Ce matin à M'tsapéré aucun client dans la coopérative des pêcheurs. Pourtant le vendredi, c’est jour d’affluence. Pas d'électricité dans l'établissement, le compteur ne fonctionne plus. Pas de balance non plus pour peser et servir les clients. Tout ça à cause de la grande marée survenue cette nuit. Charifou Adballah, le président de la coopérative des pêcheurs de Mtsapéré n’a jamais vu ça.
« C’est la première fois qu’on constate ça ici à Mtsapéré. La mer est montée jusqu’à 1m50. Le caniveau a débordé. Le compteur a brûlé et notre balance a eu un court-circuit. Si EDM (électricité de Mayotte) n’intervient pas pour remplacer rapidement le compteur, tout le poisson qu’on ne peut pas vendre sera perdu.»
Charifou Adballah, président de la coopérative des pêcheurs de Mtsapéré
Bilan des inondations de la nuit
Le littoral de Mtsapéré n’est pas le seul à avoir subi les conséquences de cette grande marée. Une marée de près de 4,50 mètres et un pic de houle de 2 mètres qui ont provoqué des inondations sur plusieurs zones littorales de Grande-Terre et Petite-Terre.
À Bandrélé la nuit a été éprouvante pour une partie de la population. Le quartier Potéléa à Bandrélé, a une nouvelle fois été affecté par une montée des eaux.
De même que le boulevard des Crabes, inondé par endroits. Ainsi que la route d'Ironi Bé, partiellement inondée. La circulation a été coupée une partie de la matinée.
La piste d’atterrissage encore sous les eaux
À l’aéroport Marcel Henry, la piste temporairement inondée a été encombrée de débris. L'intervention rapide des équipes a permis de la remettre en état. L’avion Air Austral en provenance de Paris a dû faire plusieurs tours au dessus de l'île avant de pouvoir atterrir.
Se pose la question de cet après-midi. Les vols et atterrissages prévus durant la prochaine grande marée seront-ils retardés ?
Vigilance maintenue pour cet après-midi
En effet, le phénomène n'est pas encore terminé. Météo-France maintient la vigilance et appelle la population à la prudence lors de la marée haute de ce vendredi après-midi, qui pourrait entraîner des submersions similaires. Il est conseillé de circuler prudemment près du littoral, d’éviter les baignades, et de protéger les embarcations. Les plaisanciers et professionnels de la mer sont invités à ne pas prendre la mer.
Chaque année le phénomène prend de l’ampleur. Une montée plus rapide de la mer qui s'explique par le dérèglement climatique qui impacte le monde entier, mais aussi par la subsidence de notre île accélérée depuis l’apparition du volcan Fani Maoré.
«L’île s’est enfoncée d’une quinzaine de centimètres, c’est énorme. Et l’eau va plus loin que d’habitude. Ces infrastructures qu’on a ici ont été calculée pour tenir au moins un siècle. Mais le phénomène est allé tellement vite que les infrastructures ne sont plus adaptées à ce changement.»
Said Said Hachim, géologue
Said Said Hachim, alerte sur ce phénomène depuis plusieurs années. Pour lui, ces inondations vont se répéter plus souvent, et même s’aggraver.
Quelle réponse politique à ces inondations ?
Ces phénomènes interrogent aussi sur l’action publique. Que faire des populations, infrastructures exposées ? A-t-on le temps de construire un nouvel aéroport avant que l’actuel ne soit plus opérationnel en 2035 ? Des décisions qui tardent à venir malgré l’urgence relative de la situation.