Présidentielle 2017 à Wallis et Futuna: fracture territoriale, éclatement politique et abstention record

premier tour
Emmanuel Macron est arrivé en tête du 1er tour de l'élection présidentielle à Wallis et Futuna. Une victoire sur fonds de fracture territoriale entre les deux îles, d'éclatement politique et d'abstention record.
L’électorat de Wallis et Futuna a éclaté  politiquement et territorialement au 1er tour de l’élection présidentielle sur fonds d’abstention record.

Sur le plan politique, les Wallisiens et Futuniens ont découpé leurs votes en trois tiers quasiment égaux.
Emmanuel Macron est arrivé en tête avec 30,48% des voix.
La droite réunit également environ 30% des suffrages avec François Fillon et Nicolas Dupont-Aignan.
La gauche est à prés de 29% en additionnant les bulletins pour Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon.


Macron mieux que Bayrou
Droite et gauche en recul

 
Emmanuel Macron fait ainsi beaucoup mieux que son soutien centriste François Bayrou dont les scores sur le territoire ont toujours été étriqués : 0,8% en 2002, 11% en 2007 et 6,4% en 2012.
Il obtient, à Wallis et Futuna, son score le plus haut dans les outre-mers et son troisième meilleur résultat au niveau national.

La droite subit une nouvelle chute. A partir d’un socle de plus de 90% des voix jusqu’au début des années 90, la droite et le centre-droit étaient tombés à 65% en 1995 puis à environ la moitié de l’électorat en 2002 et 2007 et ensuite autour de 40% en 2012. 
En 2017, droite et centre-droit sont au plus bas, aux alentours de 30%. François Fillon perd 9 points par rapport à Nicolas Sarkozy en 2012.  
 
Le socialiste Benoît Hamon a divisé par deux le pourcentage de François Hollande en 2012. 
Son score (25,22%) marque un coup d'arrêt à la progression constante de la gauche depuis son émergence sur le territoire en 1995. La gauche rechute en 2017 après être passée de 30% en 1995 à 48% en 2012.


Fracture inter-îles

Wallisiens et Futuniens ont voté de manière opposée.
Benoît Hamon arrive troisième grâce au vote de Futuna (40,4%) où la majorité des élus locaux s’était prononcée en sa faveur. Il est à près de 56% dans la circonscription de Sigave.
Wallis, en revanche, lui a mesuré son soutien : 17,2%.

Situation inverse pour François Fillon qui vire en tête des suffrages à Wallis à 33,91% alors qu'il doit se contenter de 18,34% à Futuna.

La faiblesse de Benoît Hamon à Wallis et celle concomitante de François Fillon à Futuna expliquent  pourquoi Emmanuel Macron, arrivé second dans les deux îles, vire quand même  en tête sur l’ensemble du territoire grâce à un vote plus équilibré (32% à Wallis, 27,4% à Futuna).

Emmanuel Macron, François fillon et Benoît Hamon étaient les seuls candidats à avoir reçu le soutien d’élus du territoire.
Cet éclatement politique et territorial accentue les tendances enregistrées lors des dernières élections à l'Assemblée territoriale du 26 mars.


Première émergence du Front National

De son côté, Marine Le Pen fait émerger le Front National pour la première fois, à un 1er tour d’élection présidentielle.
Avec 7,1% des voix, la candidate du FN triple son score de 2012 et sort l’extrème droite de son habituelle marginalité à 1 à 2% au 1er tour.
Dans certains bureaux de vote, elle pointe jusqu’à 10-11% tant à Wallis qu’à Futuna.
Marine Le Pen retrouve quasiment le score de son père au second tour de 2002, un niveau qu'elle devrait largement dépasser le 7 mai.

En cinquième position, Jean-Luc Mélenchon porte la gauche de la gauche à 3,59%, trois fois plus également qu'en 2012 mais moitié moins que Marine Le Pen. Il obtient son meilleur score à Hahake nord avec 8,11% des voix.


Abstention record

 
Ces résultats ont été obtenus alors que cette année l’abstention a battu son record historique à 36,07% sur le territoire.
La participation est moindre qu’aux scrutins de 2002 et 2007 quand elle avait déjà chuté à 64,5% après s'être maintenue autour de 72-75% tout au long des années 80 et 90.
La remontée à 72,1% en 2012 est donc éffacée.
Sauf en 1969, les électeurs ont toujours nettement plus voté au second tour qu'au premier.