La vaccination anti-covid avance au ralenti à Wallis et Futuna

Si la première semaine de vaccination a bien commencé sur le territoire aussi bien pour la première que pour la deuxième dose, l'écart est de plus en plus visible. Le nombre de vaccinés baisse de jour en jour. Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce phénomène.

A ce jour 51,5% de la population vaccinable du territoire a reçu la primo-injection de Moderna soit 4 271 (denier chiffre du 07/05). Un résultat obtenu en 6 semaines de campagne depuis le 20 mars. Deux vagues de renforts sanitaires ont été missionnées sur le territoire pour le bon déroulement de cette opération, dans l’espoir des autorités notamment le COMIS, de pouvoir atteindre dans les plus bref délais l’immunité collective fixée à 70%. Un seuil qui a du mal à être atteint. Depuis le 03 avril le nombre de vaccinés ne dépasse pas les 40, et la semaine dernière le nombre maximum est de 20 personnes.

Une situation qui se répercute dans la campagne de la 2ème injection du vaccin Moderna. Dès les deux premières semaines de l’opération, l’écart commence à être visible. Au 07 mai dernier, 76 personnes ne se sont pas présentées pour la dernière étape.

LES FACTEURS :

Les mouvements anti-vaccination ont toujours existé depuis l’implantation des premières campagnes vaccinales jusqu’à aujourd’hui. Mais ils semblent progresser de plus en plus en Europe, aux États-Unis, un peu partout dans le monde. Ils peuvent causer directement ou indirectement des perturbations majeures voire parfois des interruptions dans les politiques vaccinales nationales. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette réticence ou hésitation au vaccin anti-covid :

La méfiance puisque les vaccins ont été fabriqués en moins d’un an, et sont déjà sur le marché.

Les conseils des familles résidant à l’extérieure

Les effets secondaires à la suite de l’injection

Le manque d’informations sur la maladie et le vaccin

Les réseaux sociaux, médias peuvent avoir une influence négative et parfois positive sur le choix vaccinal et induire parfois une hésitation vaccinale. Internet a bouleversé l’information à propos de la vaccination et la façon de la traiter. En effet sur le web ou sur les réseaux sociaux n’importe qui peut mettre en ligne une information sur la vaccination. On a donc une production d’un très grand nombre de contenus édités par des personnes pour leur propre compte ou pour le compte de sites.

Cette crise sanitaire rend l’homme vulnérable. Le trouble s’installe facilement, la méfiance gagne de plus en plus du terrain dès l’apparition de la moindre information qui mettrait en jeu la santé. Exemple, le vaccin Astrazeneca qui est à l’origine de cas de thromboses veineuses atypiques. Jean-Michel Masei, psychologue au cabinet de conseil à Toulouse : « IN TEAM CONSULTANTS » :

« Aujourd’hui, les réseaux sociaux récupèrent en masse ce qui se nomme de la « data » ou « données ». Ces données récoltées permettent de filtrer les informations qui seront mises en avant dans le fil d’actualité d’une personne. Par exemple, vous venez de parler de vous acheter de nouvelles chaussures pour le volley et quelques minutes plus tard, il vous est proposé en publicité une paire de Nike en promotion. Les réseaux sociaux utilisent des techniques d’influence et de manipulation tirés de la psychologie et du neuromarketing, une matière fusionnant de la psychologie, des neurosciences et du marketing. « Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit ». A l’ère du numérique, on a vu se développer les technologies de l’information et aujourd’hui, la quantité est astronomique. Il devient difficile pour une personne de faire le tri entre information de sources sûres et ce que l’on nomme les fakes news ou fausses informations. Les algorithmes vont jouer sur la psychologie de l’humain. Dès qu’une personne va cliquer sur un lien avec un sujet spécifique, les données sont enregistrées et de nouveaux articles ou post avec le même sujet vont apparaître. Ce qui rend l’information véritable pour la personne en question. Ce phénomène est un biais de confirmation. La personne qui commence à croire en un sujet donné privilégiera inconsciemment les nouvelles informations qui vont valider sa croyance. Et le peu d’information que l’on pense avoir sur le sujet renvoie à un autre biais cognitif, l’effet Dunning-Kruger qui sous-tend l’idée qu’une personne ayant une faible quantité de connaissances dans un domaine tend à surestimer son savoir. De plus, il faut également prendre en compte le milieu culturel et social de la personne, les phénomènes de groupe et la puissance des rumeurs. L’environnement aura un impact sur ce que l’on appelle le système de représentation ou la manière de voir le monde. Par défaut, le cerveau fait des raccourcis entre les informations que nous voyons et les événements que nous avons vécus. Les réseaux sociaux et internet ont aujourd’hui un impact fort sur notre perception de l’information. Il est primordial que chaque personne fasse preuve de scepticisme face aux informations qu’il trouve en ligne et qu’il se renseigne en détail et de manière rationnelle pour éviter la désinformation. »

Ailleurs le manque de dose se fait voire, mais ce n’est pas le cas sur le territoire. Depuis mi-mars 18 000 doses ont été envoyées de la métropole, suite à la détection de 67 cas positifs en 5 jours. Un moyen annoncé par les autorités pour casser la propagation du virus dans les meilleurs délais. Hors ce n’est pas du tout l’avis de tous, même si elle n’est pas obligatoire, mais certains ne veulent pas ou hésitent encore à se faire vacciner.