Ce samedi 20 août, cela fait 4 ans jour pour jour depuis que son père, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est en détention provisoire. Tislam Sambi, la fille de l’ancien président de l’Union des Comores, que nous avons contactée via la messagerie WhatsApp charge la justice comorienne.
D’une voix claire, elle explique pourquoi la détention provisoire de l’ex chef de l’Etat n’en est pas une.
C’est un homme qui n’a pas été jugé. Aucune procédure légale n’a été respectée et aujourd’hui nous ne parlons même plus de détention provisoire mais de séquestration.
Tislam Sambi
Le ton est donné. La jeune femme poursuit.
La loi comorienne indique clairement que la détention provisoire d’un citoyen ne peut être que de 8 mois. La justice n’a que faire du droit en ce qui concerne Sambi. Elle agit comme une mafia qui a pris un homme en otage sous couvert d’une procédure judiciaire.
Tislam Sambi
Pour la plus connue des enfants de l’ancien président, l’heure n’est plus à la réclamation de la tenue d’un procès.
Il fut un temps où la famille Sambi réclamait un procès. Ce n’est plus le cas maintenant. Nous voulons une libération immédiate et sans condition. En effet, avec toutes les irrégularités flagrantes et récurrentes qui se trouvent dans le dossier de mon père, le dossier lui-même est devenu une aberration.
Tislam Sambi
A ce niveau du récit, Tislam rappelle un événement qui avait fait couler beaucoup d’encre en janvier 2020.
Nous avons une ordonnance du juge d’instruction qui avait autorisé mon père à partir à l’étranger pour des soins médicaux. C’est le même juge d’instruction qui l’a mis en détention provisoire. Que la justice comorienne nous explique pourquoi lorsque ce juge a mis Sambi en détention provisoire, son ordonnance a été appliquée mais lorsque le même juge l’a libéré provisoirement pour des soins médicaux à l’étranger, son ordonnance n’a jamais été appliquée. Nous l’interprétons comme une réelle volonté d’attenter à sa vie.
a longuement martelé notre interlocutrice
Interrogé sur la tenue d’un procès, le porte-parole du gouvernement Houmed Msaidie répond « qu’après avoir interrogé la chancellerie, l’on m’a dit que le procès de l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi aura lieu avant la fin de l’année ». Encore faut-il rappeler que des dates de procès ont à maintes reprises été annoncées en vain.
Dans les colonnes de Jeune Afrique, le chef de l’Etat, Azali Assoumani a reconnu que :
la situation (de Sambi, ndlr) commençait à devenir préoccupante et que la justice devait agir
Azali Assoumani, le chef de l’Etat comorien
Pour rappel, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi est inculpé depuis août 2018 pour « détournements de deniers publics, de faux et usage de faux, forfaiture » dans l’affaire dite de la citoyenneté économique, du nom de ce programme, qui consistait à vendre des passeports comoriens à des apatrides du Golfe. Il y a 4 ans, celui-ci disait craindre « l’injustice et non la justice ».