20ème Festival d'Images Sous-Marines de Mayotte. Les lauréats du concours de nouvelles.

A l'occasion du 20ème Festival d'Images Sous-marines de Mayotte, la société Somapresse a organisé un concours de nouvelles sur le lagon en partenariat avec le Vice-rectorat, la Maison des Livres et le Parc Naturel Marin de Mayotte. Découvrez 3 lauréats et les textes primés. Bonne lecture.

 

Les 3 lauréats du concours. En haut Aymeric Durandy, à gauche Mark Cornier-Brenner, à droite Nizare Issiaka.


CATEGORIE ENFANT

Par Mark CORDIER-BRENNER, 7 ans
 
Chapitre I : La vie de Coplé (royal)
Il était une fois un bonhomme protecteur du lagon qui avait de drôles d’idées comme : chatouiller les calmars pour avoir de l’encre, mettre des panneaux pour que les bateaux fassent attention aux coraux…Ce protecteur s’appellait Coplé…
 
Chapitre II : Commencement de l’histoire
Un beau jour d’été, Coplé partit se promener et se dit : « mammifères, poissons, Acétabulaires, Amphiroa, Algues, Liagores, Dictopteris Shpérocoque, Codium feutré »…STOP !!! je suis en vacances. Puis il partit.
 
Chapitre III : La pièce qui parle
Quand Coplé revint on l’avait cambriolé ! Il n’y avait plus rien ! Sauf une petite pièce en or, il l’a ramassa et la jetta et dit : « pfou j’en ai marre !! » Quand soudain la pièce se mit à parler, il l’a ramassa de nouveau puis la pièce dit : « fais des vœux et je les réaliserai »
Coplé dit alors, mon premier vœu sera que les robots plongeurs nettoient les coraux avec des brosses, alors le vœu se réalisa…et quatre robot plongeurs étaient alignés devant lui et allèrent nettoyer le lagon avec leur brosses…
Mon second vœu c’est d’équiper tous les bateaux de broyeur de déchets pour transformer les déchets en sable…et le vœu se réalisa…
Depuis le lagon était devenu tellement beau qu’on pouvait admirer les coraux depuis le ciel !!!
 
Moralité
Qui fait le bien dans la vie, la reussit…et ils vivèrent heureux (la pièce et Coplé)
 
