Retour à l’école progressif, examens en contrôle continu, emplois du temps modifiés : retrouvez les annonces du gouvernement et du vice-rectorat sur le plan de reprise de l’enseignement

La conférence de presse du gouvernement du 7 juin sur la reprise de l'enseignement
Comment vont reprendre les cours ? Dans quelles conditions notamment pour les établissements scolaires incendiés et saccagés ? Le gouvernement organise une conférence de presse ce vendredi 7 juin pour évoquer et détailler les mesures concernant l'enseignement suite aux émeutes.

Les principaux acteurs de l'éducation en Nouvelle-Calédonie se réunissent ce vendredi pour détailler le plan de reprise de l'enseignement. 

Retrouvez la conférence de presse : 

"Nous partageons le malheureux constat que nos établissements, qui devraient être des sanctuaires d'éducation, ont été détruits", regrette Isabelle Champmoreau. "Nous souhaitons que l'école redevienne un lieu d'enseignement, d'éducation, de bienveillance".

65 000 élèves tous niveaux confondus, sont touchés depuis le 15 mai dernier, par la fermeture des établissements. Les difficultés sont nombreuses : dégradations, approvisionnement en denrées alimentaires et en carburants, personnels isolés et transport scolaire. Le principe de la sécurité prime, "pour cette reprise progressive", précise Isabelle Champmoreau.

Les dégâts

L'occcasion de dresser un constat des dégâts sur le matériel. Dans les lycées, Petro Attiti, "est le seul qui a subi des dégâts sur l'ensemble du territoire", révèle Isabelle Champmoreau. Le collège de Boulari est en état de fonctionner. Le collège de Kaméré est toujours en cours d'expertise. Le collège de Rivière-Salée est quant à lui endommagé. "On travaille avec les équipes sur des solutions de proximité de re- scolarisation", assure la membre du gouvernement en charge de l'enseignement. Le collège d'Auteuil, doit lui, être expertisé la semaine prochaine. 

Du côté du collège de Tuband, les abords sont toujours difficilement accessibles. Deux visites ont été faites à Dumbéa-sur-mer et Apogoti, pas de dégradations, mais il est toujours difficile de s'y rendre. Au total, une vingtaine d'écoles ont été dégradées. "Cela fait l'objet d'un travail avec les équipes municipales". Au-delà des aspects matériels, les aspects psychologiques sont aussi importants, "on y travaille". Le cap du 17 juin pour la reprise des cours, est toujours maintenu.

Pour les écoles primaires 

Pour les écoles primaires, en province Sud, certaines écoles ne reprendront peut-être que le matin, par groupe. Chaque parent sera averti du fonctionnement de son école propre.

"Les plus touchées, ce sont les quatre communes de l'agglomération. Mais les maires sont d'accord pour dire qu'il faut reprendre", indique Marc-Henry Delrieux, membre de l'Association française des Maires. "La situation n'est pas la même à Païta, à Nouméa, à Dumbéa et au Mont-Dore". À Nouméa, trois écoles ont brûlé. "Avec pratiquement 500 enfants qu'il faut scolariser ailleurs. Pour la zone de Ducos, on ne pourra pas les déplacer dans le même quartier", explique-t-il. "On a des incertitudes sur Rivière-Salée. Les équipes étaient sur place ce matin". Même chose pour Nouville.

Pour la cantine, "ce sera différent aussi pour chaque commune. A Nouméa, ce sera possible. Pour la garderie, je ne m'avance pas encore car il y a encore le couvre-feu", ajoute Marc-Henry Delrieux. 

L'organisation pour le secondaire 

Tous les lycées seront concernés par la même organisation, public ou privé. La demande a été faite, de passer tous les examens, soit 6 000 candidats, sous forme de contrôle continu.

Pour les collèges, pour la première semaine, le lundi 17 et le mardi 18 juin seront dédiés à recevoir le personnel dans les établissements scolaires. "Chaque collège aura sa propre organisation. Ils vont communiquer directement avec les familles". Certains collèges pourront accueillir les élèves dès le mercredi 19. "Certains pourront avoir besoin de toute la semaine, pour être de nouveau fonctionnels", précise Isabelle Champmoreau. Pas d'élèves donc le 17 et le 18 juin. 

Pour les lycées, toute la semaine du 17 juin sera consacrée à la remise en route des établissements. Les élèves rentreront à partir du 24 juin. C'est une organisation différente selon les écoles, les collèges et les lycées mais cela vaut pour tous les établissements du territoire. Pour les internats et la restauration, cela se fera "en fonction des grossistes et distributeurs. Il va y avoir un décalage dans la reprise. Il faudra attendre la communication de chacun des établissements pour les parents". La DDEC communiquera sur ses établissements indique Isabelle Champmoreau. 

