Mécontents, des clients de la BWF s'opposent au tout virtuel

Seul établissement bancaire sur l'île, la BWF se retrouve face à la grogne de sa clientèle. L'établissement est en train d'apporter quelques changements, elle oriente les usagers vers des moyens de paiements virtuels Mécontents, les clients craignent de ne plus avoir de contrôle sur leur compte.
Un vent nouveau souffle sur la Banque de Wallis et Futuna (BWF). Dans cette filliale de la BNP Paribas, depuis septembre, les retraits en guichet sont plafonnés à 120 000 par mois, jusqu’à 180 000 francs pour les professionnels. Retraité de l’enseignement depuis 2013, la situation n’arrange pas du tout Pierre Boivin :

"J'ai l'habitude de tout payer en espèces, un beau jour je vais à la banque et on me dit que je ne peux retirer que 100 000 francs! Quand je demande pourquoi, on me répond que ça vient de Nouméa, c'est pour lutter contre le blanchiment d'argent"

Moins de paiement en espèces pour privilégier la carte bleue et les virements


De nombreux usagers de la banque fustigent cette réglementation. Pourtant, elle n'est pas nouvelle. Tolérés jusqu’à maintenant, les retraits au guichet de sommes dépassant 120 000 sont en fait interdit par l’Institut d'Emission Outremer (IEOM) depuis 2018 pour lutter contre le blanchiment d’argent. Tout doit être déclaré selon la direction qui n’a pourtant pas souhaité s’exprimer face caméra. De son côté le client n’a d’autre choix que la résignation. Proche de la retraite, Esitio Folautano'a redoute pour le paiement de ses factures:

"120 000 francs par mois ce n'est pas assez! Je fais comment pour payer l'eau ou l'électricité? Au bout d'un moment, les sociétés à qui l'on doit de l'argent vont nous taxer de mauvais payeurs, ce n'est pas possible!"


Pour la direction de la BWF, il s'agit d'orienter sa clientèle vers les paiements virtuels comme cela se fait ailleurs. Le retrait en distributeur automatique ou le virement doivent entrer dans les habitudes de la population. L'établissement se dit ainsi prêt à accompagner son client dans ses démarches pour obtenir une ou plusieurs cartes bleues. Maurice Lasanté, le directeur de la banque, espère ainsi changer les habitude au fenua pour se mettre dans l’air du temps. Seulement, c’est encore trop tôt selon Amélia Ugatai Lauhea. La commerçante dit :

"J'ai des employés qui n'ont pas de compte en banque, donc je préfère les payer en espèces. Il faut qu’ils assimilent et leur imposer un chéquier ou un travail par virement t’as beaucoup de familles qui ne sont pas habituées. Un jour ils (la BWF)  ont dû fermer la banque avec un petit communiqué sur la porte en raison d’un manque d’effectif. Ça c’est choquant! On peut pas avoir d’emprise sur son argent, j’ai bien l’impression qu’on est plus géré par une dictature que par un partenariat »


Pourtant le changement est en marche. La BWF annonce que les opérations de retrait en guichet seront fermées deux jours par semaine à partir du 1er décembre 2019. De même, un deuxième distributeur automatique de billet sera installé au Service des Postes et Télécommunications à la fin décembre.

Pour revoir le reportage de Seilala Vili et Jean-François Puakavase :
©wallisfutuna