"Personne ne fait rien, on est des victimes et on se débrouille seuls." Deux mois après le début des émeutes, les habitants du Mont-Dore Sud disent encore leur colère et leur désarroi. Agressions, incendies d’habitations, d’infrastructures publiques, mais aussi pénuries, depuis le 13 mai, les quelque 12 300 personnes de ce secteur, sans compter toutes celles qui vivent à Yaté, souffrent d’isolement et d’insécurité.
Une zone sensible, depuis longtemps
Pour s’y rendre, une seule route, qui longe la tribu de Saint-Louis. Depuis 40 ans, l’axe n’a jamais été complètement sécurisé et les blocages réguliers de la RP1 sont utilisés comme moyen de pression.
Les forces de l’ordre sont régulièrement prises pour cible. Les rares automobilistes qui s’y engagent le font à leurs risques et périls. Depuis plusieurs semaines, les vols de véhicules se multiplient, des car-jackings souvent très violents.
Des navettes payantes
Depuis, les habitants sont contraints d’emprunter les navettes maritimes. Des liaisons quotidiennes entre le Vallon-Dore, Boulari et Port Moselle, à Nouméa. En moyenne, 2000 personnes sont transportées chaque jour. En priorité celles qui ont une obligation professionnelle, scolaire ou de soins médicaux. Pour toutes les autres, le service est, depuis une semaine, payant, soit 500 francs le trajet.
À ces difficultés de circulation, s’ajoutent les problèmes d’approvisionnement. En particulier sur le gaz et les produits frais.
140 millions de dégâts
La situation sanitaire demeure elle aussi préoccupante. Les professionnels de santé étant tributaires des navettes depuis maintenant huit semaines. Au Mont-Dore, le bilan provisoire des dégradations s'élève à 140 millions de francs.
Le reportage de Sheïma Riahi :