Cela fera 175 ans, ce 10 juin 2023, que l’esclavage a officiellement été aboli en Guyane. A l’origine de ce fait : Victor Schœlcher. Selon la fondation pour la mémoire de l’esclavage, le journaliste et homme politique français a été un fervent militant de l’abolition sous la Monarchie de Juillet. Nommé sous-secrétaire d'État aux colonies auprès du ministre de la marine et des colonies François Arago au sein du gouvernement provisoire de la IIème République en 1848, il présidait alors la commission d'abolition de l'esclavage. Commission qui a rédigé le décret du 27 avril 1848 et qui abolit définitivement l'esclavage dans les colonies françaises.
En Guyane, le décret a été promulgué le samedi 10 juin 1848 par le commissaire général de la République André-Aimé Pariset. La date du 10 juin en Guyane est fériée depuis le début des années 80.
« Citoyens, en vertu du décret de la République du 27 avril 1848, au nom du peuple français, nous proclamons l’abolition de l’esclavage à la Guyane française »
Pour commémorer cet évènement et respecter le devoir de mémoire, de nombreuses manifestations sont prévues ce samedi 10 juin. Dépôts de gerbes, projections de films, pièces de théâtre, conférences et autres expositions ont été organisées par les collectivités et des associations sur l’ensemble du territoire.
Pour permettre à ses publics d’en apprendre plus également sur le sujet, Guyane la 1ère propose un programme spécial sur ses antennes avec notamment cette émission animée par Jennifer Baratiny.
Enregistrée ce jeudi 8 juin 2023 dans l’atrium de Guyane la 1ère , l’émission s’oriente sur la rencontre entre une soixantaine de collégiens et lycéens et Christiane Taubira, auteure de la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, l’une des quatre lois mémorielles françaises.
Il s’agit pour nous d’organiser, de favoriser la rencontre entre la jeunesse de Guyane et l’auteure de la loi. Ce sont des moments toujours privilégiés, des exercices que madame Taubira pratique depuis longtemps dans les lycées mais aussi les universités du monde entier. Nous avons donc voulu saisir l’instant parce qu’on sait qu’ils existent mais ils sont toujours très fugaces, très éphémères et nous savons aussi que ce sont des moments absolument exceptionnels pour les jeunes
Muriel Barthélémi, directrice régionale de Guyane la 1ère
Une rencontre préparée depuis plusieurs mois par les élèves
Pour préparer au mieux ce moment d’échanges avec l’ancienne Garde des Sceaux, les jeunes participants ont travaillé sur le sujet pendant plusieurs mois, avec l’aide de leurs professeurs.
Ils ont planché sur des thématiques spécifiques autour de 1848 et de la construction de la société guyanaise qui a émergé après l’abolition.
L’occasion donc d’une réflexion chez les lycéens et collégiens, à l’instar des 25 élèves du collège Justin Catayée de Cayenne qui ont pris part à cette émission.
Le 18ème siècle, le système des plantations, de l’esclavage…et puis le 19ème siècle avec l’abolition et la transformation de la société, ce sont des thématiques qui font partie du programme de 4ème. En 3ème, nous sommes revenus dessus parce que ces élèves-là en particulier sont très intéressés par la politique en général, certains sont très impliqués dans la vie de l’établissement. Et donc ils accrochent sur ce genre de sujets. Par conséquent, cela n’a pas été difficile de les impliquer dans le projet alors qu’ils préparent en ce moment le brevet
Gérard Hermet, professeur d’histoire au collège Justin Catayée
Des interventions calibrées et structurées
Les élèves de Justin Catayée ont aussi eu l’opportunité d’assister à des conférences données par Lydie Ho-Fong-Choy Choucoutou, professeure certifiée d'histoire-géographie et auteure ainsi que Roger-Albert Honorien, historien.
Ils ont aussi travaillé sur la plantation de Loyola, sur les différentes résistances avant l’abolition et sur ce que celle-ci a pu apporter à la société guyanaise. Un travail de fond pour pouvoir interroger au mieux Christiane Taubira.
« Il était important pour moi que les interventions soient structurées afin que ça ne parte pas dans tous les sens. Nous avons préparé six questions et elles seront posées par six élèves », explique Gérard Hermet qui est persuadé que l’exercice apportera beaucoup à ses élèves.
Les élèves que nous avons, pour beaucoup, vivent à la périphérie de la société guyanaise. La zone de recrutement de Justin Catayée est assez compliquée or on le sait, pour les avoir, que la plupart sont des élèves brillants, sérieux, gentils. J’espère donc que cette expérience leur apportera une certaine ouverture d’esprit car ils représentent l’avenir de la Guyane. C’est une jolie passerelle entre le passé, le présent et le futur
Gérard Hermet, professeur d'histoire au collège Justin Catayée
L’émission de 90 minutes sera agrémentée de séquences artistiques, parmi lesquelles une prestation de danse, de peinture, de chants, de tambours mais aussi une lecture de poème.