FIN

CATEGORIE COLLEGE et LYCEE

Par Nizare ISSIAKA, 13 ans et Mourad ISSIAKA, 13 ans et demi
 
Le Protecteur du lagon
Nous ne saurons jamais si cette histoire est réellement arrivée, mais ce qui est sûr c'est qu'elle changea le regard d'un jeune garçon sur le monde qui l'entoure.
Depuis toujours, Ali vit près du lagon, il ignore encore les trésors que celui-ci renferme. Pour lui, il est juste un moyen de se nourrir grâce à la pêche. Le jeune garçon connait les dangers de la mer. On lui en a raconté des légendes pour le mettre en garde! Mais il n'imagine pas que le plus grand danger plane sur le lagon lui-même et sur le petit monde qu'il abrite.
Un matin, Ali prit la pirogue de son père, le ciel semblait clément, mais alors qu'il venait de dépasser la barrière de corail, ce que son père lui avait strictement interdit, le ciel s'assombrit. Le vent se mit à souffler si fort poussant l'embarcation du jeune garçon vers le large. Plus il s'éloignait des côtes, plus la tempête faisait rage. L'enfant tomba à l'eau et fut englouti par les vagues au fin fond de l'océan...
Ce qu'il découvrit le subjugua, le bleu des profondeurs, des centaines et des centaines de poissons scintillants nageaient autour de lui, il crut rêver! Il aperçut, non loin de là, une baleine et son petit, nagea à leur rencontre et raconta sa mésaventure, celle-ci lui fit la leçon: "Voilà ce qui arrive quand on désobéit à ses parents" gronda-t-elle. "Mais je ne veux pas mourir, je veux rentrer chez moi" lança l'enfant épuisé.
La baleine voyant Ali à bout de force décida de l'accompagner jusqu'à la barrière de corail.
Ali la remercia pour son aide et leurs chemins se séparèrent.
Tout à coup il se retrouva face à une immense falaise, il venait d'atteindre le tombant. Ce n'était pas des rochers mais des coraux. Il y en avait de toutes les couleurs aux formes étranges. Devant tant de beauté il se sentit soudain tout petit. A ce moment, il vit cinq dauphins s'approcher de lui. Ils lui demandèrent ce qu'il faisait là, seul. Alors Ali raconta à nouveau son histoire mais aussi sa rencontre avec la baleine. Les dauphins qui connaissaient bien les hommes lui racontèrent comment ils polluaient la planète, comment les déchets se retrouvaient dans les mers et les océans mettant ainsi en péril la survie des espèces sous-marines et par conséquent la survie de l'humanité: "Les eaux sont polluées par des tonnes de plastique, des cannettes d'aluminium et plein de choses encore, les humains jettent n'importe quoi dans la nature et avec les pluies tout est rejeté dans la mer , TOUT, même ce que tu jettes dans ton village, à la campagne, dans les rivières. Et tout cela nous tue. Continue ton voyage et tu verras par toi même, les coraux qui perdent leurs jolies couleurs... Ils meurent Ali! Les poissons et les tortues avalent des sacs plastique qui les tuent."
Le garçon se sentait malheureux et impuissant en imaginant que ce qu'il avait sous les yeux pouvait disparaître à jamais. Les dauphins lui expliquèrent que maintenant qu'il savait il
pouvait faire quelque chose. Ils l'amenèrent voir la doyenne du lagon, une vieille tortue qui fut très heureuse de le rencontrer. Elle sut tout de suite en le voyant, qu' il serait un bon messager et un bon protecteur. Une fois de plus il raconta son histoire. "Je ne pense pas que tout cela soit arrivé par hasard, tu ne vas pas mourir, on va te retrouver et tu vas rentrer chez toi."Ajouta la tortue. Mais en échange de sa vie, Ali devra partager son aventure avec tous ceux qu'il croisera, à lui de toucher le cœur des gens pour qu'ils changent leurs habitudes et ce terrible destin. Il promit qu'il protègerait le lagon du mieux qu'il pourrait, il transmettrait le message partout autour de lui. La vieille tortue le remercia et une autre le ramena. Ils nagèrent au dessus des coraux, Ali eu comme un vertige en regardant une dernière fois les eaux sombres. Lorsqu'il eu regagné la surface, assis sur le dos de la tortue au milieu de ce lagon devenu si cher à ses yeux, il vit flotter des bouteilles et des sacs plastique, il repensa à tout ce qu'il venait de vivre, à ceux qu'il avait rencontrés, au monde magnifique qui vivait sous la surface et qu'il avait promis de protéger et ne put retenir une larme de couler le long de sa joue pour tomber dans cet immense océan.
Des pêcheurs trouvèrent l'enfant, le firent monter dans leur pirogue et le ramenèrent sur le rivage. Ali rentra chez lui bien content de retrouver sa famille. Son père fût tellement heureux de revoir son fils sain et sauf qu'il lui épargna une bonne correction.
Ali s'empressa de raconter ce qu'il lui était arrivé et tous l'aidèrent à tenir sa promesse. Ensemble ils nettoyèrent leur village, les plages et la nature environnante.
Les ordures ainsi ramassées se transformèrent en or et en pierres précieuses mettant les villageois à l'abri du besoin, car il n'est point de richesse plus grande que de protéger la planète. Il n'est point de richesse plus grande que de protéger la vie, et ça Ali l'a désormais compris.


CATEGORIE ADULTE

Par Aymeric Durandy, 45 ans
 
Oumi, la gardienne du Lagon.
 
Oumi ouvrit doucement les yeux... Le vrombissement régulier des réacteurs exerçait sur elle toujours le même effet soporifique... Mais les annonces répétées annonçant l’atterrissage prochain sur l'aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi avaient fini par la réveiller. Elle ouvrit le volet du hublot. La même émotion l'étreignit, comme à chaque fois qu'elle retournait sur son île natale : le lagon de Mayotte, majestueux, déployait l'incroyable palette du bleu de ses eaux : plutôt bleu nuit, marine, indigo ou majorelle vers le large et plutôt bleu turquoise, cyan, cobalt ou pastel vers la côte... Il était même possible de voir, au moins sur une partie du pourtour de l'île, l'étrange double barrière récifale, particularité partagée seulement avec  la Nouvelle-Calédonie et les Fidji.
 
