Australie : l'Etat du Victoria décide d'interdire la fracturation hydraulique

Le Victoria a l'intention d'interdire le processus de fracturation hydraulique et toute prospection et exploitation des gaz non conventionnels, dont le gaz de schiste et le gaz de charbon. Une première en Australie.
Pour le moment, il ne s'agit que d'un projet de loi, qui sera soumis à l'assemblée locale d'ici la fin de l'année, précise le Premier du Victoria, le travailliste Daniel Andrews : « Il s'agit de faire le choix essentiel d'accorder la priorité aux agriculteurs et à notre conception verte, propre. Il s'agit de dire que nous y tenons, nous, habitants du Victoria. Ce sont nos priorités. »
 
Un moratoire est déjà en place, mais il s'agirait donc d'aller plus loin et d'interdire de manière permanente le processus de fracturation hydraulique. La méthode nécessite l'injection de milliers de mètres cube d'eau et elle est accusée d'avoir un fort impact sur l'environnement - pollution de l'eau, de l'air et des sols.
 
L'annonce du Premier du Victoria est saluée par le président de la Fédération locale des agriculteurs, David Jochinke : « Ça faisait partie des problèmes imminents des agriculteurs qui ont ce type de gaz sous leur terrain, et ça les met en sécurité. Et puis, on a toujours la possibilité de faire de la prospection gazière au large des côtes et on peut espérer que ça encourage les investissements dans ces domaines. »
 
Le syndicat des travailleurs australiens n'est pas aussi optimiste que lui. Certes, les activités offshore restent autorisées, mais en plus d'interdire la fracturation hydraulique, le gouvernement du Victoria veut prolonger le moratoire existant sur la prospection et l'exploitation du gaz conventionnel à terre jusqu'en 2020. Pour Ben Davis, du syndicat, c'est une menace pour l'emploi : « En ce qui concerne le gaz conventionnel, les technologies utilisées depuis des décennies sont absolument sûres, elles n'entraînent pas de pollution de l'eau. Pour moi, c'est un exemple de mauvaise politique publique. »
 
Évidemment, le lobby du gaz ne se réjouit pas non plus de cette annonce. Malcolm Roberts dirige l'association de l'exploration et de l'exploitation pétrolière : « C'est très clairement une décision politique. Le gouvernement a décidé d'écouter les militants qui ont mené une campagne de peur. Rien ne justifie un moratoire sur les activités d'exploration et d'exploitation du gaz conventionnel à terre. Il y a une industrie du gaz qui opère avec succès et en toute sécurité dans le Victoria depuis des décennies. »
 
Autre mécontent : le parti écologiste. Mais pour la raison inverse : les Verts auraient préféré une interdiction totale du gaz conventionnel, et non un moratoire. Ellen Sandell est députée des Verts : « On ne veut pas d'exploitation de gaz sur nos terres agricoles. Autoriser le gaz conventionnel, ce serait laisser la porte ouverte à la fracturation hydraulique. C'est pour ça que nous sommes déçus que le parti travailliste dise qu'il n'envisage pas d'interdiction avant la prochaine élection. »
 
Les Verts de l'État de Nouvelle-Galles-du-Sud en profitent pour demander à leurs autorités locales d'interdire, à leur tour, la fracturation hydraulique. Dans le Territoire du nord, le parti travailliste, qui vient de remporter les élections, a promis un moratoire sur ce processus d'extraction de gaz de schiste et de gaz de charbon.