Entreprises : la ministre encourage le territoire à définir des stratégies pour le secteur privé

Annick Girardin a visité une scierie à Wallis. C’est la seule entreprise privée au programme. Un secteur fragile qui pointe le manque de moyens et de formation. Pour la ministre, l’Etat est prêt à accompagner le Territoire mais il faut que chacun prenne ses responsabilités.
 
« Je suis une femme de terrain » a pu confier la ministre des outre-mer lors de son arrivée à Wallis. Après les rencontres protocolaires d’usage, le lendemain, mardi 5 mars, Annick Girardin était déjà sur le front. Elle s’est rendu à Mala’e dans l’unique scierie de Wallis. C’est la seule entreprise privée figurant au programme de la visite ministérielle. Créée il y a 9 ans, la scierie met en avant les mêmes difficultés vécues par les près de 650 entreprises patentées de Wallis et Futuna.
 

Manque de moyens et de formation


 L’histoire de Taifisi Folitu’u reflète celle de la jeunesse du territoire. De retour de ses études avec un diplôme d’ingénieur en poche, il n’a pas pu exercer ses compétences sur son fenua. Il a donc imaginé un projet de scierie pour mettre en valeur le bois local. Aujourd’hui, son activité peine à se développer faute de financement. Une grande partie du travail comme le déplacement des pièces de bois se fait à mains nues. Taifisi espère également attirer l’attention d’Annick Girardin sur l’emploi des jeunes :

« Je voudrais la sensibiliser sur les problèmes qu’on rencontre tous les jours. La formation des jeunes car il faut savoir que dans notre société il y a 40% de jeunes de moins de 26 ans. C’est important, ils rentrent sans diplôme parce-qu’il n’y a pas de filière pour le bois à Wallis et Futuna. On les forme sur le tas. On fait ce qu’on peut pouvoir avancer dans le développement de notre société »

L’emploi et notamment celui des jeunes est l’un des chevaux de bataille du gouvernement. La ministre des outre-mer a mis en avant cette priorité. Elle ne s’est pas engagée à débloquer des financements, mais Annick Girardin a souligné l'importance des responsabilités de chacun.
 

Stratégies locales à appuyer et prise de conscience collective


Taifisi Folitu’u s’est lancé comme défi de s’approvisionner uniquement en bois local. En pinus, une variété de pin cultivée à Wallis depuis les années 1970. S’il ne craint pas l’épuisement de cette ressource, c’est au niveau de la concurrence du matériel importé qu’il s’inquiète. Moins cher, considéré de meilleure qualité, le bois importé semble privilégié par les wallisiens et futuniens. Taifisi souhaite que des mesures soient prises pour protéger la production locale.
Sur ce point, l'Etat ne doit pas être seul à faire des compromis. Annick Girardin explique :

C’est important que des entreprises du territoire produisent pour le territoire ou produisent pour exporter. C’est ça que je veux accompagner. L’état peut pas le faire seul, le territoire peut pas le faire seul. Il faut que l’ensemble de la population prenne conscience que chacun a son rôle à jouer dans le développement de cette activité et dans la confiance dans le produit local (…)
C’est au Territoire de gérer, c’est une stratégie du territoire que l’Etat peut accompagner. Comment on peut faire en sorte de privilégier l’emploi local et donc le bois local C’est une stratégie économique qu’il faut mettre en place. Qui va de la taxation notamment douanière, à l’accompagnement sur la formation, à l’accompagnement sur l’investissement. C’est ce qu’il faut aujourd’hui créer. C’est un écosystème et on y travaille au gouvernement en faisant un certain nombre d’entreprises d’accompagnement et ça doit être fait de manière complémentaire avec le territoire.

 

Obligés de se diversifier


Une stratégie de communication doit donc être mise en place pour favoriser les produits locaux. Car la réalité des entreprises artisanales c’est aussi l’obligation de diversifier ses activités pour « survivre ». Taifisi est aussi à la tête d’un bureau d’études et sa scierie dispose d’un espace de menuiserie. La ministre des outre-mer encourage les porteurs de projets mais à Wallis et Futuna, il est encore difficile d’aligner les prix à la demande. Au-delà des difficultés rencontrées par le secteur privé, la vraie question concerne les habitudes de consommation. Sommes nous prêts pour le tout local ?

 Mercredi 06 mars, Annick Girardin sera accueillie à l’assemblée territoriale. L’occasion sûrement d’évoquer le développement du secteur primaire, l’une des priorités énoncées dans la stratégie de développement du territoire d’ici 2030.