D'après nos informations deux personnes vont être présentées à la justice dans le cadre du dernier cambriolage en date (voir ci-dessous) dans le sud de Wallis. Les gendarmes tiennent aussi à préciser que si les faits de cambriolages ou vols de voiture sont en augmentation d'une année sur l'autre (10 en 2022 et 15 en 2023 sur les 5 premiers mois de l'année), on ne peut pas parler "d'explosion de la violence pour autant."
La gendarmerie en appelle à la collaboration de la population et de la chefferie pour élucider et empêcher les cambriolages car souvent, ces affaires restent en vase clos et se règlent de façon coutumière.
Le reportage de Sofia Hoatau, Lotana Moefana et Laurent Damiron :
Dans la nuit du 1er juin dernier, le dernier cambriolage dans le district de Mu'a a été dénoncé avec force par la victime. Il faut dire qu'elle a eu "la peur de sa vie", dans un premier temps, avant d'être capable de faire fuir ses agresseurs, sa fille ayant même réussi à arracher un bout de tee-shirt et un chandail aux délinquants.
Il faut dire que les 4 cambrioleurs, jeunes d'après la victime, n'ont reculé devant aucune audace, non seulement ils se sont introduits nuitamment dans le domicile où dormaient la victime et ses deux enfants, mais de plus ils n'ont pas hésité à soulever le matelas sur lequel dormait la petite famille afin de voir s'il n'y avait pas de l'argent liquide à voler.
Malgré le fait qu'ils aient été chassés, ils ont tout de même réussi à voler une somme en liquide qui provenait de la paye de cette dame, cuisinière dans un restaurant de l'île.
La victime, accompagnée de sa plus grande fille, a ensuite tenté d'appeler à de très nombreuses reprises la gendarmerie, sans réponse, nos reporters ont pu consulter le téléphone mobile de la victime appuyant ses dires, il était aux alentours de 2h30 du matin.
Gendarmes absents
Voyant que les gendarmes ne répondaient pas, elle s'est même rendue sur place à la gendarmerie mais elle a trouvé "porte close", une affirmation étayée par une vidéo que nos reporters ont pu consulter, vidéo qui montre deux personnes frappant à la porte de la gendarmerie et essayant même d'ouvrir la porte fermée à clé.
La victime et sa fille, apeurées mais aussi en colère ont dénoncé avec force cette situation qu'elles jugent "inacceptable" de la part de la gendarmerie absente cette nuit-là.
De son côté, sollicitée par notre rédaction, la gendarmerie explique "qu'au moment des faits, les gendarmes étaient partis en patrouille et que le téléphone était en dérangement".
Des explications qui n'ont pas eu l'air de convaincre la victime.
Après ce nouveau cambriolage, les habitants du sud de l'île, précisément le district de Mu'a, commencent non seulement à s'inquiéter mais aussi et surtout à être en colère.
En colère contre une gendarmerie qu'ils jugent "inefficace" et "bien trop peu présente" après la série précédente de cambriolages et de vols de voiture. Un ancien gendarme explique même "qu'il n'y a pas assez de surveillance, que les patrouilles ne font pas leur boulot (...) que les gendarmes ne sont pas venus pour aller à l'îlot mais pour travailler."
Certains habitants, sous couvert d'anonymat, expliquent pourtant que les suspects de ces cambriolages sont clairement identifiés, la victime du dernier cambriolage par exemple est certaine qu'un de ses agresseurs fait "partie de sa famille et que le père du présumé agresseur serait même venu s'excuser."
La loi du talion redoutée, envisagée
D'autres habitants, exaspérés, expliquent aussi que "de leur temps, on savait recadre les enfants", d'autres n'hésitent pas à en appeler à la loi du talion : "il faut appliquer la méthode wallisienne, explique cet homme d'une soixantaine d'années, avant, ceux qui contrevenaient à la loi étaient convoqués par la chefferie et ils pouvaient recevoir des coups de fouets et être condamnés à faire des travaux pour la communauté."
Quant aux gendarmes, ils expliquent qu'actuellement "plusieurs enquêtes sont en cours, qu'il n'est pas facile d'investiguer quand les témoins ne veulent pas parler et qu'on ne fait pas une enquête sur des racontars mais sur des faits établis." La gendarmerie rappelle qu'elle a multiplié les patrouilles ces dernières semaines autant de jour que de nuit.
Alors que la tension monte dans le sud de l'île et que les habitants deviennent de plus en plus méfiants, il y a comme une douceur de vivre et une douce innocence un peu surannées qui semblent s'évanouir dès le coucher du soleil sur le lagon.
Le reportage de Sofia Hoatau et Lotana Moefana :