Patita Hanisi, éleveur ne tarit pas d'éloges sur les nouveaux occupants de son parc. Treize beaux porcelets d’une quinzaine de kilos chacun. Jusque là, rien de bien spécial, il faut demander leur âge pour comprendre le côté exceptionnel. Ces porcelets ont tout juste un mois et deux semaines. Patita n'a jamais rien vu de tel. Ces supers porcelets sont le résultat de la première expérience d'insémination artificielle menée sur l'île l'an dernier. Patita ne regrette pas d'avoir pris part au projet:
"Il y a une très grande différence. D’habitude avec la race locale, il faut au moins 2 à 3 mois pour qu’ils atteignent les 10 kg, alors que ceux-la, à un mois et demi, ils sont presque à 20 kilos. Et je n'ai rien changé à l'alimentation, ni doublé les fréquences."
Taleka TAKASI fait partie des cinq éleveurs à avoir participé au programme. Elle fait le même constat que Patita, 70% de réussite. Sur les 4 truies qu'elle a sélectionnée pour l'insémination, 3 seulement ont mis bas le mois dernier.
Les semences utilisées proviennent de l’UPRA porcine de la Nouvelle-Calédonie: l’unité pour la promotion des races animales."Ce sont celles que j'ai croisé avec le Large White, le Pietrain Duroc, et le Pietrain pur. Le Landrace n'a rien donné, ça n'a tout simplement pas fonctionné, pour aucun d'entre nous d'ailleurs. Je suppose que ce doit être une question de climat. Les températures ne sont pas les mêmes à Wallis et en Calédonie."
Des semences de races sélectionnées pour améliorer la taille et la valeur charcutière et bouchère de la viande, nous explique Véronique, responsable du plateau technique du Lycée Agricole de Vaimoana:
"Pour le Large White, on va tomber sur du cochon qui va plutôt faire de bonnes côtelettes, du bacon. Quand au Pietrain Duroc, ça va être du cochon un peu plus lourd, qui fera donc du bon jambon.C'est surtout pour améliorer les qualités gustatives des viandes. On aura de la viande un peu plus salée, et surtout moins riche en graisse."
EN 2018, Jacky Tuakoifenua, agent du lycée agricole et des éleveurs ont suivi une formation à l'UPRA en Nouvelle-Calédonie sur l'insémination artificielle. Il s'agissait d'acquérir les compétences, les techniques pour mener cette première expérimentation, et à terme pourquoi pas mettre en place une structure locale dédiée. Et comme l'amélioration du patrimoine génétique des porcs locaux ne consiste pas uniquement à inséminer ou croiser des races. Le lycée agricole et la Chambre de Commerce, de l'industrie des métiers et de l'agriculture sont prêts à accompagner les éleveurs.
"L'insémination artificielle est bon point de départ. Ensuite, il va falloir greffer toutes les composantes d'un bon élevage professionnel. Je pense à l'alimentation, aux soins, ègalement à travailler avec le service de l'environnement pour le traitement des effluents. Cette année, nous allons travailler avec le lycée agricole pour que les éleveurs professionnels du Groupement puissent suivre une formation qui va leur donner toutes les bonnes bases. Cela leur permettra de pérenniser leur activité voire même l'améliorer. Nous nous pencherons aussi sur des dossiers d'investissement pour des porcheries modernisées, mises au normes notamment sur cette question de rejet des effluents dans l'environnement" nous livre Gwendoline Cocquet, chargée de mission pour le développement des filières agricoles, élevage, halieutiques et forestières à la CCIMA.
Plus d'une trentaine de supers porcelets sont nés de cette première expérience. Pour l'instant, la directive est de remplir un cahier d'élevage pour le suivi, l'évolution de ces cochons. Pas question pour l'instant de les vendre ou de les échanger. Le groupement tient à contrôler leur introduction progressive dans les cheptels, car l'objectif est d'apporter du sang neuf tout en préservant la race locale.