Durant les émeutes, l’établissement a été vandalisé et certaines salles ont été incendiées. Par mesure de sécurité et en concertation avec le vice-rectorat, le gouvernement a décidé de condamner l'accès du lycée Petro Attiti jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Lundi 24 juin, les enseignants et les élèves seront affectés dans d’autres lycées de l’agglomération. Or un collectif citoyen se mobilise pour rester à Rivière-Salée et réinvestir le bâtiment. Il a lancé une pétition sur les réseaux sociaux.
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Un appel à un sursaut civique
NC la 1ère : Pourquoi vous êtes-vous regroupés en collectif ?
Jean-Louis Guilhem : Ce collectif, c'est une forme de bouteille jetée à la mer. C'est un appel à un sursaut civique pour effacer les stigmates laissés par trois semaines de violence dans le quartier de Rivière-Salée. Certaines écoles l'ont déjà fait. Des collèges l'ont fait.
Ce que l'on souhaite c'est de pouvoir accéder à nos bâtiments, parents d'élèves compris pour aider à effacer les traces de saccages. Il y a plus eu de dégradations de matériels que des incendies. Les incendies sont certes spectaculaires mais ce n'est qu'une petite partie du lycée.
Pour nous, on pourrait redémarrer le lycée assez rapidement avec au moins un tiers des effectifs.
Isabelle Champmoreau (en charge de l'enseignement au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie) a confirmé, en réunion mardi, que 2/3 des élèves pouvaient être accueillis temporairement dans d'autres établissements.
Mais pour 1/3 des élèves, il n'y a pas de plateaux techniques qui permettraient de faire de la formation professionnelle.
Jean-Louis Guilhem
À l’issue de cette réunion, avec le vice-rectorat et le gouvernement mardi au sein du lycée Jules Garnier, dans quel état d'esprit étiez-vous ?
Jean-Louis Guilhem : On est ressorti perplexe puisque la plupart des enseignants et même du personnel non enseignant, on ne sait pas ce que l'on va faire lundi.
Les enseignants ne pourront pas suivre toutes leurs classes. Elles sont réparties dans différents établissements.
Nous sommes 110 enseignants et à peu près 60 agents non enseignants. Les professeurs doivent obligatoirement avoir une classe. Et pas forcément, celle avec laquelle ils ont commencé l'année. Mais pour l'instant, à partir du moment où toutes les classes n'ont pas été affectées à un endroit précis, on est dans une zone de flou.
On ne sait pas où on va ...
Jean-Louis Guilhem
On nous dit qu'il faut faire du télétravail mais l'enseignement professionnel, jusqu'à preuve du contraire, vous n’apprenez pas à utiliser une machine pour transformer le bois ou faire des soudures avec un ordinateur. Autant l'anglais, les mathématiques, je veux bien mais là, plus de la moitié des enseignements sont des enseignements pratiques. Il faut des ateliers.
Et vous ne disposez pas de ces plateaux techniques dans les autres établissements d'accueil ?
Jean-Louis Guilhem : Non. On n’a pas ces plateaux techniques. Alors c'est vrai qu'il y a parfois dans l'enseignement professionnel, l'utilisation des ordinateurs. C'est le cas en économie de la construction, par exemple pour les assistants d'architectes. Il suffit d'avoir les bons logiciels. Mais pour la plupart, pour les métiers du bâtiment, ce sont des métiers manuels.
On souhaite participer directement pour aussi faire prendre en compte des problématiques comme le transport scolaire.
Jean-Louis Guilhem
Vous souhaitez être associé aux discussions ?
Jean-Louis Guilhem : Oui. On connaît les autres établissements et on sait ce qu'il est possible de faire. Jusqu'à présent, nous avons fait des propositions qui n'ont pas été suivies. On souhaite participer directement pour aussi faire prendre en compte des problématiques comme le transport scolaire. Les parents scolarisent leurs enfants sur Nouméa, c'est donc beaucoup plus compliqué si vous devez les scolariser à Jean XXIII à Païta. Je ne parle même pas de Tanéo. Mais d'une façon générale, lorsque les transports scolaires fonctionnent, vous préférez que votre enfant mette vingt minutes pour se rendre sur son établissement scolaire plutôt qu'une heure voire plus.
En plus, on a une partie des élèves, 1/3 des élèves sont internes. Il n'y a plus d'internat qui fonctionne. Qu'allons-nous faire pour ces élèves internes ?
Si rien n'est fait, on va avoir plus de la moitié des élèves qui seront dans la nature. Et vous vous doutez bien que pour un certain pourcentage, cela peut-être autour des barrages.
Jean-Louis Guilhem
Si on n’a pas de discussions franches avec les décideurs , on reste dans une zone de flou. Il serait mieux que ces élèves soient au lycée. Il y a un phénomène de bande, on suit les copains, et malheureusement, parfois, les copains ne sont pas au bon endroit, et pas chez les parents.
Avez-vous l’assurance que les lycéens de Petro Attiti seront bien accueillis au lycée Jules Garnier ?
Jean-Louis Guilhem : Une toute petite partie seulement. Il s'agit des élèves de BTS pour qui il n'y a aucun problème. Mais pour tous les autres, c'est beaucoup plus compliqué. On nous a indiqué Champagnat, Do Kamo, Jean XXIII. On nous a aussi indiqué Escoffier, on a fait le tour des gros établissements de la place. Mais avec 780 élèves (à reclasser)... On n’a pas de baguette magique.
Concernant la pétition du collectif Attiti 2024, vous demandez que le lycée ne soit pas définitivement fermé ?
Jean-Louis Guilhem : Dans un premier temps, on nous a annoncé l'ouverture au plus tôt en 2025. Une demi-heure après, on nous parlait de 2026. On craint que ce soit reporté aux calendes grecques. Et que les affectations provisoires deviennent définitives, c'est-à-dire que le lycée Petro Attiti disparaisse tout simplement.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Jean-Louis Guilhem, membre du collectif Attiti 2024 ci-dessous :