Air Austral : pour l'UNSA, le plan de retournement ne doit pas se faire "sur le dos du salarié"

Un appareil de la compagnie Air Austral sur le tarmac de l'aéroport de Gillot.
Au lendemain de la réunion interministérielle autour de la situation financière de la compagnie aérienne Air Austral, le syndicat UNSA explique avoir conscience de l'exercice difficile qui attend l'entreprise. Mais prévient déjà que les efforts ne devront pas se faire au détriment des salariés aux salaires les plus bas.

Mardi le 19 mars 2024, la situation financière d'Air Austral a fait l'objet d'une réunion interministérielle à Paris. Lors de cette rencontre, les ministères des Transports, de l'Industrie, et de l'Outre-mer, ont réaffirmé la compagnie aérienne du soutien du gouvernement, si tant est qu'Air Austral redouble aussi d'efforts de son côté.

Car malgré l'apport de 10 millions d'euros supplémentaires par les actionnaires, annoncé en début de mois, l'équilibre est loin d'être atteint, juge l'Etat, qui regrette aussi une prise de conscience trop tardive des risques encourus par la compagnie.

Un plan de retournement pour la fin avril 

Le plan de restructuration d'Air Austral, bien que validé par le Conseil de surveillance le 7 mars dernier, laisse aussi le gouvernement dubitatif quant à sa capacité à pérenniser l'activité de l'entreprise sur le long terme. C'est pourquoi la compagnie aérienne a désormais un peu plus d'un mois, jusqu'à fin avril, pour déposer sur le bureau du gouvernement un "plan de retournement" solide et pérenne, à horizon de trois ans.

Un exercice "délicat" 

Voilà qui implique des efforts plus conséquents de la part de tous. Le gouvernement a d'ailleurs fait comprendre, hier, la nécessité pour tous les échelons de la compagnie de se mettre en ordre de bataille pour sauver leur entreprise. 

La déléguée syndicale Marie-Noëlle Wolf, du syndicat UNSA Air Austral, reconnaît volontiers que l'exercice qui attend l'entreprise est "délicat", notamment pour "trouver un équilibre entre ce qui peut être fait et la réalité des choses". 

Marie-Noëlle Wolf, du syndicat UNSA Air Austral, était invitée sur le plateau de Réunion La 1ère ce mercredi : 

Invitée plateau : Marie-Noëlle Wolf, syndicat UNSA Air Austral

La ceinture est "déjà serrée depuis un bon moment" selon le personnel 

Si d'autres efforts sont à fournir prochainement, le ton est déjà donné. Se serrer la ceinture, c'est déjà chose faite "depuis un bon moment", juge Marie-Noëlle Wolf du syndicat UNSA, mettant également en avant "un excellent résultat en chiffre d'affaires" dernièrement. 

Des salaires inégaux 

Au sein de l'entreprise, elle évoque aussi des salaires très inégaux : des cadres qui touchent "vraiment pas grand-chose", mais aussi d'autres dont les salaires "plutôt élevés" qui iraient "entre 22 000 et 29 000 euros par mois, ça doit être mérité". 

Des efforts, oui mais 

Dans ce contexte, elle espère que les efforts demandés seront décidés équitablement. Autrement dit, "il ne faudra pas aller piocher dans la poche des 90% des salariés d'Air Austral qui tirent la langue pour boucler les fins de mois", prévient Marie-Noëlle Wolf.

Une gestion à revoir ? 

La déléguée du personnel est toutefois consciente qu'il va falloir redoubler d'efforts, soulignant que "la gestion de l'entreprise peut être perfectionnée". Une gestion qui peut peut-être interrogée au vu de la situation.

Ces trois dernières années, des effacements de dettes, et des dizaines de millions d'euros d'aides ont été octroyés. "Ce n'est pas à moi qu'il faut demander où est passé l'argent, c'est à tous ceux qui l'ont eu entre les mains et ont fait fonctionner l'opérationnel tous les jours", clame la déléguée syndicale. 

"Les gestionnaires font ce qu'ils peuvent, avec ce qu'ils ont eu du passé. On se retrouve dans une situation assez catastrophique, et j'imagine que les dix mois qu'il y a eu jusqu'à présent pour transformer l'entreprise n'ont pas été suffisants. Il va falloir trouver des solutions plus drastiques, mais pas sur le dos des salariés" 

Marie-Noëlle Wolf, UNSA Air Austral

Aussi, c'est "structurellement" qu'il va "falloir faire quelque chose de drastique", souligne-t-elle. 

"Pas à n'importe quel prix" 

Dans les prochaines semaines, c'est avec l'appui d'un auditeur indépendant que le plan de retournement réclamé par l'Etat sera élaboré. De son côté, Marie-Noëlle Wolf annonce : "On peut discuter et faire beaucoup de choses, il faut que ça soit fait dans la collaboration, et pas à n'importe quel prix, surtout". 

Huguette Bello espère "aplanir les difficultés" 

Hier mardi, la présidente de la Région Réunion, Huguette Bello, a réagi à Paris à cette réunion interministérielle.

La présidente de Région entend bien que des efforts sont demandés à Air Austral. Ils "seront faits", garantit Huguette Bello. "Nous avons accepté ce plan de restructuration. Cela est heureux que nous soyons accompagnés, et nous y mettrons tout notre coeur, toute notre âme", achève-t-elle. 

"L'Etat prend ses responsabilités, nous prenons les nôtres"

Huguette Bello, présidente de la Région Réunion

Accompagnement de l'Etat 

Mais elle souhaite surtout retenir que l'Etat a assuré la compagnie de son accompagnement.

"L'Etat a donné son feu vert pour accompagner la compagnie dans son plan de restructuration, c'est cela que nous voulons souligner et qui a été important ce matin. Et cela grâce aussi à la mobilisation des Réunionnais et de la Région Réunion", insiste-t-elle.

La réaction d'Huguette Bello à Paris, au micro d'Outre-mer La 1ère : 

Situation d'Air Austral : réaction d'Huguette Bello, présidente de la Région Réunion

Héritage du passé

La présidente de Région pointe aussi du doigt que "nous avons hérité de cette situation difficile, il ne faut pas oublier qu'il y a eu des erreurs qui ont été faites par nos prédécesseurs".

"Il y a des difficultés, et nous espérons les aplanir, et par cela rassurer les 850 personnes qui travaillent au sein de la compagnie". 

Huguette Bello, présidente de Région Réunion