Crise en Nouvelle-Calédonie. "J'ai cinq camarades qui veulent jeter l'éponge", les difficultés des élèves du lycée Pétro-Attiti qui n'ont pas retrouvé d'établissement

Lycée Petro Attiti saccagé à Rivière Salée
Encore de nombreux élèves du lycée Petro-Attiti, lourdement détérioré pendant les émeutes, peinent à retrouver un établissement pour boucler leur année. Si 150 d’entre eux ont été accueillis à Jules-Garnier et une vingtaine à Do-Kamo, une grande partie de ces lycéens est encore en attente d’être rescolarisée. Certains d'entre eux envisagent même d'abandonner leur formation.

Âgé de 17 ans, Larik Waka-Céou est en 1ère Métiers de la Sécurité au lycée Pétro-Attiti, pour à terme devenir sapeur-pompier. Mais depuis la fermeture de son établissement, à Rivère-Salée, le jeune homme a de plus en plus de mal à suivre les cours en distanciel depuis Poindimié. "On appelle les professeurs de nous-mêmes pour savoir comment ça va se passer. Pour savoir quand on va pouvoir retourner en cours. Parce que c'est bien de rester à la tribu ou à la maison, mais à un moment on a envie de retourner en cours et de retrouver les bancs de l'école."

Pas de nouvelles

Le jeune homme reconnaît qu'il se sent abandonné. "Je n'ai plus aucune nouvelle de beaucoup de professeurs. Avec beaucoup de camarades de classe, on est passé en silence radio, d'un coup. C'est étonnant. En plus à la maison on n'a pas internet. Les semaines précédentes, je suis allé chez mon cousin qui lui a la wifi. Donc j'ai pu prendre des cours. Mais ça fait une semaine que je n'ai pas été chez lui. Il y a la médiathèque, on peut y aller, mais c'est loin de la maison."

Des jeunes qui jettent l'éponge

Des difficultés au long cours qui finissent par peser sur le moral des jeunes. "J'ai cinq camarades qui veulent jeter l'éponge, qui veulent arrêter les cours. Ils sont démoralisés parce que notre filière n'a pas été replacée dans un lycée, on nous abandonne."

Je garde espoir, mais l'espoir commence à partir.

Larik Waka-Céou, 17 ans élève du lycée Pétro-Attiti

Priorité aux classes d'examen

Larik fait partie des 300 élèves sur les 670 de l’établissement professionnel à ne pas avoir trouvé de lycée d’accueil. "Sur la rescolarisation des élèves d'Attiti on est en grande difficulté, confirme Emmanuel Erard, délégué académique à la formation professionnelle initiale et continue au Vice-Rectorat. On a certaines formations dans d'autres établissements qui peuvent accueillir les élèves. On est parti du principe qu'on privilégiait toutes les classes à examens et on a essayé de trouver des lieux d'accueil dans des formations identiques."

Des formations orphelines

Mais ce n'est pas toujours possible malheureusement. "On a travaillé avec la Ddec et avec différents établissements qui ont pu accueillir des élèves. Mais il y a encore quelques formations, qu'on a appelées formations orphelines parce qu'on ne les avait pas ailleurs, pour lesquelles c'est très difficile de trouver des solutions. On imagine de maintenir de l'enseignement général dans un lieu qu'on va obtenir très prochainement. "

En formation dans des entreprises

En attendant de trouver une place aux jeunes de Petro-Attiti, les cours théoriques continuent à distance. "On va essayer de maintenir les enseignements généraux et les enseignements théoriques de la spécialité, et on pensait travailler avec les entreprises sur la partie pratique de la formation."

Le lycée Petro-Attiti est fermé au moins jusqu'à la fin de l'année, une décision que regrette une partie du personnel et des parents d'élèves. Mais la possibilité d’une réouverture prochaine de l’établissement semble compromise, notamment pour raisons financières.