Crise en Nouvelle-Calédonie : "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", le désarroi des hôteliers et restaurateurs de Farino

Au lodge Terre de soleil, le carnet de réservations était plein jusqu'à fin juin.
Plus de clients, pas d'activité et de rentrée d'argent, telle est la situation depuis le début des émeutes pour ceux qui tiennent des petites structures touristiques en Brousse, l'inquiétude domine, quand elle n'a pas déjà laissé place à la résignation. C'est le cas à Farino, où gîtes et tables d'hôtes sont nombreux.

En Brousse, les gîtes sont vides, les tables d'hôtes désertes, et les vacances de Pâques ne permettront pas de remplir les caisses. Certains annoncent d'ores et déjà leur intention de mettre la clef sous la porte. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Après deux ans de Covid, plus ça qui arrive, et ce que ça va impliquer sur le tourisme, je n'ai pas la capacité de continuer." Florence Dortomb semble sonnée, mais en même temps très lucide. Et le constat est sans appel. Celle qui tient le Refuge de Farino depuis treize ans, entretient ses cinq bungalows et ses aires de camping, va fermer boutique.

Vers le Refuge de Farino

"Je suis en cours de licenciement pour les deux employés, et je vais clôturer tout ça. Le Refuge existe depuis plus de trente ans, j'ai acheté le fonds de commerce, je loue le terrain, d'où le problème." Arrivera-t-elle à revendre le fonds de commerce ? "On peut toujours espérer. Avec ce qui arrive, je doute fortement."

Oui, j'envisage de quitter la Calédonie. Ça devient beaucoup trop compliqué. C'est trente ans de ma vie, j'ai passé plus de temps ici qu'ailleurs. C'est difficile mais il faut prendre une décision, à un moment donné, pour avancer

Florence Dortomb, du Refuge de Farino

"La bonne table", à Farino

"Je n'ai même pas envie de cuisiner"

Quitter le territoire, après une vie sur le Caillou ? L'idée traverse également l'esprit d'Isabelle, 77 ans, qui tient une table d'hôte à Farino. "Depuis le Covid, on arrivait à survivre un peu. Là on a fermé. Mais si un touriste arrive, je veux bien l'accueillir s'il n'a rien à manger, il peut même manger à ma table gratuitement (sourire). C'est très dur, il n'y a plus rien dans les magasins, et sans client, on ne peut rien acheter de toute façon. Mon activité est à zéro. Je n'ai même pas envie de cuisiner, j'ai le goût de rien faire."

Je ne sais pas où on va aller comme ça. Ça me donne envie de tout quitter, tout bazarder, et de dégager ailleurs

Isabelle, 77 ans, restauratrice

La table d'hôte "Chez Mamie", à Farino

Sentiment d'abandon

Les annulations, cela représente un manque à gagner de près de quatre millions pour le gérant du lodge Terre de soleil, Nicolas Scopsi, qui se sent abandonné. "Notre carnet de réservations était plein : c'était complet du 12 mai jusqu'à fin juin, avec les ponts et les vacances scolaires. Cette situation met à mal notre activité, à partir du moment où l'on ne voit pas, depuis maintenant trois semaines, d'aide arriver. On n'a toujours pas d'information sur le chômage partiel, et j’ai deux salariés qui ne travaillent plus."

Notre situation est en péril : on a pu passer le premier mois, on passera peut-être, ric-rac, le deuxième, mais on ne passera pas le troisième mois comme ça.

Nicolas Scopsi, gérant du lodge Terre de soleil à Farino

L'entrée du lodge Terre de soleil, à Farino