Premier architecte kanak, membre co-fondateur du Palika, ancien maire de Lifou, puis candidat aux législatives ... Tout au long de sa vie, Macate Wenehoua a multiplié les casquettes. Il y a trois ans, ce retraité au regard pétillant a décidé d'ajouter une nouvelle étape à son parcours en regagnant les bancs de l'université.
L'homme de 75 ans s'est lancé dans un master en anthropologie, autrement dit l'étude des groupes humains. Une décision motivée par la volonté de réfléchir à la situation politique du territoire. "Je suis actuellement dans un questionnement sur le mode de construction sociale et ethnoculturelle. Quand je me retrouve dans ce type de situation, j'essaye de prendre du recul en me formant", confie-t-il.
Un mémoire à valider
Après avoir réussi tous ses semestres, Macate Wenehoua s'est vu contraint de redoubler. En cause, le contenu de son mémoire de master, axé sur la construction d'une communauté de destin commun. Un travail jugé trop engagé politiquement par le jury, qui lui a reproché son manque de neutralité.
L'ancien maire de Lifou n'en garde pas d'amertume et assume, avec le sourire, son côté militant. "Mes études s'inscrivent dans une perspective d'action. C'est pour ça que je me suis intéressé à l'anthropologie ici", explique le retraité, qui présentera dans quelques mois la deuxième version de son mémoire.
"On m'a déjà pris pour le professeur"
S'il n'a plus besoin d'aller en cours, Macate Wenehoua prend tout de même plaisir à s'y rendre de temps en temps. "On m'a déjà pris pour le professeur", s'amuse celui qui prend plaisir à étudier aux côtés de personnes bien plus jeunes.
"De temps en temps, on me dit "ah vieux, comment tu vois les choses ?" et je trouve ça bien", sourit le natif de Lifou. Et de compléter : "L'un de mes professeurs m'a dit qu'il fallait absolument que je sois présent aux cours parce que le fait que je sois là impose un certain respect et contribue à rendre la classe moins turbulente".
Vers la rédaction d'une thèse
Si le doyen de l'université ne regrette absolument pas d'avoir repris les études, ce master d'anthropologie sera certainement son dernier passage à l'université. "Je ne cours pas après les diplômes, je cours après un savoir qui me permet de vivre pleinement mon époque", philosophe-t-il, tout en laissant la porte ouverte à de futures formations ou séminaires, "tant qu'ils ne durent pas plus de quelques mois".
Après la validation de son diplôme, Macate Wenehoua compte plancher sur une thèse qui reprendra en partie le thème de son mémoire. Le retraité ambitionne d'apporter son propre éclairage à la situation politique actuelle.