Un moment hautement symbolique et plein d'émotion. Annick Girardin a planté un arbre pour marquer l'évènement avant de lever le voile recouvrant le panneau d'entrée de l'académie. Un dernier ruban découpé a signé l'officialisation de son ouverture. C'est une voie nouvelle qui s'ouvre pour l'académie, d'autant qu'aux prémices de son existence, les projets ne manquent pas.
Renforcer la présence des langues vernaculaires
"Avec les réseaux sociaux, les jeunes ne nous ont pas attendu pour créer de nouveaux termes"
- Malia Laufoa'ulu, directrice de l'Acédémie des langues de Wallis et Futuna
L'un des principaux défis pour l'académie est de pouvoir actualiser la langue. Avec l'arrivée des nouvelles techonologies, les locuteurs n'ont effectivement pas attendu qu'une norme soit établie pour créer de nouveaux mots. Une diversité de termes, parfois wallisianisés, qui en se multipliant pourraient entrainer la confusion. Pour "survivre" les langues locales doivent s'approprier ces changements en créant de nouveaux mots.
L'académie souhaite renforcer l'enseignement des langues vernaculaires dans le premier et le second degré de l'éducation. Pourquoi ne pas envisager un CAPES en wallisien et en futunien ? Présent lui aussi à l'inauguration, Weniko IHAGE le président de l'académie des langues kanak a interpellé la ministre sur ce point. Assurant également son soutien à notre académie pour que le wallisien et le futunien puissent être enseignés en Nouvelle-Calédonie. Ihage a ainsi réitéré son appui à l'ouverture d'une antenne de l'académie des langues en Nouvelle-Calédonie.
Le président de l'académie des langues kanak a exprimé dans un discours empreint d'émotion, sa joie de voir les langues de france en océanie reconnues. Wallis et Futuna étaient les dernières îles françaises du pacifique à créer leur académie. Des décénies après le paumotu, le marquisien, le tahitien ou les langues de Nouvelle-Caéldonie. Weniko IHAGE a demandé une attention particulière à la ministre. Il souhaite l'appui du gouvernement pour la mise en place d'un colloque en 2020 :
"En souvenir de cette multiplicité de statuts des langues maternelles en 2019, je voudrais vous demander si on peut pas organiser nous, Wallis et Futuna, La Nouvelle-Calédonie, Tahiti, l'an prochain organiser un colloque international sur l'avenir des langues maternelles, patronné par la ministre des outre-mer."
La ministre souhaite mieux accompagner l'académie
Au niveau local, une multitude de projets attendent l'académie des langues. L'ouverture de cours de wallisien en présentiel, la mise en place de soirées contes en langues locales, des cours de wallisien et de futunien par correspondance ainsi que la création d'un diplôme universitaire des langues vernaculaires en partenariat avec l'université de la Nouvelle-Calédonie. Au seuil de cet édifice, l'ALWF espère beaucoup du passage de la ministre. Avec l'intervention du président de l'académie des langues kanak, il y a aussi en filigrane un souhait de reconnaissance des langues océaniennes d'Outre-mer.
Annick Girardin a compris l'inquiétude de ces populations de la France lointaine. Sans s'être engagée, elle a tout de même promis d'étudier leurs demandes :
"Il faut faire en sorte que le wallisien et le futunien restent des langues vivantes parlées par toutes les générations. Je ne néglige pas la question des moyens et des moyens humains (...) J'ai pour habitude de ne jamais faire une promesse dans le vide, mais je peux vous promettre une chose c'est d'étudier cette demande et de voir comment nous pouvons mieux vous accompagner et d'accompagner l'ensemble de vos projets"
Consécration
Il y a eu des larmes, des applaudissements, beaucoup d'émotions dans les regards de ceux qui ont vu la naissance "officielle" de l'académie des langues de Wallis et Futuna. Le président de l'académie, Sioli PILIOKO a évoqué l'histoire de Wallis et Futuna mais il a surtout tenu à préciser que les langues du fenua sont aussi une part de l'histoire du triangle polynésien et de l'Océanie. Sioli Pilioko a précisé :
"Wallis, je pense détient des éléments très intéressants sur l'origine des langues polynésiennes"
Cinq des six académiciens de Wallis ont été décorés d'une médaille à l'éfigie du père Bataillon. Un signe de reconnaissance pour le travail accompli et pour ce qu'il reste à faire. Le chemin est encore long, mais pour Fania Toa, l'une des académiciennes décorées, cette inauguration marque un début de chantier sous de bons auspices :
Il y a beaucoup de travail à faire. Nous ne sommes pas assez nombreux mais le fait que là ministre était là pour nous remettre ces médailles, je pense que dans son discours j’ai remarqué qu’on va certainement travailler plus ensemble et beaucoup plus sérieusement
Revivez cette journée historique, dans ce reportage de Sofia Hoatau et Lagimaina Hoatau :