La dernière fois qu’il avait été révisé c’était en 2016. L’examen du code de la route se présente depuis ce mardi 12 septembre 2023 sous un jour plus clair, plus actuel, moins piégeux selon la délégation interministérielle à la sécurité routière.
Exit donc les phrases trop longues, les doubles tournures négatives, le participe présent ou des termes trop complexes comme « anneau » pour parler d'un rond-point.
« On a travaillé avec un professionnel de la simplification du langage […] Notre ambition est de sauver des vies. Nous voulions nous assurer que les personnes étant sur les routes ont les bonnes connaissances pour circuler en toute sécurité » a expliqué Florence Guillaume la veille de l’entrée en vigueur de cette réforme de l’examen du code.
Questions renouvelées mais pas plus faciles
La déléguée interministérielle à la sécurité routière a par ailleurs tenu à préciser que l’examen ne sera pas plus facile pour autant : «la difficulté réside dans la réponse et pas dans la question elle-même ».
Pour aboutir à cette version de l’épreuve théorique, près de deux ans de travail auront été nécessaires, un travail mené en collaboration avec les professionnels du secteur dont Mobilians Education Sécurité Routière Guyane, syndicat d’exploitants d’auto-écoles présidé en Guyane par Sylvie Keterrer.
Tout ça est parti d’un constat général : cela fait des années que l’on voit les candidats au permis arriver au stade de la pratique avec de grosses lacunes sur la réglementation. Cela nous faisait perdre énormément de temps sur les heures d’apprentissage parce qu’on devait refaire des cours de code dans la voiture alors que ce devait être déjà acquis!
Sylvie Keterrer - monitrice auto-école, présidente du syndicat Mobilians Education Sécurité Routière Guyane
Des questions portant sur le point de vue d’un autre usager
En plus du retrait des termes complexes des questions, ce nouvel examen est axé sur d’autres changements. Il y a par exemple beaucoup plus de questions désormais (1037 au total), « une large partie étant consacrée à la signalisation et la règlementation» précise Sylvie Keterrer.
Face à l'essor du vélo ou de la trottinette, de nouvelles questions « empathiques » ont été ajoutées, des questions où le candidat est mis à la place d’un autre usager de la route. Ce changement de point de vue est désormais signalé par une icône jaune dans le coin supérieur droit de l'image, dans lequel le symbole « piéton », « moto » ou encore « enfant » est indiqué.
Sur la forme, les visuels des questions ont eux aussi été modifiés pour « plus de réalisme », notamment avec des prises de vue par drone au lieu des images de synthèse. Un rectangle jaune a été ajouté sur les images pour désigner plus clairement le véhicule concerné par la question.
Autre nouveauté, la mention « plusieurs bonnes réponses » qui est affichée dès que deux réponses sont attendues.
Des changements pas forcément bien vus par les professionnels
Ces changements laissent certains moniteurs auto-école plutôt perplexes en Guyane. C’est le cas de Sandra Pierre. Elle exerce dans une structure située sur le littoral.
Tout l’aspect sensibilisation à la sécurité routière, le respect des autres usagers de la route, notamment les plus vulnérables etc franchement je trouve ça bien quand on voit le nombre d’accidents qu’il y a sur nos routes. Ça peut amener à de vraies prises de conscience.
Sandra Pierre - monitrice auto-école
En revanche, il y a des points sur lesquels elle bloque : « Les élèves sont moins impliqués qu’auparavant dans l’apprentissage de la théorie. On s’en rend compte tous les jours. C’est pourquoi certains de ces changements relèvent clairement pour moi de l’assistanat. Franchement, je ne pense pas qu’en rendant les questions soit disant plus compréhensibles, ça va les amener à mieux retenir les réponses».
Un avis que partage Robert De Neef, moniteur auto-école depuis près de 40 ans à Saint-Laurent du Maroni : « Donner des indications sur le nombre de réponses attendues ? Non mais pourquoi ils ne leur donnent pas les réponses carrément ! Ça irait plus vite » ironise-t-il avant d’ajouter : « c’est une bonne chose sur le papier mais pour moi, ça ne va fondamentalement rien changer ».
Âgé d’une soixantaine d’années, ce professionnel a vu l’évolution de l’examen et des comportements des candidats.
J'ai connu l’époque où on faisait passer l’examen du code à partir de diapositives. Les élèves étaient impliqués et assidus. Aujourd’hui, ils se disent que c’est juste le sésame qui leur faut pour accéder aux cours de conduite. Donc ils apprennent sans vraiment comprendre ni retenir. En plus de nos jours pour avoir le permis ce n’est plus aussi exigeant qu’avant. L’examen se fait en 20 minutes, ils ne passent que 3 vitesses…bref ! Pour moi ces nouveautés ne vont pas changer grand-chose ».
Robert De Neef - moniteur auto-école depuis plus de 40 ans
Assise dans un véhicule auto-école, Darlène 24 ans s'apprête à entamer sa première leçon de conduite aux côtés de sa monitrice à Rémire-Montjoly. Son code, elle l’a obtenu l’année dernière…au bout de la troisième tentative : « moi j’étais perdue parce qu’il y avait beaucoup de questions portant sur les panneaux de signalisation etc. C’était difficile à tout retenir. Du coup si les questions sont aujourd’hui plus claires, ça va peut-être aider des candidats. C’est une bonne chose ».
Conditions d'examen inchangées
Si des changements sont donc intervenus sur le contenu des questions et leur mise en forme, en revanche, pas de changement au niveau des conditions d’examen. Il faut toujours obtenir au moins 35 bonnes réponses sur 40 questions pour avoir son code.
Ces questions, sélectionnées au hasard dans la banque de données du code, sont toujours posées de manière personnelle au candidat.
Enfin, « la durée de validité de l’examen théorique général jusqu’à l’obtention de l’examen pratique, est de cinq ans quel que soit le nombre de présentations », conclut le Code de la route. Autrement dit, après obtention du code, le candidat dispose de 5 ans pour passer la partie pratique du permis.
Par ailleurs, la règlementation du Code de la route en tant que telle ne change pas non plus.
Enfin côté tarif, le prix du passage est fixé à 30 euros. Il s’agit d’un prix réglementé, fixé par l'état pour passer l'épreuve du code de la route, peu importe le centre d'examen ou s’il est passé en candidat libre ou en auto-école traditionnelle.
La Guyane compte 5 centres d’examens privés. 2 800 personnes en moyenne passent leur permis B tous les ans sur le territoire.