Une oasis tueuse de dioxyde de carbone au large de Wallis et Futuna

Une zone naturelle de 400 000 km2 au large de Wallis et Futuna étudiée par l'IFREMER serait un piège naturel à dioxyde de carbone
Entre Wallis et Futuna et les îles Tonga, le navire océanographique de l’IFREMER étudie actuellement un piège à dioxyde de carbone. Un mélange de plancton et de microalgues digèrent naturellement le C02 sur une zone de 400 000 km2.

Imaginez un endroit où les microalgues pullulent au milieu d'un désert océanique, une zone de 400 000 km2 tout de même, où l'activité biologique est fortement stimulée avec du plancton, des micro-organismes qui se développent à la surface et qui captent le dioxyde de carbone. Cette forêt marine visible depuis l'espace se trouve au large des îles de Wallis et Futuna et de l'archipel de Tonga dans le Pacifique Sud.

Une équipe d'océanographes français, menée par les chercheuses Sophie Bonnet de l'IRD et Cécile Guieu du CNRS, après plusieurs semaines en mer, vient de démontrer tout le potentiel de ce puits de carbone. Ce potentiel vient des volcans sous-marins, car les volcans agissent comme des agriculteurs dans leurs champs qui tentent de fertiliser les sols. Ils sont peu profonds – certains à 500 m de profondeur – et ils rejettent en masse, un élément essentiel à la vie : du fer. C'est lui qui permet de stimuler l'activité biologique et d'alimenter notamment : les diazotrophes. Ce sont des organismes microscopiques qui jouent là un rôle essentiel puisqu'ils permettent de capter et de séquestrer le CO2 dans l'Océan profond.

Une zone de 400 000 km2 serait un piège naturel au dioxyde de carbone

Stimuler l'activité du phytoplancton

Les océans tropicaux, eux aussi, peuvent être des puits de carbone. On le sait, les océans sont des puits de carbone essentiels. Ils captent un quart de nos émissions de CO2. Mais tous n'ont pas la même efficacité. Les océans des zones tempérées et polaires, riches en nutriments, sont connus pour être de gros puits de carbone.

En revanche, les océans des zones tropicales, comme le Pacifique sont parfois qualifiés de déserts et sont jugés moins efficaces. Sauf là, effectivement, dans cette région des Tonga, grâce au mécanisme de fertilisation naturelle. On pourrait provoquer cette fertilisation de façon artificielle. L'idée serait d'injecter dans l'océan des nutriments comme le fer pour stimuler l'activité du phytoplancton et multiplier les micro-organismes qui captent le CO2. Cela permettrait de faire de l'océan un puits de carbone encore plus performant. Mais ces techniques de fertilisation artificielle ont déjà été testées. Et malheureusement, les résultats ne sont pas concluants, voire contre-productifs.