Fête du 1er mai : les célébrations exceptionnelles de la Saint Joseph

Wallis et Futuna1ère a comme chaque année retransmis en direct en radio et en télévision la Saint Joseph à Mu'a
La célébration de la Saint Joseph est exceptionnelle cette année. D'abord parce que les plus hauts dignitaires de l'Eglise du Pacifique ont participé aux offices. Ensuite parce que pour la première fois deux "Lavelua" ont participé aux cérémonies. 
Le 1er mai 2016 va marquer les esprits... et l'Histoire de Wallis.
Pour la première fois les plus hauts dignitaires de l'Eglise venus de tout le Pacifique ont célébré -avec les Pères de chaque paroisse-  les messes de la Saint Joseph. Le Cardinal Soane Patita Paini Mafi à l'Eglise Saint Joseph de Mua. A ses côtés, notre évêque.
A la cathédrale, le Nonce apostolique Martin Krebs, l'ambassadeur du Pape François. A Hihifo, Monseigneur Calvet, l'Archevêque de Nouvelle Calédonie.
Ils ont tous fait le choix de s'arrêter à Wallis pour la Saint Joseph après avoir commémoré les 175 ans du martyre de Saint Pierre Chanel à Futuna. A Sigave, Fiua a également fêté ce jour son Saint Patron.

Une Saint Joseph pas comme les autres

Pour la première fois aussi la Saint Joseph s'est fêtée avec deux "Lavelua". Tominiko Halagahu à Mua. Patalione Kanimoa à Sagato Soane.
Pour la première fois également, aucun des dignitaires de l'Eglise n'a assisté à la cérémonie coutumière qui suit la messe. Une organisation mise en place par le Père Bataillon à la fin du XIXè siècle. Il entendait marquer ainsi le lien étroit qui attache la religion à la coutume.
Pour la première fois enfin aucun représentant de l'Etat ou d'une administration n'a participé à la cérémonie coutumière du kava.

Porter la "Bonne Nouvelle"

L'Eglise de Mua était superbement décorée pour l'occasion. Un chemin de siapo traçait le passage emprunté par le Roi et la procession. Une Eglise Saint Joseph où pas une place n'était libre derrière le Lavelua Tominiko Halagahu et ses Ministres. "En entrant dans l'Eglise, j'ai ressenti une force intérieure" a commenté devant notre caméra à la sortie de l'office le Cardinal Soane Patita Paini Mafi. Avec émotion il évoque le passé "J"ai ressenti la présence de mes aînés. Et je connais l'histoire des missionnaires, du travail ardu qu'ils ont fait. Ils ont tout donné, même leur vie, pour évangéliser les deux îles. Tout ça est source de courage pour moi. Je repars avec plein de bonnes choses à Tonga". Poursuivant le fil de son raisonnement, le Cardinal conclut en faisant le lien entre Wallis et Futuna. Et en constatant le succès de la démarche de foi de ses prédécesseurs. "Je souhaite qu'à l'avenir la foi des aînés se transmette de génération en génération. C'est d'ailleurs le souhait de Monseigneur Bataillon : que la Bonne Nouvelle se propage et se renforce à Uvea et Futuna".
La "Bonne Nouvelle, le sens précis de "Evangile" a été la référence de tout ce déplacement à Wallis comme à Futuna du Cardinal Soane Patita Paini Mafi. Une "Bonne Nouvelle" à porter qui est aussi l'une des pierres angulaires de l'action du Pape François.

Une cérémonie coutumire sans autorités religieuses

La cérémonie coutumière en présence du "Lavelua" Tominiko Halagahu et de toute sa grande Chefferie suit la messe. Elle a été préparée par les villageois d'Utufua. Kava après kava, dans l'ordre protocolaire, la cérémonie se déroule sous un soleil mordant. Représentant l'Eglise, le Père Lafaele Faupala. Mais pas le Cardinal ni l'Evêque. "Je constate aujourd'hui que les gens sont malgré tout heureux. Chacun a fait une offrande comme toutes les fêtes paroissiales. Une façon d'exprimer leur foi en Jésus" constate le chef du district de Mu'a, le faipule Maleto Liufau. Il ajoute : "J'ai un petit pincement au coeur parce que je pensais que le Cardinal resterait pour la cérémonie coutumière. Mais on n'y peut rien. C'est la décision du clergé."
Un commentaire partagé par le Père Lafaele Faupala, le curé de la Paroisse de Mu'a : "C'est une décision de l'Evêque. J'espère que la décision a été sage vue la situation actuelle de Wallis, je l'ai acceptée. Humblement. J'espère que la population de Mu'a aussi. Surtout la Chefferie".
Une matinée close par un "kai" et quatre danses.

A Wallis et Futuna 1ère, comme chaque année depuis de très nombreuses années le 1er mai pour la Saint Joseph, nous avons retransmis en direct à la télévision et à la radio la messe et la cérémonie coutumière. Nous avions déployé les moyens techniques des grands jours -avec le car-régie et ses caméras- comme pour chaque retransmission en direct. Ce sont toujours des événements. Pour nos équipes aussi.


Monseigneur Martin Krebs "Aimez-vous les uns les autres"

Parallèlement, la Saint Joseph était célébrée à la cathédrale. Là aussi, un décor soigné, un chemin de siapo et une nef accueillant de nombreux fidèles.
Au premier rang, le Lavelua Patalione Kanimoa et ses Ministres.
Le Nonce apostolique -l'ambassadeur du Pape François dans le Pacifique- son Excellence Monseigneur Martin Krebs a célébré la messe avec le Père Amasio Fatauli en insistant, dans son sermon prononcé dans un français parfait, sur l'amour des autres :"Il faut s'aimer, l'un l'autre. C'est le commandement fondamental des Chrétiens." Il poursuit en argumentant : "Je me rappelle dans ma classe de l'école primaire. C'était même écrit sur le mur "aimez-vous les uns les autres! Souvent, ça reste une belle, phrase, belle, très belle, mais difficile à faire. J'aimerais vous inviter à faire un effort spécial aujourd'hui, dans les jours qui viennent pour aimer surtout ceux qui se méfient de vous." 
"Que ceux qui des oreilles pour entendre... entendent"... les paroles du sermon de Monseigneur Martin Krebs en ces temps de tension à Uvea.


Humilité et paix sociale

Un message qui été compris dans ce sens-là par des fidèles qui ont assisté à la messe. Témoin cette réaction d'une habitante de Hahake à la sortie de l'office. "En ce jour très important demandons à Saint Joseph de nous éclairer pour qu'enfin notre pays retrouve la paix sociale, surtout ici à Hahake".
Pour le Premier ministre, le kalaekivalu Mikaele Halagahu, même paroles d'apaisement :"Dans l'homélie du Nonce apostolique il nus rappelle et nous montre le chemin à suivre, l'humilité. L'exemple de Jésus. C'est ce que nous devons faire pour enfin trouver la paix sociale."
Comme à Mu'a, une cérémonie coutumière a suivi l'office religieux. En présence du Lavelua Patalione Kanimoa et de sa grande Chefferie. Comme à Mu'a l'ordre des kavas est scrupuleusement respecté. Et suivi d'un "kai". En revanche, pas de danses.

La Saint Joseph aura marqué la première grande fête où les deux "Lavelua", les deux grandes Chefferies, les alliés des uns et des autres auront eu à "vivre ensemble", à célébrer en parallèle... à défaut de célébrer ensemble. Le désir de ne pas ajouter de tension à la tension l'a emporté.