Sur le départ, il a livré à quelques confidences tandis que certains collègues et fidèles parlent du souvenir qu'il laisse.
Désormais évêque émérite, Monseigneur Ghislain de Rasilly a quitté Wallis ce lundi 22 avril. Direction Nouméa après 13 ans et demi d’épiscopat à Wallis et Futuna depuis le 20 aout 2015. Un pasteur à l’écoute, joyeux malgré les difficultés vécues lors de sa mission. Monseigneur Ghislain prend pour la première fois ses fonctions d'évêque à Wallis et Futuna. Originaire du Maine-et-Loire, cette nomination dans l'archipel est une première pour l'évêque, sur un territoire où tout est à apprendre.

« Quand je suis arrivé ici, je voyais des pères qui construisaient et j’ai dit aux pères qu’il faut que l’on arrête de construire parce-qu’il y a déjà trop de choses. Je crois qu’en 13 ans et demi ici il n’y a jamais eu autant de constructions »

Durant son séjour à Wallis, Monseigneur de Rasilly soutient notamment l'aménagement du sanctuaire de Poi. Depuis quatre ans, le site de Saint Pierre Chanel s'est doté de logements pour accueillir les pèlerins. Ce chantier compte parmi ceux que l'évêque avait à coeur, il saouhaitait même avant sa prise de fonctions, permettre aux fidèles de "marcher sur les pas de St Pierre Chanel"

Souvenirs mitigés


Quelques jours avant son départ, Monseigneur Kilano, comme nous l'appelions, retrace des souvenirs encore vivaces dans son esprit. A Wallis et Futuna, il découvre une population chaleureuse à la foi très marquée. Avec nostalgie, il dépeint l'image qu'il gardera du fenua :

« Le pays est très attachant. Comme le pays est petit on est proches les uns des autres et donc on a des contacts et c’est cela qui va me manquer c’est cette proximité des gens. Les responsabilités vont me manquer aussi mais en même temps je suis content de quitter les responsabilités »


A la fois guide spirituel et administrateur du diocèse, il n’a pas souvent été facile pour monseigneur ghislain de conjuguer tous ses rôles. Ne maîtrisant pas forcément la culture ni les langues locales, il doit souvent faire face aux critiques. D'autant que l'ancien évêque prend ses fonctions durant la première crise coutumière de 2005 à Wallis. Depuis, les clivages se sont amplifiés avec l'intronisation de deux monarques dans un royaume divisé. C'est le plus grand regret de monseigneur Ghislain durant son passage sur le fenua :

« Ce qui m’a marqué et peiné aussi c’est les divisions. À Wallis entre les différents partis. Je suis venu avec les divisions et je repars avec les divisions, ça m’attriste profondément »

La mission qui incombe désormais à Monseigneur Sionepoe semble ardue. A la croisée des chemins, son prédécesseur s'en va avec un rêve inachevé. Monseigneur Ghislain se confie : 

« Ce que je souhaite par dessus tout c’est l’unité et je sais que ça va être le principal souci du nouvel évêque pour recréer l’unité dans le clergé et au sein des institutions »
 

Nouveau départ


En tant qu'évêque émérite, rien n'empêchait Monseigneur Ghislain de quitter le fenua. En Nouvelle-Calédonie, il logera dans un premier temps chez les Petites soeurs des pauvres à Nouméa. Il a choisi de partir pour laisser plus de place à Monseigneur Susitino Sionepoe. Monseigneur Kilano explique : 

« C’est moi qui avait demandé ma démission, ce qui se fait à 75 ans. J’avais dit que je ne restais pas après pour laisser les coudées franches à mon successeur »

 Voici l'intégralité de l'entretien avec Monseigneur Ghislain, réalisé par Lafaela Liufau :
©wallisfutuna

Certains diront que Monseigneur Kilano était "une main de fer dans un gant de velours" lorsqu'il prenait des décisions. d'autres regretteront un père, une oreille attentive et surtout un homme de foi qui faisait de son mieux pour apporter des solutions aux problèmes rencontrés malgré les barrières de la langue et de la culture. 
Quel souvenir garde t-on de Monseigneur Kilano à Wallis? Voici quelques réactions de pères avec qui il a travaillé ainsi que de fidèles wallisiens qu'il a marqués. C'est un reportage de Seilala Vili et Mirna Kilama :
©wallisfutuna