Le vice-recteur indique que "les emplois du temps pourront être modifiés, et les classes pourront finir plus tôt". Des cellules d'écoute sont mises en place pour le personnel des établissements scolaires, dans les établissements les plus touchés,  en présentiel. 

Sur la continuité pédagogique 

"Beaucoup d’élèves ne sont pas connectés, il y aura donc aussi des documents papier qui pourront être remis", souligne la vice-présidente du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. 

"Deux intérêts majeurs de la continuité pédagogique : une manière de ramener les élèves à l’école et de garantir si la situation est trop longue un minimum de communication entre les équipes pédagogiques, les parents et les enfants qui ont besoin de liens. Nos enseignants sont déjà sur le pont". Pour le second degré, "les élèves qui vont entrer de manière progressive seront accueils par binôme d’adultes pour préciser le cadre de travail et les règles de fonctionnement (à la reprise des cours)"

Une cellule d’écoute sera installée pour l’ensemble personnel avec un numéro vert mais aussi en présentiel pour les établissements les plus impactés. 

Pour Petro Attiti, le vice-rectorat et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie essaient de trouver des formations identiques pour les élèves, dans d'autres établissements scolaires.  Pour les établissements de Boulari et de Kaméré, "on a eu de bonnes surprises. On peut imaginer, avec un peu de temps, un régime permettant d'accueillir à nouveau des élèves sur site", révèle le vice-recteur qui indique qu'ils n'ont pas pu aller encore à Auteuil et à Tuband. 

2000 éléves impactés au minimum 

En données, ce sont 2000 élèves qui sont concernés par les destructions sur les quatre collèges les plus touchés. Pour le lycée Petro Attiti, ce sont 780 élèves. Si les chiffres ne sont pas définitifs, pour la province Sud, l'impact sur les élèves correspond globalement à 1000 élèves touchés en primaire, 2000 pour ceux des collèges et 780 pour ceux du lycée. 

"Pour les collèges touchés, on avait pour projet de réaffectation sur d’autres collèges ayant des capacités disponibles mais on y a renoncé car les familles ont un fort attachement à leur établissement", indique le vice-recteur. "Boulari et Kaméré étaient reputés intégralement dégradés mais ils ont finalement des capacités d’acceuil indemnes de 70 %. On peut imaginer un régime d’accueil dans ces établissements", ajoute Didier Vin-Datiche. 

"Si le matériel n’a pas été trop touché dans les lycées, les équipes ont été moralement affectées", révèle le vice-recteur. "L’école est un bien commun, à l’abri des perturbations externes. Elle doit rester un sanctuaire. Il y aura un temps à reconstruire, d’écoute, d’où la mise en place de temps d’écoute, des échanges argumentés sur des problématiques. Même si ce qui compte est de retrouver très vite le chemin des apprentissages", ajoute-t-il. 

Sur le corps enseignant 

Sur les éventuelles défections des enseignants, le vice-recteur reconnaît que l’un des défis de la Nouvelle-Calédonie va être la "capacité d’attractivité du territoire sur le personnel encadrant et enseignant" indique le vice-recteur qui assure qu'il n'y a pas d'inquiétude imminente pour le personnel encadrant. "La promotion va se présenter le 1er août prochain", ajoute-t-il. 

"Je dois vous avouer que chez les enseignants, il n’y a pas encore de demandes massives de départs. On étudiera les demandes au cas par cas en fonction de la situation. On sera tenté de les laisser partir si cela ne perturbe pas le fonctionnement (de la continuité pédagogique). Mais ces demandes se comptent sur les doigts d’une main, c’est plutôt rassurant", souligne Didier Vin-Datiche. 

"On compte aussi sur la dynamique de reprise qui incitera ceux qui sont les plus fragilisés ou dans le doute de reprendre le travail d’équipe", indique Isabelle Champmoreau. "Cette reprise ne se fera pas sans difficulté. On peut comprendre le traumatisme à voir son outil de travail ou son logement de fonction dégradé", ajoute la vice-présidente du gouvernement. "Si cinq jours sont nécessaires à la reconstruction des équipes, il faudra les utiliser. Pas de chose prématurée. Et on fera preuve de fermeté sur les comportements inacceptables. Prendre le temps et faire ce travail psychologique sera important". 


"Mais je considère que ce n’est pas l’école qui est responsable de ce gâchis. Par contre, qu’on se pose des questions sur le rôle de l’école et de la manière de dispenser nos apprentissages est tout a fait humain et positif", conclut-elle.