Départ de prêtres, réouverture commandée : le point sur l'affaire de la cathédrale épiscopale de Wallis et Futuna à Mata'Utu

Les révérends pères Amasio Fata'uli et Soane Malivao n'officieront plus dans la paroisse de Hahake. Choqués par des altercations survenues lors d'un enterrement début décembre, ils ont pris leur décision, selon l'évêque du diocèse. Hahake se retrouve sans prêtres à l'approche des fêtes. 
La paroisse de Hahake, dans le centre de Wallis se retrouve sans prêtres à l'approche des fêtes de fin d'année. Les pères Amasio Fata'uli et Soane Malivao ne souhaitent plus officier à la cathédrale de Mata Utu. L'information a été annoncée par l'évêque du diocèse, Monseigneur Ghislain de Rasilly. Cette situation durera jusqu’à janvier 2019. Une réunion entre l’évêque et ses pères est prévue l’an prochain afin de trouver une solution et pallier l’absence de guide spirituel dans cette paroisse. L’évêque a également annoncé que durant les jours de préparation avant Noël, rien n’est prévu à la cathédrale de Mata Utu. La messe de Noël sera bien célébrée en la cathédrale par l’évêque lui-même.
 

Se sentant désavoués, les pères décident de quitter Hahake


Vendredi 07 décembre, la fermeture de la cathédrale de Mata Utu par décision du clergé avait provoqué un véritable imbroglio. Ce geste de protestation avait été annoncé au comité pastoral avec l'aval de l'évêque du diocèse. Dimanche 16 décembre, Monseigneur de Rasilly accepte qu’une messe soit célébrée à Mata 'Utu. A la suite de cette décision, les prêtres Fata'uli et Malivao ont demandé leur mutation hors de la paroisse, considérant que les prises de positions de l’évêque les désavouent. De son côté l'évêque explique :

"La chefferie a été très mécontente, elle n’a pas compris. Sans doute leur première réaction a été de chasser les pères mais ils ont eu la sagesse de ne pas le faire. Ils m’ont demandé de rouvrir la cathédrale. Je n’ai pas voulu désavouer mes confrères. Je suis allé rencontrer sa majesté le roi Patalione (...) Lundi 10 décembre la chefferie est venu rouvrir la cathédrale et ont décidé d’aller prier .(...)Le mardi, sa majesté m’a demandé qu’il y ait au moins la messe de dimanche, j’ai accepté après en avoir parlé au père Amasio. J’ai pensé que 8 jours de fermeture symbolique était un signe suffisant."

Le litige coutumier au centre de ce conflit


Monseigneur Ghislain de Rasilly a formulé ses excuses auprès du père Amasio, tout en soulignant la difficulté de la situation coutumière de Wallis. Pour rappel, les prêtres avaient voulu fermer symboliquement la cathédrale jusqu'à Noël en réaction à des actes de violences survenus lors des funérailles d'un paroissien. L'évêque du diocèse revient sur cet incident :

"Les deux pères dans la cathédrale et beaucoup d’autres ont été choqués par les altercations qui ont eu lieu lors de l’enterrement de Monsieur Afala'ato Kulimoetoke ( jeudi 6 décembre). Les pères ont voulu marquer d’une manière forte leur désaccord et leur impossibilité de prêcher la paix et l’unité quand elles sont niées dans les faits. En tant qu’évêque je les comprend."

Voici l'intégralité des propos de Monseigneur Ghislain de Rasilly :

Monseigneur Ghislain de Rasilly

La chefferie a été surprise par la décision des prêtres


De son côté la chefferie officielle avoue son incompréhension vis à vis de la décision des pères. Selon le premier ministre coutumier Kalaekivalu Halagahu il n'y a pas eu de discussions entre la chefferie et les prêtres. Ainsi, ils ont été surpris de constater la fermeture de la cathédrale de Mata Utu. Entre temps, la cathédrale a été rouverte par les chefs coutumiers de Hahake, lundi 10 décembre. Kalaekivalu revient sur la position de la chefferie :

« Je réfute l’idée que nous ayons chassé les prêtres. Depuis la décision prise vendredi 07 décembre par le père Amasio en accord avec son comité pastoral, nous avons été surpris d’apprendre que la cathédrale avait été fermée. Il n’y a jamais eu d’échanges entre la chefferie et les pères Amasio et Soane. C’est pourquoi, les seuls échanges qui ont permis de rouvrir la cathédrale sont ceux qui se sont déroulés entre sa majesté et l’évêque du diocèse."


Voici l'interview en wallisien de Kalaekivalu Mikaele Halagahu, la traduction française se trouve dans la description :

Kalaekivalu Mikaele Halagahu