Oumi adorait ce lagon. Elle avait commencé à le découvrir auprès de son père, pêcheur émérite, trop tôt disparu, qu'elle accompagna dès son plus jeune age. Plus tard, elle put contempler la vie qui foisonnait sous la surface grâce aux niveaux de plongée passés dans le cadre de sa formation universitaire. Oumi avait poursuivi de brillantes études à l'université de Toulon-Var conclues par un diplôme d'ingénieur en génie maritime et un doctorat en sciences de la mer à l'Institut Méditerranéen d'Océanographie et revenait définitivement vivre sur l'île au lagon.
 
Elle avait été approchée pour devenir la conseillère scientifique du conseil de gestion du parc naturel marin de Mayotte, créé en 2010 avec pour objectif la préservation du lagon de Mayotte et de sa faune exceptionnelle : 50 espèces d’échinodermes, 200 espèces de mollusques, autant d’espèces de coraux et de poissons pélagiques, de récif ou de mangrove. Sans compter les tortues. Et la tâche confiée à Oumi n'était pas mince : constituer le dossier pour demander, et obtenir, l'inscription du lagon de Mayotte au patrimoine mondial de l'Unesco, au même titre que la Grande Barrière d'Australie ! Le défi était de taille. Immense.
 
Que d'obstacles, que de difficultés l'attendaient... Faire prendre conscience à ses concitoyens et aux politiques de l'importance de préserver le lagon, limiter la pollution, fille de la pauvreté qui touchait tant d'habitants de Mayotte, défendre une pêche raisonnée mise à mal par les immenses chalutiers battant pavillon étranger qui s'approchaient bien trop près des 160 kms de la barrière de corail extérieure... Autant de challenges qui paraissaient irréalisables ! Sans même parler de ses propres préoccupations personnelles : toujours célibataire, elle aurait à faire face aux incessants assauts de sa vieille maman chérie pour qu'elle se marie... Elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle avait fait le bon choix de revenir alors que tout allait si bien pour elle à Toulon.
 
C'est la tête embrumée de toutes ces pensées qu'elle franchit les différents contrôles de douane et de police. Rituellement, à peine sortie de l'avion, son frère Charaf l'amenait directement plonger dans l'océan. Arrivés sur le bateau, Charaf les dirigea au large des Badamiers près de Petite Terre. Sur un platier connu de rares privilégiés, ils plongèrent. Au contact des eaux chaudes de l'océan se glissant sous sa combinaison de néoprène, Oumi sentit son corps se détendre. Le spectacle était féerique : des poissons clowns dans leurs anémones, des petits Anthias chatoyants et demoiselles bigarrées filant se réfugier dans les coraux à l'approche de redoutables carangues bleues, des longues files de nasons ou de fusiliers formant de mystérieuses autoroutes sous-marines. Oumi avait déjà oublié les affres à venir. Son frère lui montra par signe l'entrée d'une grotte vers 20m de profondeur. Dissimulé dans la pénombre, un magnifique requin nourrice fauve se reposait, attendant le crépuscule pour aller chasser. A peine s'éloignèrent-ils de la grotte, qu'ils aperçurent une loche géante se fondant dans le bleu. Et, plus loin dans une petite anse, un dugong, calme et paisible, broutait les fonds pour en extraire des racines. A leur approche, la sirène du lagon, dont il ne restait au plus qu'une dizaine de spécimen à Mayotte, cessa de s'alimenter et se tourna vers les deux plongeurs. Le gros mammifère regarda Oumi avec une rare intensité, comme une supplique de les sauver. Elle en fut troublée.
 
Il était tard quand ils sortirent de l'eau. Les puissants moteurs du bateau les ramenaient au port quand subitement, un banc de dauphins à long bec surgit à tribord, les plus audacieux d'entre eux venant jouer à l'étrave. Le soleil se couchait déjà, déployant dans le ciel d'incroyables lueurs rouges, orangées, jaunes. Observant le ciel magnifiquement irisé, elle vit un nuage en forme de dugong, comme un message. Elle repensa à cette rencontre rarissime. Subitement, une conviction prit corps en elle. Oumi sut. Son devoir était de protéger le lagon et ses ressources, sa place était ici. Quelques soient les difficultés. Elle serait la gardienne, la protectrice du lagon...