Le gouvernement a annoncé, le troisième et dernier réfèrendum de la Nouvelle-Calédonie aura lieu le 12 décembre prochain. La relation entre Wallis et Futuna et le caillou sera l’un des enjeux de cette consultation en raison du grand nombre d’électeurs Wallisiens et Futuniens.
C’est un moment de télévision. Mi-février, Vaimua Muliava, secrétaire général de L’Eveil océanien, parti de la communauté originaire de Wallis et Futuna, était l’invité du journal télévisé de NC La 1ère. Ministre du gouvernement sortant renversé par le congrès, il était candidat au renouvellement de son poste sur une liste indépendantiste. Mais une manœuvre politique l’a privé de son fauteuil dans la nouvelle équipe ministérielle. Lors de cette interview, le leader océanien fait porter le chapeau de son éviction aux loyalistes non indépendantistes qu’il accuse de « machination politique et de rejet de la communauté wallisienne et futunienne ». Il se tourne ensuite vers la caméra et s’adresse directement aux siens sur un mode émotif : « notez bien ce qui s’est passé… la facture se paiera encore ». Un appel non déguisé à sanctionner les loyalistes de L’Avenir en Confiance.
- Facture et fracture
Aussitôt c’est le branle-bas de combat chez les partis non indépendantistes qui ont toujours disposé d’un important réservoir de voix dans la communauté jusqu’à l’émergence de… L’Eveil Océanien. Par media interposés et lors de réunions communautaires, l’élu du sud Gil Brial rejette « la faute » sur L’Eveil océanien qui « s’est puni lui-même » en s’alliant aux indépendantistes dont l’un des partis « l’a mis dehors » du gouvernement, « sauf que c’est dur de dire qu’on a été écarté par ses nouveaux alliés ».
Cette fracture politique s’est produite au terme de près de deux ans de relations de plus en plus tendues entre L’Avenir en Confiance et L’Eveil océanien dont les trois élus au congrès jouent un rôle charnière crucial depuis les élections de 2019. Pas de majorité pro ou anti indépendantiste sans l’appoint des « Océaniens ». Cette escalade de la tension puise en partie son origine dans la relation entre la Nouvelle Calédonie et Wallis et Futuna.
- Accord gouvernemental contre accord provincial
Chapô : D’abord allié aux loyalistes, le parti communautaire a fait élire, en février, un gouvernement à majorité indépendantiste, pour la première fois depuis l’accord de Matignon. Auparavant il avait porté par deux fois un indépendantiste à la tête du congrès tout en faisant son entrée dans le groupe des élus de l’Union calédonienne indépendantiste.
Le président du parti, Milakulo Tukumuli, a justifié son revirement en affirmant que les loyalistes « n’avaient pas respecté l’accord passé » ajoutant « le travail de Vaimua Muliava sur l’accord particulier avec Wallis et Futuna a été entravé ».
Après plusieurs années de négociations, l’avenant 2020-2024 à « l’accord particulier » entre les deux territoires du pacifique-sud n’a toujours pas été signé. Mais en novembre dernier, la province sud à majorité non indépendantiste a paraphé, elle, une « déclaration d’engagement » avec l’Assemblée territoriale de Mata Utu. Ce document porte sur la culture, le sport et surtout le développement économique. Avec à la clé la promesse de construction d’une maison de Wallis et Futuna à Nouméa.
- Les liens avec le fenua
Ces bisbilles autour des accords sont l’un des champs de bataille politique entre Océaniens et non indépendantistes car la quasi-totalité des 30 000 Wallisiens et Futuniens de Calédonie habitent le Grand Nouméa, en province sud. De plus ce poids électoral a une dimension affective et matérielle en raison de l’attachement de cette communauté à « son fenua » d’origine. Le maire loyaliste de Païta, le Wallisien Willy Gatuhau n’a pas caché l’enjeu : « du résultat de ce referendum, dépendra nos liens avec Wallis et Futuna ». En clair, en glissant leurs bulletins dans l’urne, ces électeurs prendront en compte les conséquences de leur vote pour les deux îles polynésiennes et donc pour eux même et leurs familles.
Les échauffourées politiques ne vont pas s’arrêter au referendum de décembre. L’Eveil océanien et l’Avenir en Confiance préparent déjà le jour d’après. Quelque soit le résultat, une période de transition de près de deux ans se conclura par une nouvelle consultation référendaire et des élections. La relation entre Wallis et Futuna et la Nouvelle Calédonie va persister dans le débat électoral.